Education | | 09/03/2016
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Crise entre enseignants, parents et animateurs à l’école Guy Môquet de Nogent-sur-Marne

Crise entre enseignants, parents et animateurs à l’école Guy Môquet de Nogent-sur-Marne

Dépôts de plainte à la police pour violences, conflit ouvert entre l’équipe enseignante et les fédérations de parents d’élève d’un côté,  les animateurs et la municipalité de l’autre… Rien ne va plus à l’école Guy Môquet de Nogent-sur-Marne, au point que les parents viennent de déposer un dossier auprès de la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) pour demander son intervention.

Jusqu’à la rentrée de septembre 2015 pourtant, l’ambiance était au beau fixe et l’école souvent citée en exemple par la mairie pour son projet pédagogique autour du violon. Le malaise a démarré au mois d’octobre. Lors du premier Conseil d’école de novembre 2015, les parents se plaignent de comportements, tenue et langage inapproprié de certains animateurs, dont l’équipe a été renouvelée à la rentrée, et demandent des comptes sur leur formation et leur diplôme. “Pantalons sur les fesses, casquette, portable dans la cour…”, cite un délégué parent d’élève. Il est reproché tantôt un rapport un peu trop familier, tantôt trop violent. Des élèves se plaignent notamment à la direction de l’école d’alignement contre le mur pour des “contrôle de police de cartes Pokémon” relatent les parents. Les échanges de cartes Pokemon, dont certaines cartes valent des fortunes, sont de fait interdites dans l’établissement.

En parallèle, les animateurs et des personnels du prestataire de restauration dénoncent un comportement “violent” et “raciste” de la part du directeur de l’école lors du temps de cantine. Un paquet de lettres des animateurs arrive sur le bureau de la mairie et de l’Inspection académique. Convoqué par la mairie, le directeur de l’école est immédiatement destitué de sa vacation d’encadrement de la cantine, remplacé par l’une des animatrices ayant dénoncé son comportement. Une professeure de l’école voisine, avec qui  la restauration scolaire est organisée en commun, se voit également signifier la fin de sa vacation de manière immédiate, par courrier.  (Pour rappel, le temps de cantine est sous la responsabilité de la ville et non de l’Education nationale). L’Inspection académique met en revanche le directeur hors de cause. De son côté,  l’ensemble des enseignants adressent une lettre de soutien à leur directeur à l’Inspection. “Il a été mis fin de manière unilatérale aux fonctions de cantine du directeur de l’école sur présomption de culpabilité“, dénonce Luc Bénizeau, du syndicat SnudiFo, pour qui ce type de situation témoigne de “l’accélération de la main-mise des municipalités sur les écoles”.

Mais la situation ne s’arrange pas avec la nouvelle organisation. “Dès le premier jour, les enfants ont été fouillés pour vérifier s’ils n’avaient pas embarqué un morceau de pain de la cantine”, dénonce David Samama, tête de liste EcoloParents à l’école. Les parents commencent à s’impatienter et sollicitent un rendez-vous avec la ville, qu’ils obtiennent. Les trois associations de parents (Fcpe, Peep, Ecolo Parents) envoient un courrier commun pour demander un remaniement de l’équipe d’animation. Début janvier, la retenue d’un enfant par un animateur, au tout début des cours de l’après-midi à  la fin de la pause méridienne, ulcère cette fois les enseignants. Dans cette ambiance où tout le monde s’accuse mutuellement, chaque fait est épié et interprété et les rapports entre les équipes d’enseignants et d’animateurs est électrique.

Le 12 février, c’est dans une ambiance chauffée à blanc que se tient le deuxième Conseil d’école. Compte-tenu du contexte de crise, le maire LR de la ville, Jacques JP Martin, est présent, ainsi qu’un adjoint de l’Inspection de circonscription, qui tente de jouer les conciliateurs et rappelle la confiance qu’a l’Education nationale dans son directeur tandis que la ville renouvelle son soutien aux animateurs. Parents et enseignants font bloc tandis que la ville propose une nouvelle réunion avec le directeur d’école pour tenter d’apaiser les choses.

L’ambiance reste aussi délétère à l’issue du Conseil qu’avant et les parents continuent de faire remonter leurs griefs. Une mère demande une dérogation pour changer d’école en invoquant “des soucis de violence sur le temps périscolaire“, une plainte est déposée au commissariat, accusant deux personnels du prestataire de cantine, dont l’un est vacataire sur le temps péri-scolaire du matin, d’avoir intimidé un élève devant chez lui. Les vacances n’apaisent pas la situation et alors que les témoignages signés ou anonymes se succèdent, la ville affiche un communiqué sur les murs de l’école, accompagnée de l’affichage d’une lettre anonyme de parents. “Nous n’avons pas l’intention de polémiquer et de répondre à de telles assertions diffamatoires à l’égard de nos animateurs et de leurs responsables administratifs”, s’agace la maire-adjointe aux  affaires scolaires, Véronique Delannet. “Ces remarques malveillantes et désobligeantes exprimées dans une volonté de nuire à l’image, la réputation et la considération de nos agents deviennent par trop récurrentes, calomnieuses et diffamatoires“, poursuit l’adjointe qui rappelle que les animateurs travaillent dans la ville depuis de nombreuses années et que la ville n’écartera pas la possibilité de “porter plainte pour harcèlement, propos calomnieux et diffamatoires à leur encontre”. Et de conclure qu’il est hors de question de modifier l’équipe d’animation et “qu’il n’est pas nécessaire de s’apprécier pour travailler ensemble”.

“En bref, la ville menace d’attaquer en diffamation les parents qui témoignent!”, s’indigne David Samama. Furieuse, l’association vient de saisir la DDCS (Direction départementale de la Cohésion sociale). De son côté, le maire dénonce une “orchestration de l’événement” par la direction de l’école et appelle à “un retour au calme“, indiquant qu’il va à nouveau rencontrer le directeur de l’établissement d’ici quelques jours.

 

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