L’incendie de six voitures Autolib’, stationnée rue Déménitroux à Créteil (Val-de-Marne), dans la nuit de jeudi à vendredi, serait la réponse des jeunes du quartier voisin du Petit-Pré-Sablières à une interpellation musclée survenue la semaine dernière. Un élément déclencheur qui intervient dans le cadre des relations tendues entre forces de l’ordre et habitant du secteur.
“Sérieusement, je n’avais jamais vu une telle violence dans le coin, du côté des policiers comme celui des assaillants“. La phrase d’Habib ne trompe pas : beaucoup dans le quartier ont été choqués par l’interpellation, la semaine dernière, d’un groupe d’individus soupçonnés notamment de trafic de stupéfiants. Au cours des interpellations, deux fonctionnaires ont été blessés (provoquant deux arrêts de travail de sept et dix jours) et la mère de l’un des jeunes interpellés compte porter plainte pour violences policières, estimant avoir reçu des coups au ventre alors même qu’elle se trouvait enceinte.
Le quartier est connu des services de police, qui l’ont sous surveillance notamment en raison de la réputation de “supermarché de la drogue” qu’ont certains ensembles du Val-de-Marne. “Ca serait mentir de dire que je n’assiste jamais à des trafics au pied de mon immeuble” confie Jeanine. “Malheureusement, beaucoup de jeunes du quartier, qui ne font rien d’autre que jouer au foot par exemple, subissent autant ce trafic que nous. Certains avouent se faire contrôler 4 à 5 fois par jour, et je trouve que c’est réellement injuste” poursuit-elle. “Et je remarque surtout qu’il n’y a que quand la police arrive que je me sens en insécurité dans le quartier…même si ces trafics ne peuvent pas continuer“conclut-elle.
Trois des jeunes interpellés ont été mis en examen vendredi 6 avril pour “violences en réunion” sur les fonctionnaires de police. L’incendie des BlueCar aurait donc un lien direct avec ces relations tendues entre police nationale et habitants du Petit-Pré-Sablières. “Il y a toujours eu des voitures qui brûlaient lorsque les choses allaient mal ici. Mais même si elles n’appartiennent pas à la police, les Autolib’ symbolisent l’Etat pour beaucoup ici, et il est plus facile de brûler une voiture qui appartient à la ville de Paris plutôt que celle de son voisin” confie Patrick, fataliste, au milieu d’un quartier quadrillé par la police depuis quatre jours.
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