Gouvernance | | 16/01/2016
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Le Conseil du territoire T10 a élu son exécutif exclusivement masculin

Le Conseil du territoire T10 a élu son exécutif exclusivement masculin

Un président, Jacques J-P Martin, maire LR de Nogent-sur-Marne, et douze vice-présidents (liste ci-dessous). Le conseil de territoire T10 a permis une belle photo au look troisième république ce vendredi 15 janvier, à l’occasion de sa séance d’installation. 

Pourquoi le bureau d’un des 12 territoires de la métropole du 21 e siècle, peuplé de plus d’un demi-million d’habitants, n’est-il composé que d’hommes ? L’explication est simple : il s’agit des maires des treize communes du territoires. Certes, quelques-uns auraient pu laisser leur siège à une adjointe compétente, comme l’a par exemple fait le maire LR de Villeneuve-le-Roi dans le T12,  certains y ont même pensé. “Au départ, nous étions plusieurs élus à souhaiter laisser la place à une adjointe, mais il était nécessaire que ce soit les maires qui soient présents au démarrage, en gage de notre bonne volonté.  Nous nous sommes donc dévoués. Mais cette situation n’a pas vocation à durer et le bureau devrait évoluer”, explique Gilles Carrez, député-maire LR du Perreux-sur-Marne. Avec la loi sur le non cumul des mandats, plusieurs maires-parlementaires devront en outre laisser leur siège en 2017. Pour compenser ce mâle exécutif, la ville de Fontenay a demandé, par la voix de l’adjoint Nassim Lachelache (SE), de faire place aux femmes via les présidences de commission. Une demande également lancée par Gilles Carrez. “Il faut qu’il y ait des femmes dans le bureau!”, a insisté l’élu, applaudi par l’assemblée. Au moins cette idée fait -elle consensus. Les présidents et présidentes de commission pourront assister au bureau  lorsqu’ils seront désignés, mais sans pouvoir y voter. “Ce vote en bureau est assez symbolique car les décisions sont de toutes façons validées par des votes internes à la majorité”, relativise le maire du Perreux.

T10 2

Pour les maires, déterminés à ne rien lâcher de leur gestion municipale, cet exécutif verrouillé aux édiles constitue une assurance que rien ne se décidera dans leur dos. C’est du reste ce qu’ont martelé tous les élus qui ont pris la parole, du maire PCF de Champigny-sur-Marne, hôte de la séance, qui a fait part de sa bonne volonté pour travailler avec ses pairs à condition de respecter une coopérative de villes, au doyen de l’assemblée, René Gaillard, élu de Saint-Maur-des-Fossés, qui a pris d’avance la défense de sa ville, demandant de lui laisser le temps de faire son “aggiornamento culturel“, regrettant qu’elle ait été “brocardée pour son isolement”.

“Toutes les décisions devront se prendre par consensus, a prévenu Laurent Lafon, conseiller régional-maire UDI de Vincennes. “Ce territoire que nous les maires n’avons pas voulu, nous l’utiliserons dans le respect des politiques municipales, a pour sa part immédiatement rassuré Jacques JP Martin, à peine élu président. Je m’engage à pratiquer des méthodes héritées de Paris Métropole et de l’Actep en choisissant d’abord la recherche de consensus et en ne prenant pas des décisions qui concernent une commune sans son accord. Nous sommes dans une coopérative de ville.” De son côté, Michel Herbillon, député-maire LR de Maisons-Alfort, a rappelé que tous les parlementaires présents avaient voté contre la loi créant la métropole du Grand Paris. “Cette organisation n’est pas tenable. C’est un objet de curiosité atypique pour les chercheurs en sociologie politique. Je m’oppose à cette organisation“, a conclu l’élu.

Les compétences obligatoires, rien que les compétences obligatoires, tel est le mot d’ordre. “Les PLU sont déjà bouclés par les villes et l’eau est gérée par un énorme syndicat qui va bien au-delà du seul T10. Cette structure sera donc surtout  en charge de la gestion des déchets. Et tout cela devrait s’arrêter en 2017“, glisse un élu en sortant de la séance. Difficile dans ce contexte d’imaginer le territoire comme l’instrument d’une politique volontariste de développement et de rééquilibrage de la métropole.

