Grands projets | | 14/06/2016
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Le piétonnisation de la rive droite de la Seine divise Paris et sa banlieue

Le piétonnisation de la rive droite de la Seine divise Paris et sa banlieue © Luxignon

Pourra-t-on un jour rejoindre le coeur de Paris en vélo depuis les quais de Marne puis de la Seine,  sans croiser de voiture, poser sa serviette quai Henri IV et piquer une tête jusqu’à l’île Saint Louis ? Tel est  l’objectif affiché de la ville de Paris avec comme prochaine étape, la piétonnisation de 3,3 km de la voie Georges Pompidou rive droite, entre le tunnel Henri IV et le tunnel des Tuileries, trois ans après celle de la rive gauche entre le pont Royal et le pont de l’Alma.

Cette voie créée dans les années 1960 en mordant sur la Seine, correspondait à la période du plein essor de l’automobile. Une époque dont souhaite sortir la capitale, au profit de circulations douces et transports en commun. A la place des voitures : vélos, piétons et rollers seront les bienvenus. Divers aménagements sont prévus, notamment de loisirs et de restauration-bar, en réinvestissant les locaux situés dans le renfoncement des quais. Pour la ville de Paris, cette reconquête des berges de la Seine répond à la fois à des enjeux environnementaux de lutte contre la pollution, de valorisation du patrimoine architectural de la capitale et d’encouragement du sport et des activités de plein air dans le cadre de la candidature aux Jeux Olympiques de 2024 lors desquels elle espère qu’il sera à nouveau possible de se baigner dans le fleuve.

Ce projet fait actuellement l’objet d’une enquête publique auprès des Parisiens, du 8 juin au 8 juillet. Voir le site Internet avec tous les documents. Auprès des seuls Parisiens, c’est bien ce qui énerve en banlieue, car l’impact de la fermeture des quais à la circulation automobile ne concernera pas que les habitants intramuros. C’est dans ce contexte que le sénateur-maire LR de Saint-Maurice, s’est fendu de courriers au président de la Commission d’enquête ainsi qu’aux préfets de région et de police de Paris et à celui de la Métropole du Grand Paris, pour réclamer une consultation à l’échelle métropolitaine. “Car la fermeture des voies sur berge n’est pas une question à régler entre soir, c’est à dire entre Parisiens. Elle aura un impact direct sur le temps de déplacement des habitants de nos communes. Les voies sur berges constituent aussi un axe majeur pour les entreprises du Val-de-Marne, comme pour leurs employés. La thrombose orchestrée de cette artère vitale porte en elle un risque économique certain“, s’inquiète l’élu. “Si d’ans l’absolu, la reconquête des berges peut se justifier à terme, il aurait été bien plus souhaitable de créer d’abord un réseau alternatif de transports en commune avant d’imposer de nouvelles contraintes à des dizaines de milliers de Franciliens“, reprend l’élu qui questionne également le projet de tramway sur les quais haut, envisagé par la ville de Paris pour relier l’est et l’ouest, en demandant qui paiera, les seuls Parisiens ou l’ensemble des Franciliens. “Il paraît paradoxal que, dans le même temps, Paris affiche un réel mépris de la qualité de vie des autres Franciliens et accapare à ses propres fins une partie considérable de l’effort fiscal qu’ils consentent”, appuie le parlementaire.

L’impact des fermetures sur la circulation a également été questionné par l’Autorité environnementale, qui a malgré tout rendu un avis positif tout en réclamant un approfondissement concernant les partis pris architecturaux, insistant sur l’enjeu du projet portant sur un patrimoine classé par l’Unesco, les risques d’inondation et les conséquences sur le trafic des quais haut, du boulevard Saint Germain et des autres voies. “La voie Georges Pompidou supporte un trafic élevé : environ 43 000 véhicules par jour au niveau du tunnel des Tuileries et environ 2700 véhicules par heure pour le trafic aux heures de pointe”, note l’Autorité, qui s’inquiète de “complications importantes pour l’écoulement des flux” durant ces heures de pointe alors que les temps de parcours sont déjà multipliés par deux ou trois entre les places de la Concorde et du Châtelet. L’Autorité demande un étude plus globale sur les impacts en termes de circulation automobile mais aussi de report sur les transports en commun. “Les conséquences de la fermeture à la circulation de la voie Georges Pompidou sont déjà largement appréhendées et analysées lors des épisodes de crue qui interviennent régulièrement mais qui, en raison de leur soudaineté, ne laissent pas un temps d’adaptation suffisant aux automobilistes pour changer leur comportement. Comme après la fermeture de la voie sur berges rive gauche, il apparaîtra que les constatations faites sur le terrain seront plus favorables que les simulations, notamment en raison de ce changement des comportements et de l’évaporation du trafic“, répond de son côté la ville de Paris qui indique avoir à la fois réalisé une modélisation macroscopique à l’échelle de l’Ile-de-France et une simulation microscopique à l’échelle de projet pour anticiper l’impact sur la circulation.

Voir la description du projet.

Voir l’avis de l’Autorité environnementale et les réponses de la ville de Paris.

Voir le courrier de Christian Cambon au commissaire enquêteur

En février, le Conseil départemental du Val-de-Marne avait auditionné le premier adjoint à la mairie de Paris, Christophe Najdovski, sur le projet, voir l’article à ce sujet.

 

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