A la veille d’un week-end de deuxième tour des élections régionales, voici un rapide tour d’horizon des grandes régions qui “feront” le scrutin. A elles seules, ces 7 régions regroupent plus de la moitié de la population française. Sept régions-clé sur un total de 22 en métropole, auxquelles il faut ajouter les 4 régions d’outre-mer pour recenser l’ensemble des 26 régions composant le territoire national. Outre leur population, ces 7 régions présentent chacune un enjeu local spécifique lors de cette élection, qui sera déterminant pour dresser un bilan du scrutin à l’échelle de la politique nationale au lendemain du vote. Le dénouement de la consultation électorale y sera donc à chaque fois intéressant à observer.
Ile de France et Rhône Alpes : les régions capitales
Elles représentent à elles seules plus du quart de la population française (près de 28% pour être exact). C’est dire si le résultat du scrutin, donné largement favorable aux candidats de la gauche par les instituts de sondage dans les deux régions, est déterminant dans la façon dont une grande partie des atouts économiques du territoire seront gérés pour les six prochaines années à l’échelle régionale.
Le gouvernement ne s’y trompe pas, qui a envoyé une avant-garde féminine de 4 ministres pour défendre l’Ile de France ( Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, tête de liste régionale ; Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, tête de liste départementale à Paris; Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, tête de liste départementale en Essonne ; Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Sports, numéro deux dans les Hauts-de-Seine, derrière le centriste André Santini ). A elles quatre, elles affronteront la liste d’union de la gauche menée par Jean-Paul Huchon, donné largement vainqueur dans les sondages. Au sein de cette alliance, la tête de liste régionale d’Europe Ecologie au premier tour, Cécile Duflot, sera tête de liste départementale dans le Val de Marne (94).
En Rhône-Alpes, deuxième région la plus peuplée de France, c’est Nora Berra, secrétaire d’Etat aux Aînés, qui mènera la liste départementale dans le Rhône au nom de la Majorité gouvernementale. Elle y sera confrontée à une triangulaire entre Jean-Jacques Queyranne, l’ancien Ministre de Jospin, Françoise Grossetête (UMP), Député Européen et tête de liste régionale, et Bruno Gollnisch, Vice président du Front National. Là encore, les sondages donnent la gauche gagnante avec un score probable supérieur à 50% des suffrages.
PACA et Nord-Pas de Calais : le retour du FN
Au premier tour, les instituts de sondage avaient nettement sous-estimé l’influence de la famille Le Pen et du Front National sur la politique française. Deux des plus grande régions françaises vont permettre de mesurer avec précision le pouvoir des candidats du parti d’extrême droite, dont beaucoup estiment qu’il est un indicateur du niveau de mécontentement des électeurs à l’égard de la classe politique dirigeante dans sa globalité. Une situation qui compromet sérieusement les espoirs des listes UMP-Nouveau Centre, données nettement perdantes dans les deux régions par les sondages à la veille du deuxième tour.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est une triangulaire qui opposera la liste UMP – Nouveau Centre de Thierry Mariani aux listes d’union de la gauche de Michel Vauzelle et à celles du Front National menées par son président Jean-Marie Le Pen en personne. Dans le Var (83), on s’intéressera notamment au score d’Hubert Falco, secrétaire d’Etat à la Défense et aux anciens combattants, tête de liste départementale.
Dans le Nord-PDC, c’est également une triangulaire qui verra s’affronter le Rassemblement des forces de gauche et écologistes de Daniel Percheron avec les listes de Valérie Létard (Nouveau Centre), secrétaire d’Etat en charge des Technologies vertes et des négociations sur le climat, qui représentera le gouvernement en tant que tête de liste régionale. Le Front National sera mené par Marine Le Pen.
Aquitaine : Le dernier des Mohicans
Jean Lassalle, seul candidat rescapé du “naufrage” du MoDem au premier tour, y affronte Xavier Darcos, l’actuel Ministre du travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, donné battu à plate couture dans les sondages par Alain Rousset. Ce dernier, à la tête de la liste d’union de la gauche, devrait remporter plus de 55% des suffrage au second tour dimanche. Ayant cristallisé sur sa seule personne les soutien de tous les militants du MoDem en France (abandonnés en route par Corine Lepage et son Cap21), Jean Lassalle reste pour eux le dernier espoir de prouver dans les urnes que le MoDem de François Bayrou est encore une force politique avec laquelle il faut compter : son score sera donc analysé avec attention.
