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Société | | 09/07/2015
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Le bidonville Truillot entièrement évacué

Le bidonville Truillot entièrement évacué

fin-bidonville-Truillot-juillet-2015L’évacuation officielle du campement rom et roumain de la rue Truillot d’Ivry-sur-Seine s’est effectuée ce jeudi 9 juillet en tout début de matinée. Le bidonville, qui accueillait encore quelques 300 personnes il y a quelques semaines, était  toutefois quasiment vide hier. 

Des départs avaient déjà commencé début juin, à l’annonce de l’expulsion prochaine. Outre la quarantaine de familles qui ont été relogées par la ville, le département ou l’Etat, une partie des habitants a rejoint un autre terrain à Ivry-sur-Seine, d’autres sont parties vers l’Essonne, d’autres encore ont regagné la Roumanie. Lors de l’évacuation, 23 familles encore sur place se sont vues proposer un logement provisoire à l’hôtel, représentant 70 à 90 personnes, a indiqué la préfecture du Val-de-Marne.

Le terrain des anciens jardins de l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) où étaient cultivées les fleurs destinées aux aménagements paysagers des hôpitaux, est occupé depuis février 2011. Un peu plus de 300 personnes avaient investi les lieux suite à l’incendie intervenu sur un autre terrain dans la rue de Verdun et après avoir dû quitter le gymnase où la commune les avait accueilli en urgence. A la suite d’une procédure judiciaire de la part de l’AP-HP, une décision d’évacuation exécutoire a été rendue par le Tribunal administratif début 2014. En parallèle, des diagnostics sociaux sont engagés avec les collectifs de soutien. Au printemps 2014, le nouveau directeur de l’Ap-HP, Martin Hirsch, sollicité par les soutiens aux habitants du campement, décide toutefois de différer l’expulsion pour trouver des solutions de relogement. Un an plus tard, interpellé début mai 2015 par le député MRC de la circonscription, Jean-Luc Laurent, sur les conditions de vie sur le terrain et les nuisances pour les riverains, notamment les fumées de brûlage, le patron de l’AP-HP demande finalement le concours de la force publique pour faire exécuter le jugement. Durant l’hiver 2015, la gêne occasionnée par les fumées de brûlage a en effet entraîné des perturbations au collège voisin Politzer, d’abord fermé par l’Education nationale le temps de faire des analyses qui se sont révélées normales, puis bloqué à plusieurs reprises par les enseignants et parents d’élèves en colère. Suite à la décision de Martin Hirsch, le maire PCF de la ville, Philippe Bouyssou, a accepté l’évacuation sous réserve qu’un diagnostic social soit mené avant, que les élèves scolarisés puissent terminer leur année, et que les familles devant être relogées le soient effectivement.

En termes de relogement, 22 familles (50 adultes et 42 enfants) ont été relogées dans des bâtiments de la commune, 17 familles (36 adultes, 28 enfants) ont été prises en charge par le Conseil départemental et l’Etat, 10 familles (26 adultes, 32 enfants) doivent être hébergés dans un village d’insertion “le village de l’espoir” qui sera achevé par Emmaüs Habitat en novembre 2015, hébergées en attendant en hôtel à Ivry-sur-Seine ou alentours. Le village de l’espoir, financé par l’Etat à hauteur 760 800 €, le Conseil régional à hauteur de 250 000 € et la souscription d’un prêt par l’Etat d’environ 400 000€, doit être installé sur une emprise de 4 400m² des terrains de l’AP-HP moyennant une redevance de 10 000 € par an sur 15 ans. Enfin, 12 familles (26 adultes) sont suivis dans le cadre de la Plateforme régionale d’accueil information orientation Suivi (AIOS) mise en place par le préfet de Région en janvier 2015, détaille-t-on à la préfecture du Val-de-Marne. Ces 12 familles pourraient être relogées dans les habitations en bois qui avaient été installées dans le village d’Orly il y a quelques années, mais il reste à trouver un terrain pour les accueillir et aucun terrain n’aurait été trouvé dans le Val-de-Marne. En attendant, elles se sont vue proposer un hébergement provisoire en hôtel.  Au total, 39 familles (86 adultes et 70 enfants) ont donc fait l’objet d’un relogement effectif et 22 familles (52 adultes et 32 enfants) doivent être futurement hébergés, soit dans le village de l’espoir à Ivry en novembre, soit via la plate-forme régionale à une échéance qui n’est pas déterminée.

fin-bidonville-Truillot-juillet-2015

Dans un communiqué publié la veille de l’expulsion, le maire d’Ivry, Philippe Bouyssou, s’est réjoui pour les familles qui ont été relogées et apprécié que l’expulsion n’ait pas eu lieu avant la fin de l’année scolaire. Il a également acté positivement le fait que le dispositif de Plateforme régionale d’accueil soit déployé pour accompagner une dizaine de familles supplémentaires mais a regretté qu’il n’y ait pas de garantie de la poursuite du travail de cette Plateforme et que toutes les “familles vulnérables” présentes sur le terrain ne se soient pas vues se voient proposer des solutions d’hébergement et d’accompagnement. L’élu a réclamé à plusieurs reprises une conférence régionale avec élus et Etat pour aborder cette question.

