Grand Paris | | 17/11/2014
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Grand Paris économique : comment le pôle d’Orly doit-il exister?

Grand Paris économique : comment le pôle d’Orly doit-il exister?

Quel est le rayonnement économique du territoire d’Orly? Comment doit-il exister au sein de la métropole parisienne? La CCI du Val de Marne organisait ce vendredi 14 novembre une table-ronde sur la question dans le cadre de son club de conjoncture.

“Un quart des emplois franciliens sont connectés avec l’aéroport de Roissy et chaque millier de passagers supplémentaires y génère 500 emplois. Orly peut-il s’inscrire dans la même dynamique?” a posé d’entrée de jeu Jean-Luc Biacabe, directeur des politiques économiques au sein de la Chambre de commerce d’Ile de France.

Daniel Béhar, géographe et professeur à l’Institut d’Urbanisme de Paris, s’y refuse. “Orly n’est pas un pôle économique à part entière. Situé à seulement quelques km de la capitale, il s’inscrit dans la continuité de la dilatation du modèle de croissance de Paris. Sa dynamique vient de cet étalement le long de la Nationale 7. Le développement de la région parisienne ne s’est pas effectué de manière multipolaire et l’aéroport de Roissy constitue une exception. On ne peut comparer Orly ni à Roissy ni à la Défense. Ce n’est pas un pôle. Il ne concentre que 60 000 emplois contre 80 000 – 90 000 dans le Val de Bièvre et autant du côté de Créteil. En revanche, il peut constituer un hub européen et bénéficie de la géographie des cadres franciliens surtout situés dans le Sud Ouest de Paris. Orly peut aussi tirer son épingle du jeu dans la triangulation entre Paris et Saclay“, explique le géographe. De fait, le Grand Paris Express devrait permettre de connecter directement Orly et Saclay.

Sur les chiffres, tout le monde ne s’accorde pas. Christian Rock, secrétaire général de la préfecture du Val de Marne, recadre les chiffres à 250 000 emplois sur l’ensemble du territoire autour d’Orly, le positionnant comme le second bassin d’emploi de la région parisienne. Tout dépend en effet du territoire englobé et de l’évaluation de la connexion plus ou moins directe d’emplois situés en dehors de cette zone, avec les activités de la zone.

Président de l’association du Grand Orly, Christian Hervy, l’ancien maire PCF de Chevilly-Larue, ne renie pas la connexion entre Orly et la capitale. “Paris est dépendant de notre territoire“, insiste-t-il. Problème : comment faire reconnaître ce territoire servant en tant que tel? “D’une manière ou d’une autre, ce territoire doit être reconnu“, pose-t-il, avant d’évoquer trois enjeux majeurs pour ce secteur : les transports, les logements et le développement économique, rappelant le rôle de groupe de pression joué par l’association pour obtenir le métro. Autant de problématiques traitées dans le contrat de développement d’intérêt territorial (CDIT) du Grand Orly qui devrait faire l’objet d’une prochaine enquête publique.

Dominique Giry, président du Conseil de développement (Codev) du Val de Marne, plaide pour sa part pour le développement de la composante logistique du territoire, et défend la création d’un centre de congrès. Lequel devrait voir le jour au sein de la future cité de la gastronomie.

Parmi les pièces maîtresses du territoire, quel rôle doit jouer l’aéroport lui-même et dans quelles complémentarités avec celui de Roissy ?  “L’aéroport de Roissy est un hub international, ce qui n’est pas le cas d’Orly. Nous constituons néanmoins aussi une accroche internationale au sud de Paris. La croissance mondiale est supérieure à la nôtre. Notre défi est d’en tirer profit. L’Ile de France dispose de la taille critique en termes d’attractivité pour le tourisme d’affaires comme de loisirs.  A Orly, nous avons vocation à bien capter le marché sud de l’Ile de France en allant loin dans la chaîne de valeur. Par exemple, Villejuif  dispose du premier centre anti-cancer au niveau européen et Orly est juste à côté. Dans ce contexte, l’enjeu des transports et de leur fluidification est essentiel.“, défend Franck Mereyde, directeur de l’aéroport d’Orly. D’ores et déjà, le T7 a permis de relier les différents sites économiques autour de l’aéroport (MIN de Rungis, centre commercial Belle Epine, parcs d’affaires Silic et Coeur d’Orly…) et le prolongement de la ligne 14 doit permettre de connecter directement l’aéroport au centre de Paris en métro.

“Quid de l’accueil et de la maintenance des nouveaux avions A 380 sur Orly?“, s’enquiert Nicolas Rameau, directeur du campus urbain Seine Amont.  Si Orly peut déjà accueillir les A 380 en tant qu’aéroport de déroutement, l’extension prévue dans le cadre des travaux de rénovation de l’aéroport doit permettre de relier directement ces avions à l’aérogare mais le sujet est sensible, qui fâche les associations de riverains qui ne souhaitent pas voir atterrir et décoller des avions gros porteurs à proximité. L’enjeu n’est pas négligeable concernant le nombre de voyageurs transitant par l’aéroport. Même si celui-ci, limité en créneaux depuis le début des années 90, a déjà réussi à augmenter le nombre de ses passagers grâce à l’ouverture de nouvelles destinations tandis que certaines navettes étaient optimisées sur un nombre plus retreint de parcours. Sur cette question, le directeur de l’aéroport rappelle la nécessité de disposer de certitudes. “Nous avons besoin de visibilité. C’est ce que souhaitent les acteurs de ce territoire. L’aéroport d’Orly a souffert d’incertitudes depuis les années 1990. C’est à vous de choisir ce que vous voulez faire de cet aéroport“, conclut Frank Mereyde.

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