Société | | 17/11/2010
Réagir Par

Le conservatoire vote la municipalisation

L’assemblée générale du conservatoire de musique, d’art dramatique et de danses Francis Poulenc de Nogent sur Marne a voté hier soir par 24 voix contre 6 la dissolution de l’association en cas de municipalisation.

Cette décision fait suite à une étude du Conseil municipal à la demande du conservatoire pour envisager les conséquences d’une municipalisation concernant le statut du personnel de l’association (une trentaine de professeurs, trois administratifs et un personnel technique).

Une structure associative qui atteint ses limites

Contrairement à ce que pensent de nombreux Nogentais, qui considèrent déjà le conservatoire comme une structure para-municipale, celui-ci est actuellement géré sous forme d’association privée indépendante. Comptant actuellement 540 élèves inscrits, et financée à hauteur de 65% par une subvention de la ville (qui lui fournit également ses locaux), elle est pilotée par un conseil d’administration composé de bénévoles. Ce mode d’organisation semble avoir atteint ses limites, de l’avis de l’actuelle présidente, Annie Lahmer, qui se dit épuisée par le poids des responsablités et la complexité des sollicitations permanentes.

De fait, avec un budget global annuel tournant autour de 600 000 Euros, le conservatoire est de loin la plus grosse association culturelle de la ville en termes financiers et sa subvention municipale arrive largement devant la MJC qui bénéficie pour sa part de l’appui d’un réseau structuré au niveau national pour sa gestion. (voir budget de subvention aux associations 2010)

Difficultés financières chroniques

Les difficultés financières chroniques du conservatoire depuis une décennie nécessiteraient un investissement encore plus appuyé de la part de la ville : la plupart des dépenses sont incompressibles sans dégrader la qualité du service pédagogique rendu alors que les effectifs d’élèves inscrits (enfants et adultes) sont en augmentation, notamment avec la mise en place de l’activité danse. La municipalité est prête à faire face à ce besoin financier à condition de prendre le contrôle complet du conservatoire et de mettre fin aux aléas d’une gestion bénévole dont le principal défaut est le manque de continuité (une dizaine de présidents se sont succédés à la tête du conservatoire en l’espace de quelques années).

Le projet de municipalisation tombe donc à point nommé pour l’actuelle équipe de direction qui a réussi sur les deux dernières années à ramener les comptes à l’équilibre mais juge que les ressources ne sont pas suffisantes pour apurer les dettes du passé, alors même que les volontaires manquent pour prendre le relais.

Inquiétudes des adhérents

Lors des discussions préalables au vote, plusieurs membres de l’association ont néanmoins exprimé leur inquiétude, leur scepticisme, voire leur désaccord face au projet.

La principale critique vient d’un manque de transparence dans l’engagement de la démarche : convoqués en assemblée générale extraordinaire il y a une dizaine de jours, certains adhérents regrettent de ne pas avoir été informés de la situation depuis mars 2009, alors qu’à l’époque l’éventualité d’une municipalisation avait été rejetée pour des raisons techniques et politiques. Le conseil d’administation de l’association s’est excusé de cet état de fait et du retard pris dans l’organisation des assemblées, qui est une preuve manifeste des problèmes d’organisation et de moyens (notamment informatiques) de la structure actuelle.

Pas d’économies pour la ville

De nombreuses questions ont été posées concernant la situation financière, et le mécanisme de transfert des charges vers le budget de la ville. Deborah Münzer, adjointe à la culture, a pu donner quelques chiffres tirés de l’étude menée à la demande du conseil municipal. Il en ressort que la municipalisation ne représentera pas à court terme une économie pour la ville. L’augmentation mécanique de la masse salariale due à des dispositions réglementaires (13ème mois dans la fonction publique, premier échelon mieux rémunéré…) accroîtra d’environ 30 000 à 50 000 € ce poste budgétaire. Les économies de fonctionnement attendues sur d’autres postes grâce à la mutualisation des moyens (informatique, assurances, frais de comptabilité…) viendront néanmoins progressivement compenser cette augmentation. Un chiffrage précis des économies à réaliser sur ces frais sera disponible d’ici début décembre. Cet engagement financier plus important correspond à un choix politique de la ville, comme l’a rappelé Alain Degrassat, délégué à la vie associative,afin de maintenir le service culturel actuellement rendu à la population nogentaise par le conservatoire, de le péréniser et de l’améliorer en mettant en oeuvre à l’horizon 2012 des frais d’adhésion modulés en fonction du quotient familial.

L’avenir du personnel garanti

Le Conseil d’administration a souhaité rassurer les adhérents sur l’avenir du personnel de l’association, indiquant que des entretiens individuels et collectifs avaient été menés par la responsable RH de la ville avec l’ensemble des salariés du conservatoire. Les professeurs ont manifesté (dans une lettre lue par la présidente) leur adhésion majoritaire au projet, sachant que la ville s’engage à maintenir l’ensemble du personnel (y compris secrétariat et technique), à salaire équivalent, et proposera même de nouveaux avantages (13ème mois, accès aux services municipaux de restauration, meilleure gestion des carrières…)

Les formations pour adultes seront maintenues

Les quatre représentants de l’équipe municipale présents à l’AG se sont également engagés à maintenir la formation musicale pour adultes au conservatoire (fait assez rare en région parisienne où la plupart des conservatoires n’acceptent que des enfants). Un engagement spécifié par écrit dans la résolution mise aux voix.

Projets pédagogiques

La direction du conservatoire a indiqué souhaiter poursuivre une politique pédagogique ambitieuse s’ouvrant vers la musique jazz avec le big band et l’improvisation et jouant la synergie entre cours collectifs et individuels afin de permettre l’organisation d’événements comme les trois concerts annuels et autres spectacles ponctuels. L’équipe a aussi souligné le maintien d’un effectif constant dans les classes de haut niveau (cours individuels d’une heure).

A court terme, la municipalisation ne devrait pas entraîner de modification de ce positionnement, puisque le projet de la ville garantit la reprise à l’identique de l’offre pédagogique existante. Bien que la question n’ait pas été abordée directement hier soir, on peut néanmoins s’interroger sur l’avenir à long terme de certains enseignements au sein du conservatoire : le souci de rationalisation de l’offre de formation culturelle au niveau de la ville pourrait impliquer la réorganisation des activités pour éviter la redondance entre les différentes structures subventionnées par le budget municipal : MJC, ateliers de théâtre,… autant de choix qui seront désormais tranchés directement par la ville si la municipalisation intervient.

La balle dans le camp du Conseil Municipal

Le principe de la dissolution de l’association en cas de municipalisation est un préalable. Pour qu’il soit accepté, ses statuts exigeaient l’approbation des deux tiers des membres présents à l’assemblée générale extraordinaire. Les 24 suffrages positifs (sur 30 exprimés) obtenus lors du vote à bulletin secret ouvrent donc de justesse la voie à cette démarche. La balle est maintenant dans le camp du conseil municipal. Celui-ci, après avoir achevé de budgéter ce poste, devrait le soumettre en séance en décembre ou janvier prochain.

Abonnez-vous pour pouvoir télécharger l'article au format PDF. Déjà abonné ? Cliquez ici.
14 commentaires

N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.

Ajouter une photo
Ajouter une photo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous chargez l'article suivant