Santé | Val-de-Marne | 12/05/2015
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La mobilisation sur les RTT commence dans les hôpitaux AP-HP du Val-de-Marne

La mobilisation sur les RTT commence dans les hôpitaux AP-HP du Val-de-Marne

Mondor (4)Alors que près de 15 000 agents travaillent dans des hôpitaux de l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris) du Val-de-Marne, la renégociation de l’organisation horaire des agents et de leurs jours de RTT  est suivie comme du lait sur le feu par les syndicats et les personnels sur le terrain.

Pour rappel du contexte, le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, souhaite réformer le protocole d’organisation du temps de travail qui date de 2002, faisant valoir à la fois une évolution du fonctionnement des hôpitaux.

Plus d’ambulatoire

Nous réalisons une part croissante des opérations chirurgicales en ambulatoire ; nous réalisons davantage d’hospitalisation de jour ; nous disposons de plateaux techniques renforcés“, cite notamment le directeur général de l’institution dans son message aux agents adressé le 6 mai dernier. “Nos organisations du travail ont été calées il y a quinze ans voire plus ; elles sont parfois décalées. Il est donc souhaitable de pouvoir tenir compte de ces nouvelles formes de prise en charge des malades, à travers l’organisation du temps de travail des agents qui se succèdent au lit du malade comme plus globalement dans l’ensemble de l’hôpital.” Pour le directeur, la réorganisation horaire doit aussi permettre d’améliorer les conditions de travail concernant notamment la régularité et la stabilité des plannings, le renforcement de l’encadrement de proximité et la réduction des « faisant fonction », l’accès à la formation, le renforcement de la médecine du travail ou encore le redimensionnement des équipes de suppléance.

Trouver 20 millions d’euros par an

L’autre raison est économique. “Quand la croissance de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) ralentit, il y a une tentation de prendre le chemin le plus direct pour respecter cet objectif : réduire les effectifs. A l’AP-HP, cela signifierait, sur 5 ans, supprimer environ 4 000 emplois. Ce n’est pas mon choix, ce n’est pas le choix que je vous propose.  Modifier les organisations du travail, c’est un levier pour éviter les suppressions d’emploi, tout en tenant nos engagements“, pose ainsi Martin Hirsch. Au niveau national, l’Etat vise une économie sur le budget des hôpitaux de l’ordre de 3 milliards d’euros d’ici à 2018, qui ne passe pas seulement par les ressources humaines mais aussi l’optimisation des achats.

Ni 7h36, ni 12h, ni 7h…

Pour mener ce chantier, Martin Hirsch a proposé 6 réunions jusqu’au 28 mai avant une période de négociation jusqu’au 18 juin. Une période sans doute un peu courte au regard de l’aspect champ de mines d’un tel dossier. A titre de comparaison, au sein du groupe hospitalier de psychiatrie Paul Guiraud de Villejuif, la proposition de passer de 8h à 7h36, présentée en mai 2014, avait finalement été mise en oeuvre le 1er novembre 2014 après des mois de grève et de crise sociale et la démission au passage du directeur de l’établissement. Pour démarrer, le directeur n’a toutefois pas fait état d’un schéma prédéterminé du temps de travail, assurant à ses agents ne pas avoir de solution toute faite. “Nous n’avons pas le résultat avant d’avoir négocié. Nous n’avons pas un schéma secret que nous voudrions imposer“, insiste le patron de l’AP-HP tout en indiquant que maintenir la majorité des agents en 7h36 et de très nombreux agents en 7h50 ne permet pas de répondre aux enjeux d’organisation et de maîtrise du budget et en écartant la généralisation des 12 h ou des 7 h. Actuellement, 66% des agents travaillent 7h36 ou 7h50 par jour, d’autres entre 10h et 12h et les cadres sont au forfait,  contre 20 à 24 jours de RTT en récupération.

Une “régression sociale” inacceptable pour les syndicats

 

 

Face à ces premières annonces, deux intersyndicales se sont organisées pour protester, composée pour l’une des syndicats CFTC, CFE-CGC, UNSA et SMPS et pour l’autre des organisations CGT, SUD et FO.  Les syndicats dénoncent une régression sociale, rappelant que le point d’indice des agents de l’AP-HP est déjà gelé depuis 2010 et dénoncent un calendrier à marche forcée. CGT, FO et SUD calculent également que “c’est la non embauche des 5000 personnels nécessaires pour compenser la RTT et le manque organisé de personnels qui créent la situation de tension dans les services“. Une journée de grève est prévue le jeudi 21 mai avec un rassemblement devant le siège parisien de l’AP-HP.

