Au-delà de Nogent, quel projet urbain pour la région parisienne et comment lutter contre les déséquilibres ? Tel était le thème abordé lundi soir par le Forum politique nogentais à l’occasion de son débat public mensuel à la maison des associations. Invités pour débattre : Vincent Fouchier, directeur de l’institut d’urbanisme d’Ile de France, organisme chargé de définir un plan à l’échelle de la région : le schéma directeur régional d’Ile de France (Sdrif) ; et Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris en charge des relations avec les collectivités territoriales de la région parisienne.
L’occasion d’aborder, entre autres sujets, le nouveau schéma directeur de la région (le précédent datant de 1994) dans un contexte d’autonomisation croissante des collectivités locales et avec la nécessité de relever trois défis : la réduction des inégalités, la préservation de l’environnement (et maîtrise de l’énergie) et le développement économique.
C’est dans ce cadre que le nouveau plan, élaboré après consultation des administrés, préconise une forte densification des espaces déjà urbanisés. Objectif : 60 000 nouveaux logements par an contre 40 000 actuellement, pour tendre vers une moyenne de 35 logements par hectare (moyenne sur l’ensemble du territoire d’Ile de France). Coup d’accélérateur également sur les logements sociaux qui devraient atteindre les 30 % : soit 50 % de plus que ce qui est imposé par la loi SRU…
Le Sdrif motive cette densification urbaine par la nécessaire réduction des déplacements automobiles (pour des raisons économiques et écologiques). Il a du reste fortement diminué les projets d’infrastructure routière (par rapport à ce qui était prévu dans le plan de 1994) au profit du développement de transports en commun mais aussi du transport fluvial –pour les marchandises. De nouveaux espaces verts sont également préconisés, comme des respirations.
Pour mettre en œuvre cette révolution, le Sdrif entend s’appuyer sur des établissements publics fonciers (permettant à la collectivité d’acheter des terrains pour les structurer avant de les réallouer) ainsi que sur le partenariat avec les élus. C’est là que le bât blesse. Si au niveau régional, la densification se justifie pour faciliter le transport et développer les logements sans aller toujours plus loin dans la campagne, elle semble difficilement réalisable sur le terrain, à commencer par les villes de la première couronne comme Nogent. Benoît Willot, candidat de gauche sur Joinville comme Jacques J-P Martin maire UMP de Nogent, n’ont pas manqué de le rappeler. Doper le développement économique et intensifier la création de logements (et donc les équipements qui vont avec) sur une même ville déjà construite de partout semble mission impossible. Et promettre de bétonner pour atteindre les objectifs du SDRIF dans son programme pour les Municipales revient à se tirer une balle dans le pied à gauche comme à droite. Sur cet enjeu, qui constitue l’une des pierres angulaires du Sdrif, le défi reste donc entier, et ne sera pas moins aisé à relever après les élections si les élus tiennent leurs promesses.
A propos du débat : lire également article de Nicolas Mauduit sur son blog Tous Nogentais.
DJ, le fait que vous connaissiez mal le sdrif est justement le coeur de probleme à mon avis: les populations concernées ne sont pas assez au courant des enjeux, sans meme parler du détail du contenu de ce schéma directeur – de plus la viabilité du schéma tel qu’il a été présenté proviendrait de sa cohérence globale (ce qui est relativement intuitif, par exemple en terme de flux de transport). Une acceptation partielle d’un schéma conçu comme un tout risque de revenir à un remède pire que le mal (cf. les incohérences signalees si souvent par la cour des comptes). Les auteurs du schema reconnaissent cet ecueil et mettent l’accent sur les efforts fait en ce sens, mais notent aussi que seul un relais des acteurs de terrain permettra une diffusion suffisante – or les enjeux sont tres politiques…
Le fait que Nogent ne soit pas la cible directe de la densification ne nous place pas sur une ile deserte pour autant (cf. pour ne parler que de transport, les question A4/A86 ou du pont de Nogent).
Un plan de mise en oeuvre incremental mais cohérent avec un objectif long terme en accord avec le diagnostic (au besoin a remettre a jour au bout d’un certain temps), laissant la possibilité de s’adapter aux specificites ou de faire marche arriere me semblerait avoir plus de chances d’etre accepte, ne serait-ce que parce ce qu’il laisserait la place aux acteurs politiques la possibilite de s’approprier la partie qui les touche de pres et donc seraient plus enclins a promouvoir le schema long terme aupres de leurs concitoyens.
Le risque d’un refus du sdrif s’il est perçu par les populations comme un “machin” technocratique est bien reel.
Une petite observation, sur un sujet que je connais mal …
Sur le site du SDRIF, on peut facilement télécharger une carte qui permet de visualiser les choses.
http://www.sdrif.com/IMG/pdf_carte_dgt.pdf
Elle n’est pas ultra-détaillée mais il semble bien que Nogent-sur-Marne ne figure pas dans la zone de densification préférentielle (on s’en serait douté) mais comme un espace urbain à optimiser …
Certains élus utilisent ce débat comme un épouvantail à moineaux : la densification observée dans certaines communes, dont la nôtre, est surtout la conséquence d’une prise de conscience tardive.
Il est clair que les propositions des différents candidat(e)s à la mairie constitueront un des points clefs de l’élection.
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