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Société | Val-de-Marne | 23/06/2011
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Grand Paris des avions: faut-il déplacer Orly ?

Alors que le salon du Bourget bat son plein, le député-maire UMP de Villeneuve le Roi, Didier Gonzales, a jeté un pavé sur la piste en déposant à l’Assemblée nationale une proposition de loi relative à la desserte aérienne du Grand Paris, suggérant le déménagement de l’aéroport d’Orly…

L’élu du Val de Marne y pose sans ambages la question de la saturation du trafic dans les aéroports parisiens. « D’ici 2020, la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) prévoit un taux de croissance de l’ordre de 3,5 %, mais les constructeurs et les transporteurs tablent sur 5 %. Les aéroports franciliens pourraient ainsi accueillir au total 1,35 million de mouvements d’avions d’ici 10-15 ans », indique en préambule la proposition de loi. Or, Orly est plafonné à 200 000 mouvements par an (déjà dépassés en 2010) et Roissy a déjà atteint près de 600 000 mouvements, les près de 600 000 mouvements supplémentaires à prévoir vont donc être problématiques. La proposition suggère donc de compléter la loi sur le Grand Paris en rajoutant parmi ses objectifs prioritaires la desserte aérienne au même titre que la desserte fluviale ou le réseau de transport public, et de re-lancer rapidement le débat quant à la saturation des aéroports actuels et des perspectives d’avenir.

Grand Paris et environnement

La proposition pose également la question des nuisances subies par les populations, notamment autour d’aéroports comme Orly, très enclavé dans le tissu urbain (voir ci-contre un extrait de la carte des nuisances sonores liées aux aéronefs à Villeneuve le Roi, carte complète sur le site dédié du Conseil général). C’est pourquoi, parmi les pistes de réflexion à envisager, la proposition suggère une éventuelle délocalisation de l’aéroport d’Orly, sous-dimensionné par rapport aux ambitions d’un aéroport de grande capitale, ainsi qu’un plafonnement de Roissy Charles de Gaulle.

60 signataires parmi les députés UMP

Cette proposition a été cosignée par une soixantaine de députés UMP (soit 20 % du groupe UMP), dont quatre du Val de Marne (Didier Gonzales bien sûr, Jacques Alain Bénisti, député-maire de Villiers sur Marne, Olivier Dosne, député-maire de Joinville le Pont (suppléant de Marie-Anne Montchamp) et Henri Plagnol, député-maire de Saint-Maur. Une vingtaine d’élus UMP ont signé en Ile de France dont Françoise de Panafieu, Chantal Brunel, Eric Woerth, Eric Raoult, David Douillet, et onze rien qu’en Rhône Alpes.

Une proposition vivement controversée

Alors que la construction d’un troisième aéroport pour l’agglomération parisienne, finalement considérée comme trop coûteuse, revient régulièrement en débat depuis des années, cette proposition repose le problème. Dans l’Essonne, dont deux députés (Françoise Briand et Pierre Lasbordes) ont signé la proposition, des élus PS, à l’instar du président du Conseil général Jérôme Guedj se sont immédiatement inquiétés d’une telle suggestion, en termes de retombées économiques.

Dans le Val de Marne, le président PCF du Conseil général, Christian Favier, a également manifesté son opposition tout comme le maire UMP de Nogent sur Marne, Jacques JP Martin (également président de Paris Métropole). “L’Aéroport d’Orly occupe le onzième rang européen avec plus de 25 millions de passagers annuels et 162 villes desservies. Il constitue la porte d’entrée Sud de l’aire métropolitaine francilienne, l’une des premières régions économiques d’Europe, et a la capacité d’améliorer la qualité de ses liaisons internationales par redéploiement sans aggraver les conditions de vie des riverains“, a rappelé Christian Favier. L’élu communiste a également regretté la forme de l’intervention, en porte à faux avec la démarche des assises d’Orly qui avaient mis autour de la table des élus du Val de Marne et d’Essonne pour donner naissance en janvier 2011 à une charte de développement durable du Pôle d’Orly en janvier 2011 “validée par les communes, y compris par le Député-Maire de Villeneuve-le-Roi.”

Didier Gonzales indique pour sa part que même s’il s’agit d’un important pôle économique, le taux d’emploi à l’hectare reste plus faible que dans d’autres zones plus denses et que la reconversion d’Orly en pôle d’entreprises et de logements pourrait s’avérer bénéfique, voire même  permettre de financer en partie le transfert de l’aéroport.

Un ballon d’essai

Pour l’instant bien sûr, il ne s’agit que d’une suggestion au détour d’une phrase de la proposition de loi, cette dernière ayant d’abord pour objet de faire de la desserte aérienne un enjeu de réflexion à part entière du Grand Paris. L’instigateur du projet, Didier Gonzales, a lui-même précisé qu’il souhaitait simplement provoquer le débat. Comme pour toutes les propositions iconoclastes, personne au gouvernement ne s’est prononcé sur la question, attendant de voir ce que cela va donner dans le débat public spontané.

Pour en savoir plus, voir la proposition de loi.

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