En images | | 14/11/2014
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Vitry(ne) du street art

Vitry(ne) du street art

Street Art Vitry credit photo Le 13 du Mois 7Le street art est partout : 13e, Paris et proche banlieue. Mais depuis 2009, c’est à Vitry-sur-Seine qu’il prospère tout particulièrement. Boostée par la présence de Christian Guémy, alias C215, la ville est devenue une vitrine incontournable de ce mouvement urbain, au même titre que les grandes métropoles internationales.

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Cet article est proposé dans le cadre d’un partenariat éditorial avec le mensuel  Le 13 du Mois, qui, comme son nom l’indique, traite avant tout du treizième arrondissement. A l’heure du Grand Paris, il invite aussi régulièrement ses lecteurs intra-muros à se plonger au-delà du périph’. Ce mois-ci, c’est  au coeur du Street-Art vitryote que Le 13 du Mois s’est immergé. Bonne lecture.

Dans le centre de Vitry, impossible de les rater : fresques réalisées à la bombe, parfois monumentales, pochoirs plus discrets, collages, mosaïques et lettrages multicolores ornent les murs, les armoires électriques, les boîtes aux lettres. Pas de besoin de plan, il suffit de flâner pour apprécier la diversité des pratiques et découvrir le travail d’artistes dont certains jouissent d’une belle renommée mondiale.

Street Art Vitry credit photo Le 13 du Mois 2

C’est le cas de A1One, premier Iranien estampillé street-artiste, aujourd’hui exilé en Allemagne et dont les lettrages arabisants sont reconnaissables au premier coup d’œil. C’est le cas aussi du Belge Roa, célèbre pour ses fresques animalières géantes et dont le héron surplombe la place du marché. « Ici, le local côtoie l’international grâce à Christian Guémy qui fait venir les artistes qu’il connaît lorsqu’ils sont de passage à Paris », explique Jean-Philippe Trigla, passionné de street art et membre de l’association Vitry N’urbaine (1). Pour lui, aucun doute : « C215 a contribué à l’explosion et à la reconnaissance du mouvement à Vitry en participant notamment à la création des “Vitry Jam” qui consistaient, tous les six mois, à investir avec d’autres artistes un quartier de la ville et à y réaliser des œuvres. Mais il est en revanche injuste de dire qu’il n’existait rien avant son arrivée. » C’est dit aussi.

C215, l’incontournable.  Christian Guémy a posé ses valises à Vitry en 2009. Un peu par accident, comme il l’expliquait dans Le 13 du Mois n° 33 d’octobre 2013. Il voulait se rapprocher de sa fille Nina, venue habiter Ivry-sur-Seine avec sa mère, dont il est séparé. Depuis, il est omniprésent sur les murs de la ville qu’il a transformée en « capitale du street art ». Il y a près d’un an, il a mis le cap sur Ivry où il a ouvert un nouvel atelier avec un objectif en tête : voir émerger un vaste territoire dédié au street art qui partirait de Vitry et Ivry et rejoindrait le 13e, un arrondissement où ses fresques, petites ou grandes, habillent déjà pas mal le mobilier urbain et les murs.

C215, l’incontournable
Christian Guémy a posé ses valises à Vitry en 2009. Un peu par accident, comme il l’expliquait dans Le 13 du Mois n° 33 d’octobre 2013. Il voulait se rapprocher de sa fille Nina, venue habiter Ivry-sur-Seine avec sa mère, dont il est séparé. Depuis, il est omniprésent sur les murs de la ville qu’il a transformée en « capitale du street art ». Il y a près d’un an, il a mis le cap sur Ivry où il a ouvert un nouvel atelier avec un objectif en tête : voir émerger un vaste territoire dédié au street art qui partirait de Vitry et Ivry et rejoindrait le 13e, un arrondissement où ses fresques, petites ou grandes, habillent déjà pas mal le mobilier urbain et les murs.

Graff et Street Art cohabitent

Vitry étant l’un des bastions franciliens de la culture hip-hop, le graff y régnait en maître jusqu’en 2009. Ce courant est notamment porté par Brok, Vitriot pur jus qui pratique le graffiti classique depuis plus de vingt ans et réalise fresques, toiles et décors pour la télévision et le cinéma. Lui-même ne se définit pas comme street-artiste. Pour Emmanuel Posnic, directeur adjoint en charge de l’action culturelle à Vitry, « Brok a vraiment un ancrage dans la ville qui se traduit par un travail avec les habitants et les quartiers, contrairement aux street-artistes qui ont une pratique individuelle qui ne se veut pas forcément interactive. » Pas de querelles cependant. Aujourd’hui, graff et street art cohabitent : « Un artiste ne vient pas recouvrir l’œuvre d’un autre, même si ça peut arriver. Certains tagueurs en revanche ont tendance à y apposer leur signature», s’agace tout de même Jean-Philippe Trigla.