Les AG se multiplient au niveau local

 

Si les négociations sont menées de manière centralisée,  la contestation s’organise au niveau local. Dans les six hôpitaux de l’AP-HP du Val-de-Marne (Émile Roux à Limeil-Brévannes, Albert Chenevier et Henri Mondor, à Créteil, Charles Foix, à Ivry-sur-Seine, Paul Brousse, à Villejuif et l’hôpital du Kremlin-Bicêtre), des assemblées générales se tiennent tout au long de la semaine pour déterminer quelles réponses locales apporter à cette mobilisation générale. “Dans certains services, la continuité des soins est indispensable, or, si on passe tous en 7h, il n’y aura plus de transmission entre deux équipes de soignants“, explique une déléguée syndicale Sud Santé à Mondor. “Les temps de transmission, qui durent au minimum 30 minutes, existeront toujours, même si les équipes ne se chevauchent plus, estime Dominique Zezima, secrétaire général adjoint de la CGT à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre. Les soignants seront donc obligés de rester pour assurer ses transmissions, et il faudra bien trouver un moyen de leur faire récupérer.

L’organisation actuelle, basée sur la récupération de RTT, permet notamment de limiter les temps de transports, les frais de transports, de garde pour enfants… Tout est lié!” explique Patrick Cavalier, délégué CGT à l’hôpital Émile Roux de Limeil-Brévannes. “Près de 40% des agents du Kremlin-Bicêtre habitent en Seine-et-Marne, parfois à plus d’une heure de route“, renchérit Dominique Zezima. Même situation à Mondor où les agents viennent du 94, du 77 ou encore du 91. Des facteurs qui vont “renforcer la fatigue, l’usure et l’absentéisme“, s’inquiète un agent de l’immense hôpital cristolien. “De toutes façons, on manque de personnel, donc rien ne changera, qu’on réorganise ou pas“, tranche Patrick Cavalier.

D’ores et déjà, les badges Touche pas à mes RTT ont été livrés…

Touche pas mes RTT

6 hôpitaux et près de 15 000 agents de l’AP-HP dans le Val-de-Marne

Sur les 38 hôpitaux (rattachés à 12 groupes hopistaliers) de l’AP-HP, qui compte au total quelques 95 000 agents, 6 sont situés dans le Val-de-Marne.

Hôpital Henri Mondor : Plus de 1 300 lits pour l’un des plus gros hôpital du département, qui abrite aussi le siège du SAMU94 (40.000 sorties/an) et son héliport. 70% des patients sont originaires du Val-de-Marne et plus de 4 000 agents y travaillent.
Hôpital Albert Chenevier : Spécialisé en psychiatrie et en gériatrie. 420 lits disponibles, dont une centaine pour la seule psychiatrie (l’un des pôles d’excellence francilien). Plus de 1300 agents y travaillent.
Hôpital Charles Foix : Plus de 1100 agents travaillent dans cet hôpital spécialisé en gériatrie et en psychiatrie. 175 519 prises en charge en 2012, pour 485 lits.
Hôpital Paul Brousse : Premier centre de transplantation hépatique de France et aussi spécialiste des maladies liées au grand âge. 1620 agents y officient, pour 701 lits.
Hôpital du Kremlin-Bicêtre : L’un des plus grands centres d’urgences de Paris et de la petite couronne (99 137 prises en charge en 2013), grâce notamment à ses services pour les polytraumatisés (accidents de la route par exemple) ou pour la neurochirurgie. Plus de 4500 agents y travaillent (le plus fourni en Val-de-Marne). 889 lits et également 3469 naissances en 2013 (service d’urgence gynécologique).
Hôpital Émile-Roux : Spécialisé dans la gériatrie (un pôle d’excellence francilien) et dans le traitement des addictions (une vingtaine de lits dédiés). 911 lits, dont 24 en hôpital de jour, gérés par plus de 1500 agents.

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