Régionales 2015 | Val-de-Marne | 14/12/2015
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Régionales : enthousiasmes, déceptions et analyses des candidats en Val-de-Marne

Régionales : enthousiasmes, déceptions et analyses des candidats en Val-de-Marne

Profonde déception à gauche, intense réjouissance à droite. Au-delà des sentiments, comment les candidats du Val-de-Marne analysent ce scrutin et cette campagne.

“Je vis cette victoire avec beaucoup de joie car je suis aux côtés de Valérie Pécresse depuis des années et elle mène ce combat depuis 2010, se réjouit Vincent Jeanbrun, maire LR de L’Haÿ-les-Roses, qui va abandonner son mandat de conseiller départemental pour siéger au Conseil régional. “C’est une belle victoire dans un comtexte national complexe. Elle était loin d’être gagnée d’avance.  La persévérance et la qualité du projet concret et chiffré ont fait la différence”, se félicite Laurent Lafon, maire de Vincennes, président de l’UDI 94 et tête de la liste dans le Val-de-Marne.

Cette réussite prouve que la stratégie d’union de la droite et du centre dès le premier tour autour d’un accord d’idées et de programme était payante ! Cela a créé une vraie dynamique de campagne et au second tour, Valérie Pécresse a su tendre la main vers les électeurs en colère, ceux de Nicolas Dupont-Aignan et aussi ceux qui ont voté FN uniquement pour pousser un coup de gueule. A contrario, un certain nombre d’électeurs communistes n’on pu se résoudre à aller voter pour le candidat de François Hollande au second tour”, analysée Vincent Jeanbrun.

Un constat non partagé par la tête de la liste de Claude Bartolone au second tour dans le Val-de-Marne, Fabien Guillaud Bataille, secrétaire départemental du PCF. “Le Front de gauche a fait ce qu’il pouvait pour mobiliser son électorat, malgré la déception de celui-ci vis-à-vis de la politique gouvernementale,  et cela  bien marché car les scores sont meilleurs dans les villes communistes. Dans cette triste soirée pour la région Ile-de-France, le Val-de-Marne reste à gauche, souligne la tête de liste. Il y a eu un vrai mouvement mais cela n’a pas suffi.”

“Le Val-de-Marne n’est pas passé à gauche mais a pleinement joué son rôle dans la victoire. Les écarts de voix pour Valérie Pécresse entre 2010 et 2015 sont très importants dans le département”, pointe Vincent Jeanbrun.

Du côté de la gauche, les voix gagnées sur l’électorat FN passent mal. “Valérie Pécresse a droitisé sa campagne”, accuse Jonathan Kienzlen, premier fédéral du PS Val-de-Marne et 7e de liste de second tour. “Cela me fait mal au coeur que la gauche ait fait barrage au FN dans le Nord et le Suds en se désistant au profit de Christian Estrosi et Xavier Bertrand, et que dans le même temps, Valérie Pécresse soit élue en Ile-de-France grâce à la droitisation de sa campagne. Je trouve cela injuste et pas très propre, même si c’est la démocratie et l’alternance”, commente Pierre Serne, vice-président sortant de la région en charge des transports et tête de liste EELV-Cap 21 au premier tour.

“Il y avait une liste FN et les gens qui voulaient l’original prenaient l’original. Valérie Pécresse a fait tout sauf de la droitisation. C’est elle qui a tenu à intégrer le Modem alors que cela coinçait auprès de certains militants qui se souviennent que le Modem avait appelé à voter pour François Hollande au second tour de 2012.  Valérie Pécresse a réussi à mettre d’accord des personnes allant de Chantal Jouanno à la Manif pour tous autour d’un accord programmatique. Inutile de chercher caricaturer. Claude Bartolone s’y est essayé et s’est pris les pieds dans le tapis”, estime Vincent Jeanbrun.

“Il y a eu un réflexe de vote utile”, regrette Dominique Bourse-Provence, secrétaire départemental et tête de liste FN du Val-de-Marne. Les Franciliens sont rentrés dans la logique binaire droite gauche. Dommage.Entre le PS et LR, il y a une épaisseur de papier à cigarettes, ils votent 80% des lois ensemble!”

Premier secrétaire du MRC 94 et conseiller sortant réélu, cette fois dans l’opposition, Jean-Marc Nicolle insiste sur la question FN. “Alors que le Front National était en position de remporter plusieurs régions, il est distancé partout. C’est un soulagement pour toutes celles et tous ceux qui, comme moi, luttent contre les idées d’extrême droite. Pour autant, l’heure doit être à l’humilité plutôt qu’à la fanfaronnade. Les électeurs ont envoyé un signal fort la semaine dernière, une alerte que l’ensemble de la classe politique doit entendre.”

Pour la gauche non gouvernementale, la défiance vis-à-vis de la politique de François Hollande a largement influencé le scrutin. “Le gouvernement n’a fait aucune annonce. Et à une semaine des élections, il a même détricoté les mesures pour le vélo de la loi transition énergétique. Difficile d’aller convaincre les électeurs écologistes avec de tels messages contradictoires. Les gens n’aiment pas qu’on les prenne pour des abrutis. J’espère que cela va servir de leçon car il ne manquait que quelques voix par bureau“, reprend Pierre Serne.

 

En dehors de ce cette demande “d’inflexion de la politique du gouvernement“, pas de regret dans le déroulement de la campagne. Les petites phrases de fin de partie ont-elles joué? “Nous avons gagné beaucoup de voix entre les deux tours. La réplique de Claude Bartolone (ndlr: qui avait lâché “Pécresse défend Versailles, Neuilly et la race blanche lors d’une interview de fin de campagne au Nouvel Obs) s’est révélée catastrophique pour lui. Il y a eu un sursaut des Franciliens pour rejeter cette façon de faire de la politique“, estime Laurent Lafon. “C‘est un épi-phénomène qui ne fait que cristalliser le désenchantement”, juge pour sa part Fabien Guillaud Bataille

“Les scores sont nettement plus hauts que ce que l’on pouvait imaginer. L’Ile de France est l’un des régions où le FN a le plus  baissé, il y a eu un effet vote utile auquel nous ne pouvions pas faire grand chose. Certes il y a eu un sursaut de participation dans des quartiers populaires qui s’étaient abstenus mais on reste loin de la participation des territoires de droite. Mais nous avons de vraies bases pour que cette région repasse à gauche”, analyse Pierre Serne.

Et maintenant ? Côté majorité, c’est vendredi que commenceront les choses sérieuses, avec l’installation du Conseil régional et l’élection de son exécutif de vice-présidents.  Vincent Jeanbrun se verrait bien participer au travail sur le développement économique, l’apprentissage…  “Les centristes auront un groupe et seront partie prenante de l’exécutif”, indique pour sa part Laurent Lafon,

A gauche, on se prépare à siéger sur les bancs de l’opposition. “Nous allons nous battre contre le programme alarmant de Valérie Pécresse. Nous nous opposerons à tous les détricotages et serons très vigilants sur le projet du Grand Paris Express”, prévient Fabien Guillaud Bataille. “Nous souhaitons bonne chance à Valérie Pécresse et l’attentons désormais dans ses réalisations. Nous allons voir comment elle s’y prend concrètement pour réaliser 400 millions d’euros d’économies. Ce sera l’instant de vérité!“, prévientJonathan Kienzlen.

 

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