Société | Val-de-Marne | 18/10/2011
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Protection civile : 15 jours de grève de la faim et toujours pas d’issue

Protection civile : 15 jours de grève de la faim et toujours pas d’issue

Cela fait aujourd’hui 15 jours que la Protection civile du Val de Marne (ADPC 94) a entamé une grève de la faim pour protester contre le retrait de l’agrément lui permettant d’exercer ses missions de secours. Mais malgré quelques encouragements d’élus locaux la semaine dernière et la promesse du directeur de cabinet du préfet du Val de Marne de faire remonter l’information au Ministère de l’Intérieur, aucune issue ne pointe à l’horizon.

La cause de cette perte d’agrément : un désaccord entre l’association val de marnaise et l’association parisienne qui a dégénéré en conflit avec la Fédération nationale (la FNPC, principale structure agréée de sécurité civile, qui compte aujourd’hui 32 000 bénévoles), dont le dirigeant de l’association parisienne, Hervé Bidault de l’Isle, fait partie des administrateurs. Ce désaccord qui ne concerne pas que le Val de Marne mais plusieurs départements de la proche couronne, est né d’un projet de régionalisation initié par l’association parisienne et qui vise à transformer cette dernière en association régionale, englobant les associations départementales. (voir le projet) Pour l’association parisienne, cette régionalisation constitue une opportunité pour la Protection civile de toute l’Ile de France. «Ce projet correspond aux enjeux de développement régional du Grand Paris, et contribuerait à mutualiser nos moyens et valoriser nos actions et notre image» , motive Jean-Annet de Saint Rapt .Une vision qui n’est pas partagée de tous les côtés du périphérique. «Nous ne sommes pas contre la régionalisation mais nous sommes opposés à cette proposition hégémonique», indique le président de l’ADPC 93, Henri Tobelem.

En principe, ce projet de régionalisation ne peut se faire sans une modification préalable des statuts au niveau de la Fédération nationale, mais les représentants départementaux craignent un passage en force qui serait ensuite acté comme un fait accompli par la Fédération nationale. «Le président de la FNPC craint que l’association parisienne ne quitte la Fédération nationale s’il ne cède pas à ses exigences», indique Chérif Mathtout, directeur général de l’ADPC 94. «L’Association parisienne a des moyens sans commune mesure avec nous, il y a par exemple 600 bénévoles à Paris contre 50 dans le Val d’Oise. Ce qui serait souhaitable, au minimum, c’est que la Fédération nationale se positionne sur ces questions», ajoute François-Xavier Volot*, membre de l’ADPC 95.

Interrogé par 94 Citoyens sur cette question, le secrétaire général de la FNPC, Paul Francheterre, a répondu par le communiqué suivant: «Conformément aux  statuts  de la FNPC,  “les Associations Départementales de Protection Civile peuvent signer entre elles une convention aux fins d’aide, de coopération ou de mise en commun, dans les domaines de l’enseignement des premiers secours ou de la formation en entreprise, de la constitution et de la mise en œuvre d’unités à caractère opérationnel ou dans un cadre humanitaire ou dans le but de faciliter les rapports avec les autorités en tant que besoin” Il existe plusieurs réflexions sur ce sujet et une expérimentation est en cours en Île de France. Nous contactons les présidents des Associations concernées, qui souhaitent faire un point d’étape, pour envisager, dans les meilleurs délais, la tenue d’une réunion d’échange sur ce thème.»

Dans les faits, l’association parisienne a commencé à s’installer en dehors de la capitale dès 2009, avec une première antenne à Thiais, dans le Val de Marne. Un premier pas en dehors du périph qui a mis le feu aux poudres avec l’ADPC 94 (voir article précédent). Après avoir diligenté une lourde enquête administrative auprès de l’ADPC 94 qui lui demandait de prendre position par rapport à ces enjeux de territoires, la FNPC a alors demandé une première fois le retrait d’agrément de l’ADPC 94 mais elle s’est faîte déboutée en référé suspension fin 2010. Elle a donc demandé une nouvelle fois ce retrait en mai dernier, directement auprès de la Direction de la sécurité civile dont elle partage les locaux à Asnières, dans une lettre lui indiquant qu’elle ne «pouvait pas garantir les missions de sécurité civile de l’association.» (voir la lettre, page 1, page 2). Le ministère de l’Intérieur a donné suite via un arrêté de juillet 2011. Cette fois, l’ADPC 94 n’a pas obtenu gain de cause en référé car il lui a été opposé qu’elle pouvait toujours demander un agrément au niveau départemental, bien que cela soit dans les faits peu envisageable. C’est ce dernier acte qui a conduit l’ADPC 94 à entamer une grève de la faim.

