Santé | | 17/10/2012
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Chirurgie cardiaque : Henri Mondor veut être fixé sur son sort

Chirurgie cardiaque : Henri Mondor veut être fixé sur son sort

En sursis depuis un an, le service de chirurgie cardiaque du centre hospitalier Henri Mondor de Créteil (Val de Marne) ne sait toujours pas de quoi l’avenir sera fait. Alors que le Programme régional de santé (PRS) doit être prochainement adopté, la coordination Mondor, qui regroupe personnels de l’hôpital et élus locaux de tout bord, mobilisés pour préserver ce pôle de l’Est parisien, a donc décidé de faire sa rentrée, et tenait hier une conférence de presse pour témoigner de sa détermination.

Au sein de l’hôpital, cela fait déjà deux ans que le service de chirurgie cardiaque est sur la sellette. Dans le cadre de la mise en œuvre du Schéma régional d’organisation des soins (SROS) visant à rationaliser cette spécialité par une réduction de 14 à 10 du nombre d’établissements franciliens habilités à la pratiquer, l’ARS (Agence régionale de santé) a en effet demandé à l’AP-HP (Assistance publique des Hôpitaux de Paris), qui compte 4 des 14 services de chirurgie cardiaque de la région, de prendre sa part en en fermant un.
Bénéficiant de conclusions moins favorables d’un premier rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) que les trois autres hôpitaux de l’AP-HP (La Pitié Salpêtrière dans le 13ème, Bichat dans le 18ème et Georges Pompidou dans le 15ème), Henri Mondor s’est retrouvé le dernier au bout de la branche dès la fin 2010. S’en est suivie début 2011 une forte mobilisation des personnels, des élus locaux et de la population même du Val de Marne, avec la signature de 100 000 pétitions.

Un an de sursis

Fin 2011, après un second rapport de l’IGAS, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, a suspendu la fermeture du service de chirurgie cardiaque. Le second rapport de l’IGAS constatait en effet que le service avait retrouvé une activité dynamique, le nombre d’interventions annuelles étant repassé au-dessus du seuil des 400. Le rapport pointait surtout l’importante corrélation entre ce service et celui de la cardiologie interventionnelle dans laquelle Henri Mondor présentait un volume plus important que les autres établissements franciliens, et insistait sur la nécessité de planifier ces deux spécialités de manière commune. En faveur du CHU Mondor, le second rapport de l’IGAS notait aussi son interaction avec l’université Paris Est Créteil. En conséquence, était préconisé de laisser le centre «surmonter ses fragilités» jusqu’à la rentrée 2012, date à laquelle l’AP-HP devrait proposer un programme de restructuration de sa cardiologie médicale interventionnelle et chirurgicale, en coordination avec l’ARS.

Le doute subsiste

Alors que l’ARS, dirigée par Claude Evin, a présenté fin septembre son Projet régional de santé (PRS), une sorte de plan quinquennal de l’agence comprenant à la fois un volet stratégique, des schémas d’organisation et des programmes transversaux sur des questions comme le handicap ou la perte d’autonomie, la question de devenir du centre de chirurgie cardiaque reste en suspens. «Le schéma de l’ARS n’a pas changé et préconise toujours le passage de 4 à 3 services de chirurgie cardiaque au sein de l’AP-HP», s’inquiète Olivier Youinou, délégué syndical Sud Santé.

En termes de calendrier, les collectivités territoriales de la région (conseil régional, conseils généraux et conseils municipaux) disposent de deux mois pour transmettre leur avis sur ce projet à l’ARS. La CRSA (Conférence régionale de santé et de l’autonomie), une instance de concertation qui comprend une centaine de membres regroupant à la fois des représentants d’usagers, de collectivités locales, de partenaires sociaux, de santé…) se réunira ensuite le 27 novembre pour transmettre son avis à l’ARS. «Je regrette qu’il n’y ait pas eu de concertation en amont entre tous les acteurs pour élaborer le schéma d’orientation régional de santé. Cette question aurait mérité un réel débat démocratique plutôt que de simplement donner un avis sur un document de 2000 pages. L’ARS s’inscrit dans une logique de stabilisation de l’offre de soin et de comparabilité des établissements entre eux plutôt que de partir d’une réelle analyse des besoins», déplore Liliane Pierre, vice-présidente du Conseil général.

Député-maire de Maisons Alfort, Michel Herbillon plaide pour la continuité de l’Etat, entre les déclarations rassurantes qui lui avaient été faîtes dans l’hémicycle par Xavier Bertrand en novembre 2011 et la position de l’actuelle ministre de la Santé, Marisol Touraine. «J’espère que les élus locaux resteront tous unis sur cette question, indépendamment de leur couleur politique. Je regrette que sur le dossier de l’hôpital Bégin, les élus socialistes et écologistes ne soient pas associés à nos courriers», s’inquiète l’élu. «Nous sommes désormais à la mi-octobre et nous en avons marre d’attendre, résume Fabien Cohen, chef de file de la coordination Mondor. Si nous n’obtenons pas de réponse de Marisol Touraine et Claude Evin, nous allons reprendre nos actions dès maintenant !»

Neurochirurgie, restructuration du plateau technique et malaise social

Au-delà de la chirurgie cardiaque, d’autres questions inquiètent les personnels du CHU Mondor comme le devenir du service de neurochirurgie, dont le nombre de services franciliens doit également diminuer, ou encore le financement, promis par le précédent ministre de la Santé, du bâtiment «R2B» qui soit restructurer le plateau technique de l’hôpital en regroupant, comme son sigle l’indique, les services de réanimation, bloc opératoire et biologie. Au sein de l’hôpital, le climat social est aussi devenu particulièrement orageux entre la directrice, Martine Orio et les syndicats, depuis qu’un groupe de personnels paramédicaux ayant refusé l’assignation (obligation de ne pas faire grève pour assurer un service médical minimum) après avoir essuyé deux refus de dépôt de grève ont reçu un blâme aux conséquences significatives pour leur carrière.

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