Education | Val-de-Marne | 08/03/2016
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Le Snuipp-Fsu s’alarme de la disparition des réseaux d’aide aux élèves décrocheurs

Le Snuipp-Fsu s’alarme de la disparition des réseaux d’aide aux élèves décrocheurs

“Depuis 2008, nous avons perdu deux-tiers des effectifs des Rased (réseaux d’aide spécialisée aux enfants en difficulté) en Val-de-Marne”, évalue Hélène Houguer, enseignante à Villeneuve-Saint-Georges et déléguée Snuipp-Fsu.

Ces réseaux, constitués de psychologues et d’enseignants spécialisés (maîtres E ou G), permettent de sortir des classes les élèves en très grande difficulté et parfois en décrochage scolaire, pour travailler avec eux par tout petit groupe. “Aujourd’hui, je dois suivre 120 élèves en très grande difficulté alors que je travaille à mi-temps. Il m’est devenu impossible de travailler par tout petit groupe et je suis obligé de changer d’élèves toutes les 6 semaines pour pouvoir voir tout le monde. Résultat, je fais du saupoudrage, regrette Marc Lesvignes, maître E à Créteil et délégué Snuipp-Fsu. Avant 2008, nous avions 4 maîtres E, 2 maîtres G et 2 psys dans la circonscription de Créteil. Aujourd’hui, nous avons 1,5 poste de maître E, 1 maître G et toujours deux pys mais l’une d’elle est partie en congé maternité non remplacé.”  Le syndicat enseignant tenait une conférence de presse départementale ce lundi 7 mars, pour dénoncer les mesures de cartes scolaires prévues pour la rentrée de septembre 2016. L’occasion d’évoquer plusieurs problèmes dont cette fonte progressive des réseaux d’aide, survenue sans tambour ni trompette,  en ne remplaçant plus les enseignants spécialisés qui partaient en retraite ou étaient mutés.

Une mort lente démarrée en 2008, date à laquelle l’école est passée à 4 jours par semaine au lieu de 4,5. A l’époque,  il est demandé aux enseignants de consacrer 2 heures par semaine pour faire de l’aide individualisée, en contrepartie de leur demi-journée du samedi. “Mais le réseau d’aide et l’aide individualisée n’ont rien à voir. Les réseaux d’aide sont constitués d’enseignants spécialisés, outillés pour travailler avec des élèves en très grosse difficulté. L’aide individualisée est proposée en plus des cours, à des élèves qui ne sont pas forcément en état d’apprendre à ce moment là“, note Stéphane Petiteau, enseignant à Orly.

Un besoin de plus en plus important en psychologues

Les postes de psychologues, eux, ont été maintenus, “car c’est obligatoire”, relève Marion Fouret, enseignante au Kremlin-Bicêtre. “Mais le compte n’y est pas, reprend Cécile Quinson, secrétaire départementale du syndicat. L’idéal serait d’avoir un psy pour 800 élèves, ce qui équivaudrait à 170 psys dans le département. Au lieu de quoi, il n’y en a que 72.” Au Kremlin-Bicêtre, il n’y a qu’un psy pour 2000 élèves et il n’y a plus de maîtres E ni G, signale Marion Fouret. Dans la circonscription d’Orly, il n’y a que 3 psys alors qu’il y a quatre postes, et l’un deux doit partir à la retraite à la fin de l’année, s’inquiète Stéphane Petiteau. Sur le papier, la circonscription devrait toutefois être dotée de 5 postes à la rentrée. A Fontenay encore, il n’y a que 3 psys pour 25 écoles, pointe Cécile Quinson. “Le problème est que nous avons de plus en plus besoin des psys. Car depuis la loi handicap de 2005 et l’inclusion scolaire des élèves porteurs de handicap, un certain nombre d’élèves ont besoin d’un soutien psy et il y a beaucoup de réunions où leur présence est nécessaire”, explique Hélène Houguer.  En principe, 9 enseignants (de formation initiale psy) pourraient toutefois partir en formation pour devenir psychologues scolaires l’année prochaine, contre deux seulement l’an dernier, mais cet accord de la Direction académique doit encore être confirmé, indique le syndicat.

Les départements en concurrence pour les postes

Au-delà de la question des réseaux d’aide, le syndicat réclame également plus de postes d’enseignants. “Pour avoir des classes de 20 élèves en réseau d’éducation prioritaire et 25 élèves par classe en zone banale, ce qui constitue le ratio idéal selon la Snuipp-Fsu,  il faudrait 700 postes supplémentaires dans le département“, note Cécile Quinson. Surtout, le syndicat s’agace de ce que le plan “9 mesures pour les écoles de Seine-Saint-Denis”, destiné à répondre au besoin urgent et criant d’enseignants dans le département voisin, n’ait pas fait l’objet d’attributions de postes spécifiques supplémentaires. “Du coup, on se retrouve en concurrence entre départements alors que nous sommes totalement solidaires avec la Seine-Saint-Denis”, dénonce Cécile Quinson.  Sur les 650 postes supplémentaires accordés à l’Académie de Créteil, 503 ont en effet été attribués à la Seine-Saint-Denis en vertu de ce plan 9 mesures, contre 80 pour la Seine-et-Marne et seulement 67 pour les écoles du Val-de-Marne.

Les enseignants veulent être “reconnus”

Dans le cahier de doléances du syndicat enseignant, les questions de formation sont aussi évoquées, qu’il s’agisse de la formation initiale ou continue. Concernant la formation initiale, le syndicat s’inquiète du taux important d’élèves en grande difficulté (47 stagiaires, soit 10,44% selon leurs statistiques). Concernant la formation continue, les enseignants regrettent le remplacement des anciennes 36 semaines à répartir sur une carrière, qui s’effectuaient souvent par période de 3 semaines (durant lesquelles les professeurs étaient remplacés par des étudiants s’étant préparés à cette échéance en venant auparavant dans la classe), contre désormais 18 heures par an dont 9 heures en formation à distance. “Au lieu de choisir nos pratiques en fonction de nos besoins, ces heures d’animation pédagogique se font au niveau de l’école, avec des projets votés à la majorité qui ne motivent pas tout le monde. Et concernant la formation à distance, on se sent surveillé, tracé, obligé de rendre compte. Nous souffrons d’un manque de confiance et de reconnaissance“, insiste Emmanuelle Jollet, enseignante à Maisons-Alfort.

Mais qu’est-ce qui motive donc les enseignants malgré tout?  Les réponses fusent, unanimes : “Les élèves!” 

Voir les réponses apportées par la directrice académiques des services de l’Education nationale (Dasen), Guylène Mouquet-Burtin.

 

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