Grands projets | Val-de-Marne | 02/11/2015
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Devenir de la friche verte de la VDO : les élus interpellent Manuel Valls

Devenir de la friche verte de la VDO : les élus interpellent Manuel Valls

Les récentes annonces de Manuel Valls pour construire un Grand Paris multipolaire en permettant à l’Etat de prendre la main sur l’aménagement foncier de certains sites de banlieue a suscité une franche colère dans les villes directement concernées qui longent la friche de la VDO (Voie de desserte orientale) de Champigny à Ormesson.  Les six élus ont interpellé le Premier ministre.

La VDO, projet de rocade A 87 jamais réalisée,  devait relier l’autoroute A4 à la RD4 puis la RD19. Pour cela, une réserve foncière de plus de 100 hectares avait été exempte de toute urbanisation sur 15 km de long et 80 m de large, traversant les communes de Champigny-sur-Marne, Villiers, Chennevières-sur-Marne, Ormesson et Sucy-en-Brie. En résulte une longue friche verte qui trace grosso modo une ligne entre le golf de Villiers-sur-Marne et celui d’Ormesson-sur-Marne. 70% de ces emprises appartiennent déjà  à l’Etat, une partie au Conseil départemental.

Alors que l’espace se fait rare en métropole, ce site est l’un des rares où l’urbanisation est encore en devenir et de nombreux projets sont déjà en cours le concernant, notamment des Zac destinées à susciter le développement économique pour contribuer au rééquilibrage de l’emploi dans l’Est parisien. Un projet de boulevard urbain est aussi programmé dans le prolongement de la RD10,  qui doit accueillir le  bus en site propre Altival pour relier Sucy-Bonneuil à Noisy le Grand (voir article). Ce projet de boulevard accueillant des automobiles en plus du bus en site propre ne fait toutefois pas l’unanimité entre les communes du secteur. Chennevières, déjà coupée par la RN4, ne veut pas de nouvelle route accessible aux automobiles sur cet axe et suggère la RD 233 comme itinéraire automobile alternatif. Les écologistes sont également inquiets de la préservation des continuités écologiques sur ce secteur.

CDT, CIN-OIN, PLU, PLH : complémentaires ou contradictoires?

L’ensemble des projets en cours a déjà fait l’objet d’une contractualisation entre l’Etat et les élus locaux dans le cadre d’un CDT (Contrat de développement territorial). Ces contrats, ont été imaginés dans le cadre du projet de métro du Grand Paris Express pour engager les villes qui bénéficieront d’une nouvelle gare à construire des logements autour de celle-ci. Très concrètement, les CDT comportent donc un chiffrage des logements à construire dans chaque commune signataire. Mais les CDT vont bien au-delà de cette seule dimension. Ils comportent aussi des volets économique, écologique… pour constituer des vrais projets de développement territorial. Dans le cadre des villes qui bordent la VDO, le CDT des Boucles de la Marne, signé par les villes de Bry, Villiers et Champigny en juin dernier, fait la part belle au développement économique, avec plusieurs Zac thématiques (pôle image, éco-activités, zones commerciales…) afin d’améliorer le taux d’emploi/habitant du secteur qui est actuellement de 1 emploi pour 2 résidents actifs. Voir article détaillé. Ce CDT des Boucles de la Marne, qui devait aussi concerner Chennevières, n’a pas été signé par cette ville en raison du nombre de logements à construire, 183 par an, jugé trop important, ainsi que par la présence du nouveau boulevard automobile cité plus haut. L’ensemble des villes s’accordaient en revanche sur la nécessité de développer prioritairement l’activité économique et l’emploi sur place.