Cérémonie de ravivage de la flamme

Dans ce contexte d’extrême tension entre la Fédération nationale et les associations départementales de proche couronne, même la cérémonie annuelle de ravivage de la flamme par la FNPC s’est trouvée entachée par les circonstances. Conviés samedi 15 octobre sous l’Arc de Triomphe pour ce rendez-vous officiel annuel, plusieurs bénévoles des associations départementales de la Seine Saint Denis et du Val d’Oise se sont vus empêchés par des forces de police de rejoindre les représentants des autres départements. “Un cordon de police nous a empêché de rejoindre les autres alors que nous étions simplement venus assister à cette cérémonie officielle comme tous les ans. Nous avons été très choqués. Aujourd’hui, plusieurs bénévoles de l’ADPC 93 envisagent de quitter la Protection civile”, témoigne Sébastien Forges, responsable opérationnel de l’ADPC 93.

Les bénévoles de l’ADPC 94 ont pour leur part renoncé à venir, indiquant qu’ils avaient subi des pressions téléphoniques. “Nous avions été invités officiellement comme les autres associations et avons pris soin d’envoyer un mail la semaine dernière pour dire que nous viendrions sans aucune hostilité, car la cérémonie de ravivage de la flamme est un moment à part. Mais nous avons reçu des pressions téléphoniques nous expliquant qu’il ne valait mieux pas venir car sinon, nous aurions un comité d’accueil! Nous avons donc préféré rester, étant déjà suffisamment affaiblis et sur les nerfs par la grève de la faim“, indique Chérif Mahtout, directeur général de l’ADPC 94, qui n’a pas souhaité communiquer le nom des personnes ayant appelé par “peur des représailles”.

A propos de cet épisode, le communiqué du secrétaire général, Paul Francheterre explique que les délégations 93 et 95 étaient en retard: “Lors de la cérémonie de ravivage de la Flamme par la FNPC, aucun incident n’a été constaté. Des bénévoles de la Protection Civile, en tenue, arrivant en retard n’ont pas été autorisés, au même titre que toute autre personne, à pénétrer dans la zone sanctuarisée au moment de la cérémonie de ravivage. Informé de leur présence, je me suis personnellement rendu à leur rencontre, nous avons parlé ensemble dans des échanges francs et courtois et nous sommes séparés à l’issue de la cérémonie.” Un retard que reconnaît François-Xavier Volot*, de l’ADPC 95″Nous étions pris sur des postes de secours et nous avions environ une demi-heure de retard. On ne peut donc effectivement pas présager de ce qui serait arrivé si nous étions arrivés à l’heure.

Le président de la FNPC, Yannick Chenevard, également maire adjoint de Toulon et Chevalier de la Légion d’honneur depuis juillet 2011, n’a pour sa part pas souhaité s’exprimer directement sur la situation.

Pour en savoir plus, voir les précédents articles sur ce sujet, la page Facebook de l’Adpc 94, le site Internet de la Protection civile de Paris et le site Internet de la Fédération nationale de Protection civile (FNPC).

Voir aussi l’intégralité du communiqué de la FNPC publié ce jour en réponse aux questions de 94 Citoyens

* suite au transfert d’appel du responsable opérationnel de l’ADPC 95, Sébastien Lebel, vers François-Xavier Volot, c’est le nom de ce responsable qui avait été initialement cité par erreur. Sébastien Lebel n’était pas au ravivage de la flamme mais retenu par ses occupations professionnelles.

 

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