Environnement | | 02/10/2012
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Aéroport d’Orly : élus et associations pour un allongement du couvre-feu

Aéroport d’Orly : élus et associations pour un allongement du couvre-feu

Comment concilier les attraits logistiques et économiques d’un aéroport avec la qualité de vie de centaines de milliers de riverains lorsque celui-ci est situé en pleine agglomération ? C’est toute l’équation difficile de l’aéroport d’Orly. En attendant les conclusions, attendues d’ici la fin octobre, de la Commission stratégique sur l’avenir d’Orly initiée il y a un an, associations de riverains, élus et parlementaires localement concernés, poursuivent leur croisade pour grignoter de nouvelles mesures en faveur des riverains et réclament l’allongement du couvre-feu.

Hier (lundi 1er octobre), pas moins d’une douzaine d’élus (Nathalie Kosciusko-Morizet, Gérard Schwartzenberg, Henri Plagnol, Nicolas Dupont-Aignan, Régis Charbonnier, Didier Gonzales, Marie-Carole Ciuntu, Joseph Rossignol, Daniel Guérin, Jean-Raymond Hugonet, Eva Sas… ), anciens ministres, députés, maires, conseillers régionaux ou généraux de tout bord, ont ainsi accompagné l’Association vigilance environnement de la vallée de l’Yerres (Avevy) et ses partenaires associatifs (Alerte nuisances aériennes, Oye349, Ufcna, Abcna, Acnab, Advocnar…) lors de sa conférence de presse motivant l’allongement du couvre-feu d’une heure.

Concrètement, la pause nocturne qui va actuellement de 23h30 à 6h, s’étendrait d’une demi-heure le matin et le soir, passant ainsi de 23h à 6h30. «Nous ne sommes pas contre les avions, le développement économique et l’emploi. Nous souhaitons simplement que les riverains puissent dormir la nuit», plaide Gérard Bouthier, président de l’Avevy. Pour défendre sa cause, l’association s’est appuyée sur les statistiques de vols de la Cohor (Association pour la coordination des horaires) officiellement missionnée pour gérer les créneaux horaires. Elle en a conclu qu’il n’y en en moyenne que 6 vols, sur 685 journaliers, qui partent ou arrivent entre 6h et 6h30 le matin ou entre 23h et 23h30 le soir, soit moins d’1%. En outre, ces vols sont essentiellement situés un quart d’heure avant 6h30 ou après 23h30.

L’Avevy et ses partenaires considèrent donc qu’il doit être possible de reprogrammer les vols quelques minutes plus tôt ou plus tard – sans les supprimer. Pour légitimer sa requête, l’association cite les préconisations de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) qui recommande 8 heures de sommeil par jour, et rappelle que le rapport de la Commission d’enquête sur le relèvement des altitudes d’arrivée à Roissy préconise un couvre-feu d’une durée de 9 heures, de 22h à 7h…

Revenir à 200 000 vols par an

L’association milite également pour un respect plus strict du nombre de vols, limité en principe à 200 000 par an en vertu de l’arrêté du 6 octobre 1994, mais qui a atteint en réalité les 234 000 en 2011, et dénonce les libertés prises avec les horaires et zones de survol. «Le 5 août dernier, un avion a décollé d’Orly à 0h27 et survolé l’ensemble de la zone la plus dense au lieu de respecter la consigne de survoler la forêt de Sénart !» dénonce Michel van Hoegaerden, vice-président technique de l’Avevy. «C’est un paradoxe, indique Nicolas Dupont Aignan, député-maire de Yerres, plus la mobilisation est importante, plus les aéroports obtiennent des dérogations ! Il faut arrêter avec le double discours sur l’environnement d’un côté, l’économique de l’autre, il n’est pas tenable à long terme.»

Comment limiter les compagnies low-cost ?

De son côté, Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre de l’environnement à l’initiative de la Commission stratégique sur l’avenir d’Orly, pointe la surreprésentation des compagnies low-cost aux horaires les plus problématiques, questionnant leur valeur ajoutée pour l’aéroport. 73% des vols avant 6h30 et après 23h sont en effet opérés par des discounters. «Les créneaux attribués dans un aéroport enclavé en plein centre-ville devraient être prioritairement attribués à des vols pour lesquels cette localisation constitue une forte valeur ajoutée pour l’activité économique, comme par exemple un Paris Londres. Il est moins légitime de les attribuer à des compagnies charter qui s’envolent pour des destinations touristiques. Le problème est que l’allocation des créneaux se fait au niveau européen, et que chaque créneau libéré est immédiatement remis à disposition. Il n’est du coup pas possible d’effectuer une gestion dynamique au niveau national», développe la députée-maire de Longjumeau.

Pétition

Pour plébisciter leur plaidoyer, élus et associations ont relayé une pétition qui a obtenu plus de 1200 signatures dont 400 ont été obtenues à Villeneuve le Roi sur le seul weekend dernier à l’occasion de la fête de la ville. Voir la pétition en ligne.

Pas de consensus sur l’avenir d’Orly

Au-delà du couvre-feu et du nombre de vols, la question de devenir de l’aéroport se pose sur le plus long terme, même, si, comme l’a rappelé le député Roger-Gérard Schwartzenberg, plusieurs lois et décrets ont permis d’améliorer sa compatibilité avec les riverains. Faut-il délocaliser l’aéroport? Didier Gonzalès, maire de Villeneuve le Roi et ancien député, avait lancé le débat comme un pavé dans la marre, en déposant une proposition de loi en ce sens à l’Assemblée nationale, cosignée par 60 députés dont trois du département (Jacques Alain Bénisti, député-maire de Villiers sur Marne, Olivier Dosne, député-maire de Joinville le Pont et Henri Plagnol, député-maire de Saint-Maur).

Cet équipement est-il au contraire une pièce maîtresse du Grand Paris que le Val de Marne peut s’enorgueillir d’accueillir en son sol et qui conditionne son développement économique? La présence de l’aéroport et de la future ligne TGV contribuent en effet à faire du département une porte d’entrée à la capitale et cet atout ne manque pas d’être souligné à chaque occasion de vendre le territoire, du concours pour accueillir le grand stade de rugby au printemps dernier à celui destiné à attirer la cité de la gastronomie cet automne en passant par les démarches locales de développement économique. La question est sensible, et il n’est pas anodin que les deux présidents des conseils généraux du Val de Marne comme de l’Essonne n’aient pas été présents ou représentés lors de la conférence organisée par l’Avevy. «Nous ne remettons en cause ni le couvre-feu ni la limitation des créneaux et avons demandé aux Aéroports de Paris et à la DGAC d’étudier les conséquences d’un durcissement du couvre-feu», indique à ce sujet Laurent Garnier, vice-président du Conseil général du Val de Marne en charge de ces questions. Le département a également voté à l’unanimité en octobre 2011 un vœu réclamant plusieurs mesures de nature à limiter les nuisances sonores subies par les habitants.

Si tout le monde s’accorde sur la nécessité de réduire les nuisances sonores, la question de la limitation de l’activité aéroportuaire (un peu, beaucoup, radicalement…) ne fait pas consensus et reste en marge des principaux débats sur le Grand Paris.

Voir aussi l’article d’Esonne Info sur ce sujet

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