Bretagne : les fortes têtes de listes
La Bretagne est la seule région de France où les têtes de listes d’Europe Ecologie et du Parti Socialiste n’ont pas réussi à s’entendre pour trouver un accord de fusion au deuxième tour. Largement ancrée à gauche, la région n’a cependant selon les sondages aucune chance de basculer à droite, quoi que fasse Bernadette Malgorn, la magistrate de la cour des comptes qui mène la liste UMP-Nouveau Centre. Les militants d’Europe Ecologie, sous la bannière de Guy Hascoët, pourront donc se compter, et mesurer l’impact du parti vert dans un second tour de scrutin, face à la dominance historique du PS, mené par Jean-Yves Le Drian, dans la région.
Alsace : le seul espoir de la droite
Selon les instituts de sondage, l’Alsace est la seule région de métropole que la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy a une chance de conserver. La compétition y sera très serrée, les sondages donnant les candidats des listes d’union de la gauche (menées par Jacques Bigot) et UMP-Nouveau Centre (avec à leur tête Philippe Richert) à une parfaite égalité dans cette triangulaire… Le Front National, avec Patrick Binder, fort d’un pronostic autour de 13%, y jouera donc un rôle important d’arbitrage.
Selon les dernières projections, la seule autre région que la droite serait en mesure de conquérir se trouve à plus de 7000 kilomètres du palais de l’Elysée : il s’agit de la Guyane. Avec moins de 0,4% de la population française, ce serait là un bien maigre lot de consolation pour la majorité présidentielle si l’Alsace ne reste pas à droite.
A surveiller aussi…
- La Corse : la seule quadrangulaire, avec deux listes régionalistes concurrentes. La confrontation gauche / droite devrait y être également très serrée avec un léger avantage dans les sondages pour la liste d’union de la gauche.
- Les 9 autres régions où des ministres du gouvernement sont engagés comme candidats :
- La Franche-Comté, avec Alain Joyandet, secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, tête de liste régionale
- L’Auvergne, avec Alain Marleix, secrétaire d’Etat aux Collectivités, tête de liste régionale et Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, tête de liste départementale dans le Puy-de-Dôme
- Le Poitou-Charente, avec Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux transports, tête de liste régionale face à Ségolène Royal, ancienne candidate aux élections présidentielles
- Le Centre, avec Hervé Novelli, secrétaire d’Etat au Commerce, tête de liste régionale
- La Haute-Normandie, avec Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, tête de liste régionale et Hervé Morin, ministre de la Défense, en troisième position dans l’Eure (27 )
- La Bourgogne, avec Henri de Raincourt, ministre chargé des Relations avec le Parlement, dans l’Yonne (89)
- La Champagne – Ardenne, avec Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au Logement, tête de liste départementale dans la Marne (51) et Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, porte-parole du gouvernement, en 10ème position de la liste UMP en Haute-Marne 52
- La Lorraine, avec Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la Famille, numéro deux en Meurthe-et-Moselle (54)
- La Guadeloupe, avec Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’Outre-mer, numéro deux sur la liste UMP
- Les 8 autres régions où le Front National est présent au 2ème tour et provoque des triangulaires :
- La Champagne-Ardenne (liste menée par Bruno Subtil) : 15,89%
- La Picardie (liste menée par Michel Guiniot) : 15,80%
- La Lorraine (liste menée par Thierry Gourlot) : 14,87%
- La Franche-Comté (liste menée par Sophie Montel) : 13,14%
- Le Languedoc-Roussillon (liste menée par France Jamet) : 12,67%
- La Bourgogne (liste menée par Edouard Ferrand) : 12,04%
- La Haute-Normandie (liste menée par Nicolas Bay) : 11,79%
- Le Centre (liste menée par Philippe Loiseau) : 11,21%
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