Le Grand Paris des aires pour gens du voyage n’est pas encore pour aujourd’hui. Le projet de création d’une trentaine de places dans le Bois de Vincennes, à proximité de l’école de police et du Centre de rétention administrative (CRA), pourrait être suspendu faute de concertation entre élus de la capitale (majorité PS) et de la bordure du Bois de Vincennes (majorité UMP).
Ce projet initié par la ville de Paris, en parallèle avec deux autre (l’un au Bois de Boulogne, l’autre dans le 15ème, près de Balard) avait été validé par la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites en avril 2011. Le quinzième arrondissement avait pour sa part été retoqué en raison de la construction à proximité du futur ministère de la Défense et le Bois de Boulogne pour des raisons environnementales (Plan de Prévention des risques d’inondation interdisant toute implantation nouvelle et nécessité de poursuivre la remise en état du secteur). Seul le site de l’Est parisien avait donc été retenu, au grand dam des maires des villes voisines du Val de Marne (Joinville, Nogent, Vincennes, Charenton, Saint Maurice) aux centres-villes nettement plus proches de la future aire que Paris intra-muros, et peu enclins à en supporter les conséquences alors même que les places seront comptabilisées dans le quota parisien.
Sursis concernant l’implantation dans le Bois de Vincennes
Ces derniers se sont donc rapidement émus de la situation, faisant valoir que la ville de Paris ne disposait d’aucun équipement public -notamment d’école, à côté de l’aire, et que le Bois de Vincennes accueille déjà de nombreux SDF. Reçus au Ministère de l’écologie en début de semaine, ils ont obtenu que le projet soit réexaminé, cette fois par la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages, l’autre organisme en charge de ces sujets, avant approbation.
Le Val de Marne planche sur son Schéma départemental d’accueil des gens du voyage
En parallèle, le Val de Marne, dont le Schéma départemental d’accueil des gens du voyages acté en 2003 pour créer au moins 450 places a été invalidé en 2007, doit définir avec le préfet un nouveau schéma d’ici début 2012. En attendant, seules 54 places ont été créées à Créteil et Vitry sur Seine, malgré plusieurs projets en discussion dans quelques autres villes. Une troisième, devrait finir par voir le jour prochainement, à Villeneuve Saint Georges, en association avec la ville de Crosne (située dans l’Essonne).
@Richard
Il ne s’agit que d’un billet résumant la situation. Merci d’avoir rappelé l’historique juridique.
Concernant la confusion entre SDF et gens du voyage, je ne fais que rapporter les arguments utilisés pour obtenir la suspension du projet, merci de ne pas confondre non plus le messager et le contenu des messages rapportés.
L’article est gravement lacunaire :
1) pourquoi ne pas rappeler que la loi Besson de 2000 (Louis, le socialiste, pas l’autre…) impose la création d’aires d’accueil pour les Gens du voyage pour les communes de plus de 5000 habitants ? Voila plus de 10 ans – bien avant le Grand Paris – que cette loi a été adoptée et qu’elle n’est toujours pas appliquée. Car il ne s’agit pas de faire une « bonne œuvre » mais plus simplement d’appliquer enfin la loi. Je m’étonne de ne pas voir les laudateurs de la tolérance Zéro monter au créneau. Leur indignation serait-elle sélective…
2) Pourquoi ne pas rappeler que la moitié des communes de France ne respectent pas cette loi – et notamment en Ile-de-France – et que cette situation a plusieurs fois été pointée du doigt ?
3) Pourquoi ne pas dire que la plupart de ces communes contrevenantes sont aussi celles qui ne respectent pas la loi Solidarité et renouvellement Urbain (SRU) qui impose en Ile-de-France aux communes de plus de 1500 habitants de construire 20% de logements sociaux. Allez regarder la dernière livraison de la Fondation Abbé Pierre et apprécier le beau classement de St Maur-des-Fossés ou du Perreux…). Dans les deux cas c’est un rapport à la loi et à la fraternité, aux valeurs de la République, qui sont bafouées.
4) Pourquoi ne pas rappeler que les Gens du voyage sont des citoyens Français – et certains depuis plusieurs siècles – et qu’à ce titre ils doivent pouvoir disposer des mêmes droits que les autres. Or ce n’est pas le cas aujourd’hui : obligation de détenir un livret de circulation, scolarisation difficile des enfants, accès impossible aux soins quand ils ne peuvent pas stationner, restriction dans l’exercice de leur droit de vote (temps de résidence dans la commune exigée supérieure à tous les autres Français) et enfin non reconnaissance de leur droit au nomadisme ?
5) Pourquoi ne pas rappeler que c’est l’absence d’aire d’accueil qui est source de nuisances car elle oblige les gens du voyage à des installations sauvages, dans des conditions sanitaires précaires, avec des flux non organisés et non maitrisés,… En mai 2008, le Sénateur Hérrisson a remis au Premier Ministre un rapport qui indique à propos de la loi Besson : « Là où la loi est pleinement appliquée, les nuisances liées aux stationnements illicites diminuent voire disparaissent. »
6) Pourquoi ne pas rappeler qu’il s’agit dans ce projet de 28 places de places (dans un lieu géographique peu avenant) fléchées pour des familles – et notamment des enfants – dont l’état de santé exigent leur hospitalisation ?
7) Pourquoi faire la confusion entre SDF et gens du voyage ? Cela n’a rien à voir. Ce projet propose justement de prévoir et d’organiser la présence des Gens du voyage. Pour rappel les aires d’accueil sont gérées par des organismes choisis via un cahier des charges très strict, ce ne sont pas des open space !
8) Pourquoi ne pas préciser que ces enfants seront scolarisés dans les écoles du 12e comme cela est déjà le cas pour les enfants des forains de la foire du Trône.
9) Pourquoi ne pas rappeler que la ville Paris prend plus que sa part dans le prise en charge de la détresse sociale des populations dans le Bois de Vincennes aujourd’hui : qui maintient des places d’hébergement d’urgence quand l’Etat coupe les crédits ? qui finance les maraudes auprès des SDF ? qui construit des établissements relais pour aider à la réinsertion de ces personnes ? qui finance les associations qui interviennent auprès de ces personnes quand l’Etat pratique des coupes importantes dans ses budgets ?
10) Pourquoi ne pas redire combien les communes riveraines consacrent chacune à la gestion du Bois de Vincennes ? Et mieux combien elles consacrent chacune à des actions concertées ? Paris agit davantage en concertation avec ses voisins que l’inverse : vélib, quartier Bercy-Charenton, Tramway, GPRU porte de Vincennes,…
Au final, ce projet n’est pas parfait (il y aurait à dire évidemment…). Il serait dès lors souhaitable de faire des propositions pour l’améliorer. Mais d’aucuns préfèrent visiblement s’inscrire dans une tactique purement électoraliste, en nous rejouant le Discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy et ses confusions, en instrumentalisant les différences entre nos concitoyens au risque d’entacher notre pacte républicain.
Les gens du voyages ont ils été consultés eux sur ces différents projets?
En France, quand on ne vote pas, on est un sous-citoyen …
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