Dans ce contexte où beaucoup de réunions se sont déjà tenues entre élus et avec les populations pour envisager le devenir de ce secteur, dans le cadre de la révision des PLU, PLH et du CDT, la décision par le troisième comité interministériel sur le Grand Paris que l’ex-VDO figurerait parmi les 6 futures OIN (Opération d’intérêt national) à développer, après avoir fait l’objet dans un premier temps d’un CIN (Contrat d’intérêt national), suscite la colère des élus. Pour précision, les OIN, délimitées par décret en Conseil d’État, impliquent le transfert à l’État de l’instruction et la délivrance des autorisations d’urbanisme, ainsi que la compétence de création des Zac. Ces périmètres pourraient être établis d’ici le début 2016. Les CIN, tout nouvel outil, sont moins coercitifs pour les communes car ils n’impliquent pas un transfert à l’État de l’instruction et la délivrance des autorisations d’urbanisme et reposent uniquement sur la contractualisation entre les collectivités locales et l’Etat. Si le périmètre du futur OIN/CIN (Champigny, Villiers, Chennevières, Ormesson, Sucy)  diffère de celui du CDT déjà signé (Champigny, Villiers, Bry), deux villes font partie des deux et se demandent si le CIN/OIN ne va pas remettre en question le CDT déjà signé. “Ce CIN apparaît comme une dénonciation implicite du Contrat de Développement Territorial (CDT) des Boucles de la Marne, signé il y a à peine quelques semaines par les villes de Bry, Villiers et Champigny et qui avait pourtant été annoncé comme une procédure nous exonérant de l’intervention autoritaire de l’Etat”, dénoncent ainsi les élus dans un courrier envoyé au Premier ministre.

Les villes veulent être consultées

Cosigné par les maires des 5 villes concernées par le futur CIN/OIN ainsi que par l’élu de Bry-sur-Marne, signataire du CDT des Boucles de la Marne, ce courrier exprime l’indignation des élus de n’avoir pas été concertés ni même informés officiellement du projet de CIN/OIN sur leur territoire avant les annonces du comité interministériel, en dehors des fuites parues dans la presse.  “Cette attitude de mépris de l’Etat vis-à-vis des élus est d’autant plus choquante et incompréhensible que nos communes mènent de nombreuses réflexions sur le devenir des emprises de l’ex-Voie de Desserte Orientale (VDO) depuis plusieurs années. L’Etat comme le Conseil départemental sont d’ailleurs largement associés à ces projets. (…) La plupart de nos communes ont contractualisé avec ce dernier la répartition logements-développement économique sur les emprises de l’ex-VDO, que ce soit à travers la signature du CDT ou la validation des PLU et PLH. Les services de l’Etat nous accompagnent depuis plus de six ans dans la perspective d’un développement harmonieux de ce secteur“, s’agacent les 6 maires.

Rééquilibrer le déficit d’activité économique de l’Est parisien

Sur le fond, les élus s’inquiètent de la destination de ce territoire qu’ils souhaitent à dominante économique, et dont ils craignent qu’on leur force la main pour rajouter plus de logements. “Vous entérinez le fait que l’Est parisien soit définitivement voué aux logements sociaux et l’Ouest de la capitale au développement économique et à l’emploi. Ainsi les Est- Franciliens sont-ils condamnés à consacrer quotidiennement au minimum plus de trois heures de transport pour rejoindre leur lieu de travail et rentrer chez eux le soir. Nous ne pouvons accepter que vous puissiez encourager cette immense injustice territoriale“, interpellent les élus qui rappellent aussi que les équipements publics doivent suivre pour accompagner les logements.

Les élus réclament une réunion pour définir un cadre de travail “partenarial”

“Nous réaffirmons notre volonté d’un travail en partenariat mais pas à n’importe quel prix et pas dans n’importe quelle condition. Nous refusons la méthode autoritaire et unilatérale
employée ici. L’échange et la concertation sont les bases minimales et nécessaires d’un projet réussi. Dans cet esprit qui nous anime, nous sollicitons auprès de vous une rencontre afin de définir un autre cadre de travail partenarial qui ne soit pas celui du CIN qui se conclura inévitablement par une OIN“, réclament les élus.

Voir le courrier complet

A lire aussi : Manuel Valls dessine son Grand Paris multipolaire

 

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