Réfugiés | | 19/01/2016
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Chevilly-Larue plaide pour un accueil partagé des migrants

Chevilly-Larue plaide pour un accueil partagé des migrants

Déjà ville d’accueil de quelques 70 réfugiés dans son ancienne gendarmerie, Chevilly-Larue s’inquiète d’un projet de reconversion d’un ancien foyer pour accueillir jusqu’à 200 migrants, et réclame un partage de l’accueil avec les autres villes. Explications des élus et de la préfecture.

Début septembre, la photo du corps sans vie du petit Aylan avait ému citoyens et élus, et les propositions affluaient pour accueillir des réfugiés. Dans le Val-de-Marne, 633 migrants ont été accueillis au total en 2015, a précisé le préfet lors de ses voeux.

Fin octobre, une centaine de réfugiés ont notamment été accueillis dans des anciennes gendarmeries de Chevilly-Larue et Fontenay-sous-Bois, principalement issus du lycée Jean Quarré de Paris, qui avait accueilli jusqu’à 1300 personnes.  Depuis, d’autres les ont rejoints tandis qu’une bonne dizaine se sont vus proposer un logement ailleurs. Pour rappel, les réfugiés accueillis étaient des demandeurs d’asile, dont la situation devait être étudiée sur place durant 2 mois à 2 mois et demi, par l’Opfra. Deux types de protection peuvent être accordées : celle de réfugié en application de la Convention de Genève au titre des risques de persécutions auxquels il est exposé dans son pays d’origine pour des motifs politiques, religieux, ethniques ou liés à son appartenance à un groupe social (femmes exposées à l’excision, orientation sexuelle etc.), ou celle de la protection subsidiaire prévue par le droit de l’Union européenne en considération d’autres menaces graves contre sa vie et sa personne, par exemple celles auxquelles l’expose un état de guerre généralisé dans son pays d’origine.  S’ils sont reconnus dans l’une de ces deux situations, ils seront alors pris en charge par un dispositif national d’accueil pour trouver une solution d’accueil de plus long terme. “Cet accueil s’effectue dans les zones détendues, où la demande en logement social est inférieure à l’offre“, précise Denis Declerck, sous-préfet chargé de la politique de la ville dans le Val-de-Marne. En raison de l’afflux des demandes, le délai de traitement par l’Opfra peut toutefois prendre un peu plus de temps.

“La solidarité doit être partagée entre les communes”

A Chevilly-Larue, deux sites avaient été initialement envisagés pour accueillir des réfugiés, celui de l’ancienne gendarmerie (finalement choisi) et celui d’un ancien foyer de jeunes travailleurs de la rue du Béarn, piste qui avait été éliminée en raison des travaux trop lourds pour le réhabiliter. Sauf que fin décembre, la maire PCF de la ville a reçu un coup de fil du sous-préfet de sa circonscription pour lui annoncer que ce centre serait prochainement transformé en Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada). “Nous avons accueilli volontairement 70 personnes à la gendarmerie et l’assumons, avec les difficultés que cela a pu occasionner. Les personnes que nous accueillons sont tous des hommes seuls et célibataires, et au bout d’un mois, il y a eu quelques problèmes de voisinage. Heureusement, nous avons pris les choses en main tout de suite et rappelé les règles avec l’aide de la Croix rouge, qui accompagne cet accueil. Cela s’est bien passé et les problèmes ont pu être réglés d’autant plus vite que le nombre de personnes était limité. Je n’imagine pas voir arriver 200 hommes en plus dans le coeur de ville. La solidarité doit être partagée entre les communes. En outre, la réhabilitation de l’ancien foyer, qui coûterait 2,5 millions d’euros rien que pour le rendre habitable (il faut notamment le désamianter) resterait extrêmement vétuste, avec des chambres de 9m2 et des points d’eau collectifs sur le palier. En outre, cela irait à l’encontre de nos efforts pour sortir le quartier de sa logique de grand ensemble, en perçant la barre pour développer la mixité”, développe Stéphanie Daumin, maire PCF de la ville.

Sur ce sujet, la maire a l’appui de son opposition. “Le Groupe LR-UDI du Conseil Municipal de Chevilly-Larue s’oppose fermement à la transformation d’un foyer pour jeunes travailleurs situé en plein cœur de ville en résidence pour migrants. (…) Fidèle à ses valeurs, et à sa tradition d’accueil, il rappelle que Chevilly-Larue a déjà pris largement sa part dans l’accueil de migrants en accueillant 70 personnes dans une ancienne gendarmerie. De plus, notre ville est dépourvue de moyens de sécurité efficaces : pas de vidéo-protection ; agents de sécurité de la ville et du Commissariat de l’Hay les Roses en sous effectifs. Cet accueil nous exposerait à une réelle prise de risque vis à vis de la population. Non, Chevilly Larue n’a pas vocation à accueillir tous les migrants du Val-de-Marne !”, dénonce Patrick Vicériat, président du groupe au Conseil municipal.

Rien n’est décidé

Pour l’instant, rien n’est décidé, rappelle Denis Declerck. Il y a eu un appel d’offre au niveau de la préfecture de région, mais l’ouverture des plis ne s’effectuera que fin janvier. Si des places de Cada étaient ouvertes à Chevilly, cela se ferait en remplacement de l’accueil d’urgence actuel, il n’y aura pas les deux. Et puis, il est aussi envisageable d’avoir une résidence sociale comprenant quelques places de Cada”, tempère le sous-préfet.

“J’entends bien mais j’ai eu beaucoup de remontées et je sais qu’Osica et Adoma ont été sollicités pour faire des devis, alors je préfère prendre les devants pour éviter une erreur“, maintient Stéphanie Daumin.

140 places Cada à réaliser en Val-de-Marne

Dans le détail, la préfecture de région Ile-de-France a lancé un appel à projets de places Cada début décembre portant sur 749 places en Ile-de-France, à réaliser de janvier à juillet 2016. A l’échelle du Val-de-Marne, le nombre de places à réaliser est de 140. (Voir l’avis de lancement de la campagne en Val-de-Marne). Cet objectif s’inscrit dans le cadre d’un objectif national de création de 8 630 places supplémentaires dont 5 130 dédiés aux demandeurs d’asile relocalisés (il s’agit des migrants qui arrivent d’autres pays européens, par exemple de hotspots en Italie ou en Grèce, suivant un plan de répartition européen). Ceci pour respecter l’engagement de la France à accueillir 30 700 demandeurs d’asile en deux ans.

 

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