Société | | 02/09/2017
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Bourse du travail à Villejuif : manif et occupation de la mairie

Bourse du travail à Villejuif : manif et occupation de la mairie © Fb

Rentrée très tendue à Villejuif où la manifestation contre la fermeture de la Bourse du travail s’est achevée hier par une occupation du bureau du maire avant évacuation par la police. Reportage.

Le projet de fermeture de la Bourse de travail de Villejuif, bâtiment symbole de l’action syndicale, fait polémique depuis deux ans. Cette reconversion du bâtiment situé au 16 rue Jean Jaurès, s’est accélérée cet été par un référé demandant l’expulsion de ses occupants au Tribunal administratif de Melun. Alors que les syndicats ont jusqu’au 10 septembre pour quitter les lieux sous peine d’une astreinte financière, la manifestation organisée par les représentations locales des syndicats (CGT, FO, Solidaires, CFDT et FSU) ce vendredi 1er septembre a fait le plein d’opposants. Dès 12h30, quelques 400 personnes étaient rassemblées devant la Bourse du travail, se muant en cortège pour aller jusqu’à la mairie. Une fois sur place, plusieurs dizaines de manifestants ont investi l’hôtel de ville et le bureau du maire, Franck Le Bohellec, lequel s’est réfugié dans un bureau voisin. L’occupation s’est prolongée durant tout l’après-midi jusqu’à leur expulsion par la police en début de soirée.

«Défendons notre bien commun», pouvait-on lire sur une banderole tendue contre le mur de la Bourse du travail, inaugurée en 1986 par le maire communiste Pierre-Yves Cosnier.  Depuis 2015, les discussions entre la mairie et les syndicats n’avaient pas fait consensus malgré plusieurs rencontres ayant abouti à un projet de convention adressé aux syndicats. “Ce dernier, qui prévoyait la mise à disposition précaire et gracieuse des locaux laissant à leur charge l’entretien et les fluides, est resté sans réponse de leur part“, insiste le maire. Fin mai 2016, la ville a demandé aux syndicats de quitter les lieux avant un référé au tribunal cet été 2017. “Les lieux, occupés par les syndicats depuis les années 1960, sont sans conventionnement depuis plus de 30 ans. Dès lors, ce bien immobilier important n’apporte aucun revenu et coûte à la collectivité”, ajoute le maire, qui rappelle le contexte de réduction des dotations de l’Etat aux collectivités et indique que le coût d’entretien de ce bâtiment, posé sur un terrain de 1000 m2, représente environ 110 000 euros par an.  «Certes, il y a bien eu cette proposition du maire de Villejuif en 2016 mais elle était unilatérale, non chiffrée, pas aboutie. Puis, il est sorti du bois avec ce recours devant le tribunal administratif mais nous allons contre-attaquer parce que la justice a été expéditive et que nous avons des arguments à faire valoir. Le problème c’est que la voie de recours, la cassation, n’a pas d’effet suspensif, donc nous pouvons encore être expulsés», réagit Marc Bonnet, secrétaire départemental de FO.

Parmi la foule rassemblée ce vendredi, Isabelle, qui travaille à l’institut Gustave Roussy et milite à la CGT, ne se résout pas à la disparition du bâtiment. «Ici, nous organisions des formations pour les délégués du personnel. Et puis, ces permanences en dehors des lieux de travail permettent de libérer la parole des employés. Enfin, ce sont des structures qui permettent de voir d’autres choses. Les salariés du privé rencontrent ceux du public, nous échangeons.»  Jean-Marc, enseignant en retraite, estime que c’est un nouveau coup de boutoir contre les plus fragiles. «Dans cette bourse du travail par exemple, il y a des ateliers d’alphabétisation pour les travailleurs qui ne parlent pas français. C’est un lieu d’éducation populaire qui pourrait disparaître du jour au lendemain si l’on ne se bat pas.» Un participant ironise en notant que «même Balkany a fichu la paix à la Bourse du travail à Levallois.»

Les responsables syndicaux des organisations se succèdent au micro. Cédric Quintin, secrétaire départemental de la CGT, dénonce «l’acharnement du maire pour liquider ces locaux et fragiliser les travailleurs» et promet de ne pas lâcher Villejuif.

Au milieu des manifestants, des élus communistes sont venus apporter leur soutien, à l’instar de la sénatrice Laurence Cohen, des conseillers départementaux Flore Munck, Pierre Garzon, Gilles Saint-Gal, Fatiha Aggoune, ainsi que des élus d’opposition à la mairie de Villejuif. La députée de la circonscription, Albane Gaillot (LREM) est également apparue brièvement. La nouvelle députée de la 11e circonscription a écrit au préfet pour lui faire part de son inquiétude concernant la disparition de la Bourse du travail, rappelant qu’un projet de relocalisation avait été envisagé et regrettant une expulsion précipitée.

Occupation de la mairie

Après les interventions des porte-paroles syndicaux, le cortège s’est dirigé en direction de la mairie, s’encourageant de slogans et de sono, sous les regards curieux des riverains accoudés à leurs fenêtres. Arrivés devant le bâtiment encore en travaux, quelques dizaines de manifestants ont pénétré à l’intérieur pour réclamer un rendez-vous avec le maire, avant d’aller occuper son bureau. Prévenu, ce dernier s’est réfugié dans une pièce voisine.

La majeure partie des manifestant est restée à l’extérieur de la mairie. Au fur et à mesure de l’après-midi, les rangs se sont clairsemés mais les plus déterminés sont restés dans les murs de l’hôtel de ville.

«Après avoir chassé le maire de son bureau, les occupants l’ont squatté, se prenant en photo dans le fauteuil du maire, fouillant dans ses dossiers, et se filmant en direct sur les réseaux sociaux. Les agents ou élus qui n’ont pas eu le temps de retourner à leurs bureaux pour les fermer, les ont retrouvés saccagés voire même pillés selon les premières remontées de la police et des agents. Un adjoint au maire, qui s’était retrouvé quelques instants plus tôt bousculé dans le bureau du maire, est tombé inconscient sur le parvis et a dû être évacué par les pompiers. De même, un agent enfermé par peur dans son bureau et faisant un malaise, a dû être sorti avec l’aide de la police municipale. Un autre agent, blessé lorsque les syndicats ont forcé l’entrée de son bureau, s’est rendu à l’hôpital», témoigne le maire, furieux dans un communiqué publié dans la soirée.  De leur côté, les manifestants réfutent tout dérapage violent dans leur occupation.

C’est finalement en début de soirée que les forces de police ont demandé aux manifestants de quitter la mairie puis les ont expulsés. «Nous allons à présent nous réunir dès le début de la semaine prochaine avec les camarades des autres syndicats ainsi que les partis politiques et les associations qui nous ont soutenus pour continuer à opposer le front le plus large possible au maire qui a montré son mépris à travers cette fuite», indique Benjamin Amar de la CGT. Franck Le Bohellec a de son côté « fermement condamné ces agissements inqualifiables sur le symbole de la République à Villejuif, qui plus est avec les encouragements d’élus de la République PCF Front de gauche». L’élu a également prévenu que “ces actes risquent de compromettre la réouverture du hall de l’hôtel de ville, qui devait avoir lieu dans quelques jours.” Suite à un incendie en 2015, les agents étaient en effet répartis depuis deux ans sur différents sites de la ville.

Occupation de la mairie.

 

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