Sécurité | Val-de-Marne | 17/11/2015
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Après les attentats, les mesures de sécurité varient d’une ville à l’autre

Après les attentats, les mesures de sécurité varient d’une ville à l’autre

Plan Vigipirate alerte attentat, Etat d’urgence, arrêté du préfet de police de Paris… les mesures de sécurité s’empilent pour réagir aux attentats de janvier et novembre 2015. Comment les villes les mettent en oeuvre ? Des réponses à géométrie variable.

Rappel du contexte. Instauré depuis les attentats de janvier 2015, le plan Vigipirate alerte attentat avait déjà donné lieu  à une protection renforcée de lieux de culte et un certain nombre d’établissements recevant du public. Instauré pour douze jours le 14 novembre, avec possibilité de la prolonger pendant 3 mois après vote de l’Assemblée nationale, l’état d’urgence est rentré vigueur sur l’ensemble du territoire métropolitain et la Corse (ce qui n’était pas arrivé sur cette étendue du territoire depuis la guerre d’Algérie). Cette disposition permet aux préfets de restreindre la liberté d’aller et venir en instaurant des zones de protection ou de sécurité particulières, ou en interdisant la circulation dans certains lieux (couvre-feu), d’interdire le séjour dans certaines parties du territoire à toute personne susceptible de créer un trouble à l’ordre public, de réquisitionner des personnes ou moyens privés, d’interdire certaines réunions publiques ou fermer provisoirement certains lieux de réunion, d’autoriser des perquisitions administratives en présence d’un officier de police judiciaire, d’assigner à résidence toute personne dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre public. En Ile-de-France, la préfecture de Police de Paris a pris un arrêté qui interdit  les manifestations sur la voie publique à Paris et dans les départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne du 14 novembre à 12h au 19 novembre 2015 à 12h. La Préfecture de police recommande aux organisateurs de rassemblements dans les lieux privés de les différer ou de renforcer les mesures de sécurité, notamment en matière de contrôle d’accès et de filtrage, aux entrées de ces établissements, s’ils décident de les maintenir sous leur responsabilité. A cela s’ajoute la période de deuil national, instaurée les dimanche 15, lundi 16 et mardi 17 novembre, impliquant une mise en berne des drapeaux des édifices publics et la minute de recueillement lundi 16.

Marge d’interprétation

C’est dans ce contexte que chaque ville a interprété ces consignes à sa manière, certaines de manière stricte, comme Saint-Mandé qui a décidé de proposer un rassemblement officiel ce jeudi 19 à 12h15, à l’issue de l’interdiction de manifester sur voie publique, tandis que d’autres avaient invité à se réunir devant leur mairie dès ce lundi  à l’occasion de la minute de silence national et que deux avaient même organisé une veillée le soir, à Ivry et au Kremlin. Idem pour les marchés, ouverts ce weekend à Nogent-sur-Marne ou Villejuif, mais annulés dans un certain nombre de communes. Dans l’ensemble, les marchés ont rouvert dès ce mardi. “Nous avons sécurisé les accès aux marchés, an ajoutant par exemple des ASVP  au marché du centre qui comprend plusieurs  entrées“, explique-t-on au cabinet de la mairie d’Alfortville.

Des manifestations annulées ou pas

Concernant les manifestations qui étaient prévues, beaucoup ont été annulées, pas uniquement pour des raisons de sécurité mais aussi de deuil. “Nous avons annulé toutes nos manifestations à caractère convivial jusqu’à jeudi, indique-t-on au au cabinet de la mairie de Fontenay-sous-Bois. En revanche, les cours au conservatoire, les cours d’alphabétisation et les activités ordinaires se poursuivent.” Le Conseil départemental a aussi annulé sa rencontre avec l’auteur de l’album naissance de l’année, qui était prévue aujourd’hui. A Chennevières et Alfortville, les réunions publiques dédiées à l’instauration d’un Conseil citoyen pour la première, aux conseils de quartier pour la seconde, sont reportées Le Kremlin-Bicêtre maintient en revanche ses conseils de quartier. Le handicafé d’Alfortville est annulé mais celui de Villiers-sur-Marne est maintenu. La Cité des métiers a aussi annulé plusieurs manifestations. A Villejuif en revanche, on a maintenu Jazz en ville ce jeudi, en renforçant la sécurité, de même que le concert à la Scène Watteau de Nogent-sur-Marne. En bref, il n’y a pas de règle et le mieux est de vérifier si les manifestations prévues cette semaine sont bien maintenues ou pas. Certains événements sont encore en suspens, comme la plantation d’un rosier en commémoration d’un convoi de la déportation qui était prévu en fin de semaine à Arcueil.