Street Art Vitry credit photo Le 13 du Mois 5

De la Tate Modern de Londres à Vitry-sur-Seine

La mairie, de son côté, se montre bienveillante et laisse la création s’exprimer. Et si elle ne met pas de lieux à disposition, elle a quand même passé deux commandes en 2010 : « Au moment de la restructuration du passage Joliot-Curie, nous avons fait appel à C215 qui a réalisé un oiseau en plein vol. Une deuxième commande s’en est suivie en partenariat, cette fois, avec le conseil régional et à l’occasion de l’année du Brésil. Le pays étant à la pointe dans l’art urbain, c’est l’artiste brésilien Nunca qui a été choisi pour un mur s’étendant sur plus de vingt mètres », raconte Emmanuel Posnic qui rappelle que Nunca fait partie des street-artistes reconnus par le monde de l’art contemporain et exposé par la prestigieuse Tate Modern à Londres. La commune reconnaît l’attrait que représentent l’art de rue et le tourisme photographique qui va avec. Pour les esthètes de la chose, Vitry est une place forte de l’art urbain, au même titre que Londres, Berlin ou New-York.

Street Art Vitry credit photo Le 13 du Mois 4

Quid de la conservation des oeuvres?

Art pratiqué en extérieur, le street art est exposé aux éléments et donc par nature vulnérable. Il subit les ravages du temps, des nettoyages, sans oublier les vols, de plus en plus fréquents parait-il. Faut-il accepter le caractère éphémère du street art ou bien le protéger ? « La question de la conservation se pose, même si nous n’avons pour l’instant pas de réponse, admet Emmanuel Posnic. Il faut attendre de voir comment évolue le mouvement. Par ailleurs, de nombreuses œuvres sont sur des terrains privés ou appartenant à des bailleurs sociaux et ce n’est alors pas le rôle de la ville d’intervenir. » Une étudiante en restauration d’art a récemment pris contact avec la municipalité dans le cadre de son projet de fin d’année. Restée plusieurs jours sur place, elle s’est penchée sur la fresque du Brésilien Nunca et effectué des préconisations appuyées par des professionnels. Une aubaine pour la ville même si le budget pour restaurer pareille œuvre se compte en milliers d’euros. Une somme qui a de quoi faire réfléchir.

Street Art Vitry credit photo Le 13 du Mois

(1) L’association Vitry N’urbaine organise régulièrement des balades commentées pour faire découvrir le street art. Les inscriptions s’effectuent via le site du comité du tourisme du Val de Marne.

Dans son édition du 13 novembre, Le 13 du mois s’intéresse également au street art dans le 13e arrondissement. A découvrir en achetant le numéro.

Et pour les fans de street art, il reste encore quelques jours pour aller voir la collection de Nicolas Laugero Lasserre à la Maison des arts de Créteil.

Vitry, pionnière du 1% culturel Si les Vitriots doivent beaucoup à C215 dans l’explosion du mouvement street art dans leur ville, ils sont habitués depuis 1962 à contempler dans leurs rues des œuvres contemporaines. Vitry est en effet, avec Grenoble, une des toutes premières villes à avoir instauré, de façon quasi systématique, le principe qui impose aux maîtres d’œuvre publics de consacrer 1% du coût de la construction à la commande d’une ou de plusieurs œuvres d’art, le fameux 1% culturel. Du coup, la ville compte aujourd’hui environ 130 œuvres, avec comme objectif affiché par ce bastion communiste, de favoriser l’accès à l’art pour le plus grand nombre. Notez que 1% artistique n’a pas encore été appliqué pour une œuvre de street art.

Vitry, pionnière du 1% culturel
Si les Vitriots doivent beaucoup à C215 dans l’explosion du mouvement street art dans leur ville, ils sont habitués depuis 1962 à contempler dans leurs rues des œuvres contemporaines. Vitry est en effet, avec Grenoble, une des toutes premières villes à avoir instauré, de façon quasi systématique, le principe qui impose aux maîtres d’œuvre publics de consacrer 1% du coût de la construction à la commande d’une ou de plusieurs œuvres d’art, le fameux 1% culturel. Du coup, la ville compte aujourd’hui environ 130 œuvres, avec comme objectif affiché par ce bastion communiste, de favoriser l’accès à l’art pour le plus grand nombre. Notez que 1% artistique n’a pas encore été appliqué pour une œuvre de street art.

Auteur : Laurence Gonthier, pour le magazine Le 13 du Mois
Photographies : Mathieu Génon

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