A l’heure où un quatrième opérateur de téléphonie mobile (Freemobile) prépare son implantation pour la fin 2012, les antennes-relais suscitent toujours la crainte chez un certain nombre de riverains qui prônent un principe de précaution plus coercitif que la réglementation nationale, donnant lieu ici et là à diverses pétitions et rassemblements. Et le Val de Marne ne fait pas exception.
Principe de précaution et concertation
“Nous ne sommes pas contre l’installation d’antennes-relais mais réclamons plus de transparence et de concertation dans ces projets” explique Marc Arazi coordinateur national de l’association Priartem (Pour une Réglementation des Implantations d’Antennes Relais de Téléphonie Mobile). Et ce dernier de regretter “le comportement anti-démocratique de certains élus privilégiant les opérateurs au mépris des citoyens et tentant de faire passer en catimini les projets d’implantation d’antennes-relais dans leur ville“. L’association Priartem réclame un durcissement de la réglementation officielle, qui instaurerait notamment une distance minimum de 100 mètres à proximité des zones sensibles (crèches, écoles, hôpitaux) ainsi qu’un abaissement du niveau d’exposition aux ondes inférieur à 0,6Volts/Mètre.
Des ondes comme les autres ?
“Le seuil de 0,6V/M n’apparait dans aucune recommandation faite par aucune autorité sanitaire, répond de son côté un porte-parole de la Fédération française des télécoms (qui a récemment fusionné avec l’Afom). La téléphonie mobile a été soumise à une réglementation au même titre que la radio ou la TV, et il est à noter que les installations d’antennes pour ces médias n’ont jamais suscité de telles mobilisations.» Concernant la précaution des 100 mètres de distance minimum entre les antennes relais et les sites sensibles, recommandée dans le rapport Zmirou remis au secrétaire d’Etat à la Santé en 2001, le porte-parole des opérateurs le considère comme paradoxal : “Dans les zones de mauvaise réception, à 300-400 mètres, le téléphone mobile fonctionne à puissance maximale pour pouvoir se faire entendre de l’antenne-relais, ce qui augmente l’exposition aux ondes radio des utilisateurs de téléphone mobile!”
Concernant les épais rapports consacrés aux impacts de la téléphonie mobile et leurs antennes relais sur la santé (réalisés à partir d’enquêtes épidémiologiques sur des dizaines de pays mais tous en partie financés par des opérateurs), ils ont jusqu’à présent conclu à l’absence de lien entre antenne relais et santé, mais pointé les dangers du téléphone mobile lui-même en cas de forte exposition. Le danger des antennes relais a néanmoins été considéré de manière officielle pour la première fois en juin dernier par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), qui a classé les champs électromagnétiques de radiofréquences comme potentiellement cancérogènes pour l’homme.
Dans le Val de Marne, plusieurs implantations d’antennes relais ont récemment suscité des réactions de la part des riverains, soutenus ou non par leurs élus, et donnant lieu à des réponses diverses des opérateurs.
Ormesson et Villecresnes : combat commun des habitants et élus
Ainsi le 6 juillet dernier, les habitants d’Ormesson et Villecresnes se sont-ils mobilisés ensemble pour protester contre l’implantation d’antennes relais sur des pavillons de particuliers et dans des quartiers résidentiels. En cause à Villecresnes, l’opérateur Orange et à Ormesson, l’opérateur SFR. Dans ces deux communes, les élus se sont mobilisés avec leurs habitants, la mairie de Villecresnes ayant même été à trois reprises au tribunal, déboutée à chaque fois. A Ormesson, où une pétition a recueilli près de 1000 signatures, la mobilisation du 6 juillet a porté ses fruits puisque SFR a renoncé à son projet en zone pavillonnaire.
Nogent sur Marne : deux polémiques
A Nogent, deux sites ont suscité des mobilisations. Il s’agit d’une part de l’implantation depuis quelques années d’une antenne Bouygues Télécoms rue François Rolland, à proximité immédiate d’un appartement et près d’un groupe scolaire. Cette implantation fait actuellement l’objet d’une assignation en justice de l’opérateur par une association de la ville (l’ADN, association des nogentais). (Voir billet à ce sujet) A noter que les actions en justice donnent lieu à des réponses contrastées. Si plusieurs succès ont été remportés par des associations dans quelques villes de France, cela n’a pas été le cas à Joinville le Pont où l’ASEP (association locale) qui avait porté plainte contre SFR il y a quelques années, a été déboutée fin 2009 et condamnée à payer 2000 €.
Plus récemment, un projet d’installation d’antennes Orange sur le toit de la mairie de Nogent sur Marne, à proximité d’une crèche, a également suscité quelques réactions dont une pétition d’une centaine de signatures. (Voir billet à ce sujet)
Saint-Mandé : ville expérimentale du Grenelle des ondes
Le cas de Saint-Mandé est un peu particulier car la ville a été retenue par les dix-sept communes françaises (et il s’agit de la seule dans le Val de Marne) à participer à une expérimentation du Grenelle des Ondes (groupe de travail dépendant du ministère de l’environnement et réunissant associations, décideurs et opérateurs) consistant à tester une baisse des seuils d’exposition aux ondes. Récemment toutefois, un projet d’installation sur le toit d’un immeuble d’habitation au 51 avenue Alphand, sans concertation préalable des habitants, a suscité la mobilisation des riverains organisés en collectif (voir leur blog complet sur ce dossier). Ces derniers ont obtenu la suspension de sa mise en service et le maire de Saint Mandé, Patrick Baudouin, interpellé sur ce dossier, s’est engagé à attendre les réponses écrites de Bouygues Télécoms aux inquiétudes de ses administrés avant d’autoriser la poursuite du projet. De son côté, l’association Priartem a demandé à ce que soit remise en question la participation de la ville de Saint-Mandé au Grenelle des ondes, question qui pourrait être évoquée lors du prochain comité opérationnel prévu le 21 juillet.
Le décret qui entube en douce les assos pour l’environnement par C.Lepage : http://goo.gl/46fy7
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