Des accès plus ou moins réglementés aux équipements publics et aux écoles

“Nous avons ré-ouvert tous les équipements publics en invitant les responsables associatifs à y revenir, car si la vie s’arrête, c’est la victoire du terrorisme. Nous devons absolument continuer à cultiver le vivre ensemble“, commente Daniel Breuiller, maire EELV d’Arcueil. Comment renforcer la sécurité dans l’accès aux bâtiments ? “Nous renforçons le filtrage et la vérification des sacs”, indique-t-on à Fontenay. Idem au Kremlin-Bicêtre. “En attendant la mise en place de notre police municipale, nous avons fait appel à une agence de sécurité privé pour mettre des vigiles devant les lieux qui accueillent du public, y compris la salle de prière musulmane”, indique Luc Carvounas, sénateur-maire PS d’Arcueil. A Nogent-sur-Marne, l’accès aux accueils des services municipaux se fait désormais sur présentation d’une pièce d’identité. “Nous ne pouvons pas mettre un policier devant chaque équipement public. Il y en a des dizaines dans la ville. Nous préférons voir notre police municipale dans la rue. Quant à nos agents, ils ne sont pas habilités à effectuer des contrôles et sont déjà affectés à leur travail“, indique de son côté Laurent Lafon, maire LR de Vincennes. Plusieurs élus rappellent aussi avec effroi que lors des attentats du 13 novembre, la présence de vigiles à l’entrée du Bataclan n’a pas empêché le drame, ces derniers ayant été supprimés en premier par les terroristes pour avoir le champ libre. Dans les écoles, les mesures diffèrent également d’une ville à l’autre. Dans certaines communes, les parents ne peuvent plus accéder à l’intérieur de l’école. D’autres sont revenues en arrière. “Nous avons assoupli cette modalité en maternelle mais les parents ne vont plus jusque dans la classe“, explique-t-on à Fontenay. “On ne peut pas non plus tomber dans la psychose. C’est traumatisant aussi de ne pas laisser entrer les parents dans l’école“, pointe Daniel Breuiller à Arcueil.

Des parents lucides

On sait bien que c’est impossible de mettre des policiers devant chaque école, reconnaît une mère de famille devant l’école élémentaire Georges Politzer, à Champigny-sur-Marne. Je suis ici parce que j’ai rendez-vous avec la maîtresse, mais d’habitude mon fils prend le bus. Je n’aurais pas fais autrement aujourd’hui. C’est terrible mais on ne peut pas laisser les enfants à la maison sous prétexte qu’il y a des fous dans le pays“, poursuit-elle. “Même si cela arrive, que pourraient faire deux policiers ? Il faut tous les arrêter, ce n’est pas à nous d’arrêter de vivre“, abonde son amie.    “Je viens chercher mes deux petit fils tous les jours, attentats ou pas. Et je n’ai pas eu peur de venir aujourd’hui : on va acheter un goûter à la boulangerie, comme tous les jours, et on parlera sûrement de ce qu’ils ont fait à l’école“, commente également une grand-mère devant l’école des Bruyères, à Sucy-en-Brie.

Villeneuve-le-Roi veut armer sa police

A Villeneuve-le-Roi, le maire LR, Didier Gonzales, qui sollicite depuis plusieurs mois l’autorisation d’armer sa police municipale, vient de réitérer sa demande et pousse un coup de gueule. “Cette demande fait suite à 5 courriers restés sans réponse (mai 2014, janvier, mai, juin puis septembre 2015) alors que les autres communes du département qui désiraient armer leur police ont obtenu l’aval des services de l’Etat (comme Saint-Maur ou Saint-Mandé). Pourtant, les agents de la police villeneuvoise sont déjà très majoritairement formés aux armes à feu puisque 8 sur 11 en ont déjà porté lors de leur carrière. Qu’attend le gouvernement pour agir ? Au-delà des postures, ce sont des actes que les Villeneuvois attendent. Ou cela signifie-t-il qu’aux yeux du gouvernement les Villeneuvois ont moins droit à la sécurité que leurs concitoyens val-de-marnais alors que notre commune n’est pas épargnée par les signalements ?” s’agace l’édile.

Une réunion pour se mettre au diapason jeudi 19 novembre

Alors que chaque édile a interprété plus ou moins strictement les consignes préfectorales, tentant de faire au mieux avec ses moyens, une réunion de l’association des maires du Val-de-Marne doit se tenir ce jeudi 19 novembre à 18 heures, avec les élus et le préfet du département, Thierry Leleu, pour faire le point et coordonner certaines décisions.

 

 

 

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