C’est un petit bras de fer qui se joue actuellement entre les écologistes et le reste de la gauche, majoritairement socialiste, au Conseil régional à propos de l’instauration d’un tarif unique du pass transport en Ile de France, indépendamment du nombre de zones.
Le groupe EELV, qui compte 51 conseillers régionaux, exige que ce tarif unique soit mis en place d’ici l’été 2012 faute de quoi il ne votera pas le budget 2012 de la région avec ses partenaires de gauche. Une échéance qui semble impossible à tenir aux élus socialistes et communistes à la tête des départements de la Seine Saint Denis, du Val de Marne et de la ville de Paris.
«Il s’agit d’un enjeu majeur», a insisté mardi Cécile Duflot, présidente du groupe EELV au sein du Conseil régional, lors d’une conférence de presse. Nous sommes parfaitement conscients de la dimension sociale de ce futur titre de transport, dont le prix d’équilibre calculé par les opérateurs serait actuellement à 78 euros, après avoir été annoncé à 90 puis 85 euros. Ce prix est supportable par beaucoup d’usagers car 85% des titulaires de pass Navigo sont des actifs dont les entreprises prennent en charge la moitié du prix. Pour les 15% restants, dont certains sont en situation précaire (chômeurs, petits retraités, etc.), nous souhaitons une prise en charge par la région.»
De leur côté, Paris, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne ont estimé jeudi, dans un communiqué commun, que des études complémentaires sont nécessaires avant la mise en place d’un pass unique pour les transports en 2012. «L’annonce d’un pass unique à 78 euros alors que le prix réel d’équilibre est probablement proche de 90 euros fait planer toutes les incertitudes sur ses conditions de mise en oeuvre. Des études complémentaires sont nécessaires avant toute décision», écrivent ces trois départements dans un communiqué. Cette mesure aura un impact direct sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens comme sur les finances de nos collectivités locales. L’augmentation pour chaque titulaire d’un titre de transport serait au minimum de 25% (dans le cas d’un pass à 78 EUR) voire de près de 50% (dans l’hypothèse de 90 EUR) par rapport au prix actuel, et représenterait une charge supplémentaire d’au moins 176 euros par an et par abonné. Pour nos départements affaiblis par la croissance des dépenses sociales et le désengagement continu de l’Etat, il est impossible de compenser financièrement cette mesure pour la rendre acceptable par nos concitoyens.» Pour ces élus locaux, il est indispensable que le Stif (Syndicat des transports d’Ile-de-France, qui dépend de la région) dispose d’abord de nouvelles ressources.
Cette confrontation des points de vue un peu radicale entre écologistes et socialistes n’est pas non plus tout à faire étrangère à la manière dont région et Etat se sont rabibochés au début de l’année 2011 à propos du réseau de transports du Grand Paris, après avoir chacun défendu des projets concurrents. Quelques concessions faîtes à l’époque par Jean-Paul Huchon, président (PS) du Conseil régional concernant le plateau de Saclay ou le prolongement de la ligne 14 avaient été mal perçues par les écologistes, se considérant insuffisamment consultés par leurs partenaires. Au-delà du débat sur le tarif unique du pass transport, il s’agit donc aussi pour EELV de rappeler qu’ils sont indispensables à une majorité de gauche. «C’était une chose de faire le Grand Paris avec l’ex-sénateur Maurice Leroy (Ministre de la Ville, ndlr), c’est une autre chose que le vote du budget», a ainsi souligné Cécile Duflot, rappelant que la majorité «exotique PS-UMP» trouvée sur le Grand Paris ne se retrouverait pas sur le budget.
(Avec AFP)
Voir les articles précédents sur le projet du Grand Paris Express
Pour juger de la validité du Pass Navigo à Tarif unique, il faut savoir que les zônes concentriques de tarification étaient à l’origine au nombre de 8.
Dans un premier temps, les zônes 8 et 7 ont été fusionnées avec la zône 6, les tarifs des zônes 7 et 8 s’alignant sur celui, plus faible, de la zône 6. Côut de l’opération pour le contribuable : environ 5 millions d’Euros.
Cette année il a été décidé de fusionner la zône 6 avec la zône 5, le tarif de la zône 6 s’alignant sur celui, plus faible, de la zône 5. Coût pour le contribuable : environ 30 millions d’Euros.
Le tarif unique avec un tarif de 78 Euros couterait au contribuable entre 300 et 400 millions d’Euros, en tenant compte d’une hausse importante des tarifs des zônes 1,2, 3 et 4 ainsi qu’une augmentation lourde du billet acheté indiviuellement ou en carnets.
De plus, cette mesure irait à l’encontre de la lutte contre l’étalement urbain, principe aujourd’hui admis par tous les partis politiques dans le cadre de la politique en faveur de la ville compacte et écologiquement durable.
Il s’agit donc d’une mesure qui serait, si elle est adoptée, essentiellement ruineuse, démagogique et contraire aux principes du développement durable.
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