Société | Val-de-Marne | 17/11/2015
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Après les attentats : communion, recueillement, deuil et rébellion

Après les attentats : communion, recueillement, deuil et rébellion

Devant de nombreuses mairies mais aussi à l’intérieur des entreprises,  administrations, hôpitaux, lycées, écoles… des centaines de personnes se sont retrouvées un peu partout ce lundi 16 novembre à midi pour observer ensemble une minute de silence.

“Je ne pouvais pas rester seule pour ce moment. J’avais besoin de le partager, de communier” , témoigne une habitante de Vincennes. Une motivation partagée par des centaines et des centaines de citoyens du département, un peu partout. “C”est un moment difficile à traverser, mais on montre qu’on continue de se rassembler et qu’ensemble, on est plus fort” , explique une lycéenne de L’Haÿ-les-Roses, qui a séché une heure de cours pour assister à la cérémonie organisée par la mairie.  Dans le hall bondé, le maire  Vincent Jeanbrun rend hommage à Vincent Détoc, 38 ans, architecte et père de deux enfants, qui a grandi à L’Haÿ-les-Roses et habitait désormais à Gentilly. Fan de rock, il est tombé sous les balles au Bataclan.  Sa mère est présente et l’émotion est intense. “L’ensemble de la municipalité et les Gentilléens entourons de toutes nos pensées , de tout notre coeur, son épouse, ses enfants, sa famille et ses proches. Nous les soutenons et les soutiendrons de toutes nos forces” , a également déclaré Patricia Tordjmann, maire de Gentilly, qui a annoncé hier ouvrir dès aujourd’hui un livre de condoléance en mairie. A L’Haÿ, l’élu évoque aussi la soirée de veille de ce vendredi 13 avec le personnel municipal, pour attendre le retour d’une classe de collégiens partie voir le match France-Allemagne au Stade-de-France (Saint-Denis). Il a salué Christopher, membre des services techniques de la ville présent au Bataclan, qui a survécu à la prise d’otages, laissant malheureusement derrière lui un ami.  A Saint-Maur-des-Fossés, le maire Sylvain Berrios a également rendu hommage à l’un des habitants décédé lors des attentats de vendredi.

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A Vitry-sur-Seine, c’est le collège Adolphe Chérioux qui a été endeuillé. Madeleine Sadin, 30, professeur de lettres enthousiaste et très appréciée des élèves n’a pas non plus échappé aux tueurs du Bataclan tandis que son collègue Pierre-Michel Sailhan, également sur place, a été blessé.  Hier, une cellule psychologique avait été mise en place pour accompagner élèves et collègues. A lire : le très bel hommage rendu par son cousin Simon Castéran sur son blog Les Sermons du lundi.

A l’hôtel départemental, Conseil départemental et préfecture avaient organisé ensemble le rassemblement des agents pour partager cette minute, après un discours. “Notre force dans ce combat réside justement dans ce rassemblement autour des valeurs de la République. A la barbarie, à l’horreur, continuons ensemble d’opposer, de manière inflexible, la liberté, l’égalité et la fraternité. C’est, j’en suis convaincu, le meilleur moyen d’honorer la mémoire de toutes les victimes” , a insisté le président PCF du Conseil départemental, Christian Favier.

A Vincennes, ce n’est pas un discours mais les cloches de l’église voisine qui ont précédé la minute de silence.  Dans beaucoup d’endroits, la Marseillaise a été entonnée ensuite, d’abord timidement puis avec vigueur.

Vincennes silence

Un mélange de peur et de rébellion

Au-delà de ces instants d’émotion et de la douleur partagée par des proches ou moins proches de ces nombreuses victimes, les réactions oscillent entre sidération, rébellion et résignation. “J’avoue que je vais y réfléchir à deux fois avant de sortir. Maintenant on se retrouvera à la maison au lieu d’aller au resto, c’est aussi bien. Ma fille m’avait demandé une place à un concert de rock comme cadeau de Noël, je lui ai dit qu’il n’en était plus question” , reconnaît une habitante de Vincennes. “Moi non plus, je n’ai plus très envie de sortir. C’est malgré moi. Je sais que cela va passer mais j’ai besoin d’un peu de temps” , observe une autre passante venue se recueillir sur le parvis de la mairie. “Je comprends ma femme mais je ne suis pas d’accord. Nous devons au contraire continuer à vivre et à sortir” , réagit son mari. Dans l’ensemble, les réactions de rébellion semblent pourtant prendre le dessus. “Moi je continuerai à sortir, prendre des pots en terrasse, sinon c’est eux qui ont gagné” ,  insiste une fêtarde assumée. Le Fooding, un guide de restos de la capitale, a du reste lancé un mot d’ordre pour ce mardi soir “Tous au bistrot”, pour inviter chacun à ressortir et participer à la minute de silence organisée à 21 heures par les restaurateurs. “Moi aussi, même si j’ai peur. A plusieurs, on est plus fort. Après les attentats de Charlie, j’avais la boule au ventre, mais je me suis laissée entraînée à République avec mes amis” , se souvient encore une autre passante. “On n’a rien de mieux à faire que de montrer que la France reste debout. Notre pays en a vu d’autres, et il est toujours debout, estime Maurice, à L’Haÿ-les-Roses. C’est terrible, j’ai 82 ans maintenant et depuis que je suis né, j’entends qu’il se passe des horreurs. Quand tout cela s’arrêtera-t-il ?

Dans les hôpitaux aussi, le personnel, en blouse blanche ou pas, s’est arrêté à midi pour prendre le temps de se recueillir, de l’Institut Gustave Roussy (photo ci-dessous) à l’hôpital Bicêtre en passant par Henri Mondor.

institut gustave roussy minute de silence

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