De son côté, Jean-Luc Laurent, député a réagi en défendant la nécessité de cette évacuation “pour les occupants comme pour les riverains, après quatre années d’occupation illégale“, tant “du point de vue de l’ordre public que de la santé publique“, rappelant son interpellation lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale. “Ce n’est pas aider ces personnes que les laisser s’installer durablement dans des zones de non-droit . L’évacuation, qui a été précédée d’un travail social important accompli par la commune, le conseil départemental et l’Etat, a permis de nombreux relogements et des actions d’insertion”, pointe le député rappelant à quel point les villes sont en “première ligne” sur cette question.

Le président PCF du Conseil départemental, Christian Favier, a lui rappelé l’engagement de sa collectivité dans les projets d’insertion qui ont été proposés aux familles, dans la limite de ce qu’il était “financièrement possible de faire” et promis de tenir ces engagements et responsabilités “sans se substituer à celles de l’Etat en la matière”. Il a également appelé à ce que la plate-forme régionale AIOS prenne le relais pour s’occuper des familles qui n’étaient pas inscrites dans un projet. “Il convient également, conformément à l’accord de principe donné, que la conférence régionale que tous les partenaires, et au premier chef la ville d’Ivry, ont appelé de leurs vœux depuis des mois, se tienne dans les meilleurs délais sous la présidence du Préfet de Région. La situation des familles Roms sans hébergement ne peut pas être renvoyée en permanence vers les communes. Elle doit trouver une solution à l’échelle francilienne”, a insisté le sénateur.

A l’occasion d’un point presse la semaine dernière, le préfet de région, Jean-François Carenco, a pour sa part fait état des objectifs de la plateforme régionale AIOS, indiquant vouloir tripler dans l’année l’offre vis à vis des populations roms. “Ce que nous avons mis en place avec la plate forme est que que soit systématiquement proposé aux Roms volontaires, soit une intégration en restant dans le campement dans le cadre d’un village d’insertion non localisé pendant une période de 6 mois à 1 an, et des instructions ont été données pour que l’on passe de 500 à 1500 personnes suivies dans ce cadre, soit une intégration dans des villages d’insertion avec les communes, soit enfin de l’intégration après logement. Mais la République,  c’est aussi respecter la loi lorsqu’une décision de justice est exécutoire, a rappelé le préfet. La question de populations roms est un sujet qui date du 13e siècle. C’est une situation qu’on gère et pas une question qu’on règle.”

De son côté, Isabelle Salemmbo, du Collectif de soutien aux Roms et Roumains d’Ivry, regrette les hébergements temporaires en hôtel, ne permettant pas de faire à manger par exemple, et non pérennes dans le temps, et s’inquiète du devenir de la centaine d’enfants du bidonville qui étaient scolarisés. “Nous allons continuer à suivre ces familles et ces enfants là où ils sont partis pour nous assurer que les enfants puissent à nouveau être scolarisés à la rentrée“, indique-t-elle. “On est hébergé oui, mais pour trois nuits, après, on ne sait pas…“, s’inquiète Dario, qui va être logé avec sa femme et ses 2 enfants. “C’est le gros problèmes des logements d’urgence : ils sont provisoires et les familles sont éclatées, alors qu’on a besoin d’être solidaire, ensemble, de s’entraider, pour réussir à survivre”, ajoute Dayana, venue avec son bébé Maya, en soutien des autres familles qui vident les dernières baraques du camp. Elle, est hébergée à durée indéterminée pour l’instant, dans un hôtel social à Maisons-Alfort. “Un endroit où ils n’ont pas le droit de fumer, pas le droit de faire la cuisine, pas le droit de recevoir …” regrette Samia Hamiche, qui soutient aussi les habitants du campement depuis leur installation.

Dayana et son bébé âgé de 7 mois, Maya

Dayana et son bébé âgé de 7 mois, Maya

Ce jeudi matin, une centaine de personnes étaient présentes devant le bidonville. Des solutions d’hébergement provisoire à l’hôtel ont été proposées à 23 ménages avec enfants mineurs, adultes âgés ou malades et femmes isolées, représentant environ 80 personnes.

Il reste désormais aussi à nettoyer le terrain, notamment l’immense décharge de milliers de tonnes de ferrailles, gravats et ordures.

Decharge Truillot Ivry sur Seine 4

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