Commerce | Val-de-Marne | 20/05/2013
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La cigarette électronique fait un tabac dans le Val de Marne

La cigarette électronique fait un tabac dans le Val de Marne

cigarettes electronniques 2Mise à jour 27 juin 2013 : l’Assemblée nationale a voté l’interdiction de vendre des cigarettes électroniques aux mineurs. Si certains magasins sont à la peine avec la crise, un nouveau segment voit la vie en rose, celui de la cigarette électronique. Pas une semaine sans qu’une nouvelle boutique spécialisée dans ces cibiches high-tech n’ouvre en ville. Le Val de Marne ne fait pas exception.

Cerise, noix de coco, café, bonbon cola, frangipane … Non il ne s’agit pas des parfums d’un glacier ou marchand de gaufre, mais des fragrances proposées chez Point Smoke, nouvelle chaîne de magasins spécialisée dans les cigarettes électroniques lancée à Maisons Alfort et

Grégoire Point Smoke
qui compte déjà quatre magasins dans le département (Nogent, Maisons Alfort, Le Plessis et Vincennes) et bientôt un cinquième à Saint-Maur. Pour compléter cette palette sucrée, plusieurs arômes reprennent des marques de cigarette connue. «Marlboro est très demandé, la menthe et le coca-cola ne marchent pas mal non plus», témoigne Grégoire, qui tient le Point Smoke de Nogent sur Marne.

A Nogent, il y a même deux points de ventes d’e-cigarettes à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre dans la grande rue commerçante. Installée en premier, il y a environ deux

Florence Joly Oui Smoke
mois, Florence Joly accueille entre 30 et 50 personnes par jour dans sa boutique Oui Smoke, qui ressemble plus à un institut de beauté avec ses murs rose et blanc et son grand tableau des saveurs accroché au mur. Ici, la cigarette est présentée comme un produit cosmétique. «J’ai voulu créer un espace féminin, car je trouve que les points de vente sont souvent trop masculins», explique-t-elle.

Si les rues marchandes se peuplent peu à peu de ces nouveaux tabacs sans carotte, c’est que les clients sont au rendez-vous. «Je voulais voir si cela fonctionnait. Au début, j’achetais le goût de la cigarette normale. Maintenant, je me laisse tenter par les arômes de fruit. Parfois même, je fais des petits mélanges. C’est vraiment génial !», indique Jérôme, venu faire son ravitaillement dans l’un de ces points de vente. Marianne, elle, préfère alterner. “Je suis une grosse fumeuse et j’avoue qu’une bonne partie de mon budget y passe. Du coup, j’achète un paquet par semaine et lorsque je n’ai plus de cigarettes classiques, je vapote jusqu’à la fin de la semaine. Cela me permet de faire des économies et m’aide à décrocher en douceur“. Quant à Emeline, sa sœur, la cigarette classique ne lui manque plus du tout. “J’adore l’idée de pouvoir choisir une saveur, d’avoir un vrai goût derrière. J’ai toujours ma cigarette et deux ou trois flacons dans mon sac. Je préfère ça à la cigarette classique !”.

Phénomène de mode, santé ou société ?

De leur côté, les buralistes traditionnels restent sereins. «Si cela permet aux gens d’arrêter de s’esquinter la santé, tant mieux. Après tout, je ne vends pas que des cigarettes. Mais je pense que c’est un effet de mode. Cela passera dans quelques temps», commente Fabrice, buraliste à Villejuif, qui précise avoir le même nombre de clients qu’avant. “Lorsque la mode sera passée, ils reviendront au bercail», confirme Pierre, également buraliste à Villejuif. “C’est sûr ! lance l’un de ses clients, installé au zinc. Franchement ça ne me tente pas. Je fume depuis trente ans, je ne pense pas qu’un fumeur puisse arrêter avec ces cigarettes. C’est joli, c’est amusant, c’est high tech. Mais c’est comme le dernier ordinateur à la mode, ça finira par lasser les gens !”

La cigarette électronique : comment ça marche ?

cigarettes electroniques
Concrètement, la cigarette électronique est composée d’une batterie et du contenant de la saveur, sous forme liquide. L’utilisateur peut changer régulièrement sa cartouche de liquide en fonction du goût et de la teneur en nicotine qu’il souhaite inhaler. La cigarette fonctionne à l’électricité et se recharge comme un téléphone portable. On peut aussi la connecter à son ordinateur via USB pour voir sa courbe de consommation de la journée et le nombre de ses taffes ! Point de tabac ni goudron dans cette nouvelle cibiche. Le fumeur inhale de la vapeur d’eau, du propylène glycol (utilisé comme émulsifiant ou additif alimentaire ou encore dans les aérosols pour salles de spectacles), du glycérol, et éventuellement de la nicotine (différents dosages possibles). Il faut compter 5,90 euros pour une fiole de liquide (pour vapoter un nombre de taffes équivalent à huit paquets de cigarettes traditionnelles) et entre 35 et 90 euros pour la cigarette, selon le degré de sophistication de son modèle.

Inoffensif ?

Jean Ducros

Reste une question qui n’est pas tranchée : ce produit est-il parfaitement inoffensif pour la santé ou pas ? “Il y a toujours de la nicotine dans certaines cigarettes électroniques, et aussi du propylène glycol, un solvant qui n’est pas destiné à être inhalé. On ne connait pas les effets de ce produit. Il n’y a eu absolument aucune étude. A partir du moment où le produit est un médicament que l’on prend par inhalation, il devrait pourtant passer par la pharmacie et être soumis à une autorisation préalable de mise sur le marché. Or, sa commercialisation a été faite à la sauvage et est complètement sortie du milieu médical», regrette Jean Ducros, pharmacien à Champigny sur Marne. Aujourd’hui, l’AFSSAPS (l’agence française de sécurité sanitaire) a interdit la vente de la e-cigarette dans les pharmacies, mais l’autorise en libre-service dans des magasins spécialisés. Certaines pharmacies en vendent pourtant. «Nous en vendons quelques-unes, pas beaucoup», indique un autre pharmacien du département, sous couvert d’anonymat. Pour trancher la question, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a commandé une étude bénéfices-risques sur la question.

En attendant 500 000 adeptes ont déjà été convertis en France, à rapporter bien-sûr aux 15 millions de fumeurs, preuve qu’il reste du monde à évangéliser…

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