“Je suis un fervent du fait métropolitain mais son expression législative n’est pas celle pour laquelle j’ai milité depuis dix ans. J’étais favorable à la création d’EPCI (Etablissements de coopération intercommunale) de plein exercice, plutôt que des fausses intercommunalités qui n’auront plus de moyens en 2020. Pour autant, je crois que nous devons mettre ces quatre années à profit pour travailler à la transformation de ces territoires en vrais EPCI. Cette loi va nous conduire à travailler ensemble et à optimiser nos services.  Profitons de cette opportunité et ne regardons pas que les difficultés“, défend Jacques J-P Martin.

martin T10

Signe que le consensus primera à toute décision, deux points à l’ordre du jour du premier conseil ont d’ores et déjà été repoussés à la prochaine séance, celui de l’attribution des compétences à chaque vice-président et celui du nom du territoire. “La première réunion de l’EPT 10 qui s’est tenue ce vendredi 15 janvier à Champigny a été une mascarade ! La moitié des points prévus à l’ordre du jour ont été retirés dans la confusion”, a commenté François Cocq, maire-adjoint PG de Champigny-sur-Marne.

Dans un contexte budgétaire un peu tendu pour les villes, entre la réduction des dotations de l’Etat et les nouvelles dépenses obligatoires comme l’accompagnement des activités péri-scolaires liées aux nouveaux rythmes, les communes craignent aussi pour leurs deniers. “Cette structure devra être économe de l’argent public. Si elle apporte de la confusion et des coûts supplémentaires, nous aurons échoué“, a ainsi rappelé Michel Herbillon dans son message de félicitation au président fraîchement élu.

Contrairement aux territoires T11 et T12, qui comptent chacun plusieurs anciennes communautés d’agglomération importantes (dans le T12 par exemple, 1300 agents issus des différentes structures vont recevoir leur première fiche de paie d’un EPT (Etablissement public de territoire) commun fin janvier), ce n’est pas le cas du T10, ce qui génère à la fois moins de difficultés mais aussi beaucoup d’appréhension. Dans le territoire T10, seulement deux petites communautés d’agglo pré-existaient, celle de Charenton Saint-Maurice, qui a été dissoute fin 2015, avec un rapatriement complet des compétences et des personnels dans les communes, et celle de Nogent-Le Perreux, qui a seule été déposée dans la corbeille de mariée du T10, et qui n’est pas reconnue d’office comme la structure légitime du futur EPT par les autres villes. “La structure de l’EPT va être impactée à court terme et il est important de trouver un équilibre rapidement”, a souligné Laurent Lafon, tout en réclamant une “transparence totale” dans la gestion des affaires, afin que “l’absence d’information ne se transforme pas en méfiance”

Comme lors de l’installation du T12, une cinquantaine d’agents territoriaux de la CGT ont organisé un comité d’accueil à l’extérieur, pour rappeler leur opposition à la réforme territoriale et leurs préoccupations sur le devenir de leur statut dans le nouvel ensemble métropolitain.

manif CGT T10

Composition du bureau du Conseil de territoire T10

Président : Jacques JP Martin, maire LR de Nogent-sur-Marne
1er vice-président : Sylvain Berrios, député-maire LR de Saint-Maur-des-Fossés
2e vice-président : Dominique Adenot, maire PCF de Champigny-sur-Marne
3e vice-président : Michel Herbillon, député-maire LR de Maisons-Alfort
4e vice-président : Jean-François Voguet, maire PCF de Fontenay-sous-Bois
5e vice-président : Laurent Lafon, conseiller régional – maire UDI de Vincennes
6e vice-président : Gilles Carrez, député-maire LR du Perreux-sur-Marne
7e vice-président : Jean-Marie Brétillon, maire LR de Charenton-sur-Marne
8e vice-président : Jacques-Alain Bénisti, député-maire LR de Villiers-sur-Marne
9e vice-président : Patrick Beaudoin, maire LR de Saint-Mandé
10e vice-président : Oliver Dosne, conseiller régional – maire LR de Joinville-le-Pont
11e vice-président : Jean-Pierre Spilbauer, maire DVD de Bry-sur-Marne
12e  vice-président : Christian Cambon, sénateur-maire LR de Saint-Maurice

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