Alors que le salon du Bourget bat son plein, le député-maire UMP de Villeneuve le Roi, Didier Gonzales, a jeté un pavé sur la piste en déposant à l’Assemblée nationale une proposition de loi relative à la desserte aérienne du Grand Paris, suggérant le déménagement de l’aéroport d’Orly…
L’élu du Val de Marne y pose sans ambages la question de la saturation du trafic dans les aéroports parisiens. « D’ici 2020, la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) prévoit un taux de croissance de l’ordre de 3,5 %, mais les constructeurs et les transporteurs tablent sur 5 %. Les aéroports franciliens pourraient ainsi accueillir au total 1,35 million de mouvements d’avions d’ici 10-15 ans », indique en préambule la proposition de loi. Or, Orly est plafonné à 200 000 mouvements par an (déjà dépassés en 2010) et Roissy a déjà atteint près de 600 000 mouvements, les près de 600 000 mouvements supplémentaires à prévoir vont donc être problématiques. La proposition suggère donc de compléter la loi sur le Grand Paris en rajoutant parmi ses objectifs prioritaires la desserte aérienne au même titre que la desserte fluviale ou le réseau de transport public, et de re-lancer rapidement le débat quant à la saturation des aéroports actuels et des perspectives d’avenir.
Grand Paris et environnement
La proposition pose également la question des nuisances subies par les populations, notamment autour d’aéroports comme Orly, très enclavé dans le tissu urbain (voir ci-contre un extrait de la carte des nuisances sonores liées aux aéronefs à Villeneuve le Roi, carte complète sur le site dédié du Conseil général). C’est pourquoi, parmi les pistes de réflexion à envisager, la proposition suggère une éventuelle délocalisation de l’aéroport d’Orly, sous-dimensionné par rapport aux ambitions d’un aéroport de grande capitale, ainsi qu’un plafonnement de Roissy Charles de Gaulle.
60 signataires parmi les députés UMP
Cette proposition a été cosignée par une soixantaine de députés UMP (soit 20 % du groupe UMP), dont quatre du Val de Marne (Didier Gonzales bien sûr, Jacques Alain Bénisti, député-maire de Villiers sur Marne, Olivier Dosne, député-maire de Joinville le Pont (suppléant de Marie-Anne Montchamp) et Henri Plagnol, député-maire de Saint-Maur. Une vingtaine d’élus UMP ont signé en Ile de France dont Françoise de Panafieu, Chantal Brunel, Eric Woerth, Eric Raoult, David Douillet, et onze rien qu’en Rhône Alpes.
Une proposition vivement controversée
Alors que la construction d’un troisième aéroport pour l’agglomération parisienne, finalement considérée comme trop coûteuse, revient régulièrement en débat depuis des années, cette proposition repose le problème. Dans l’Essonne, dont deux députés (Françoise Briand et Pierre Lasbordes) ont signé la proposition, des élus PS, à l’instar du président du Conseil général Jérôme Guedj se sont immédiatement inquiétés d’une telle suggestion, en termes de retombées économiques.
Dans le Val de Marne, le président PCF du Conseil général, Christian Favier, a également manifesté son opposition tout comme le maire UMP de Nogent sur Marne, Jacques JP Martin (également président de Paris Métropole). “L’Aéroport d’Orly occupe le onzième rang européen avec plus de 25 millions de passagers annuels et 162 villes desservies. Il constitue la porte d’entrée Sud de l’aire métropolitaine francilienne, l’une des premières régions économiques d’Europe, et a la capacité d’améliorer la qualité de ses liaisons internationales par redéploiement sans aggraver les conditions de vie des riverains“, a rappelé Christian Favier. L’élu communiste a également regretté la forme de l’intervention, en porte à faux avec la démarche des assises d’Orly qui avaient mis autour de la table des élus du Val de Marne et d’Essonne pour donner naissance en janvier 2011 à une charte de développement durable du Pôle d’Orly en janvier 2011 “validée par les communes, y compris par le Député-Maire de Villeneuve-le-Roi.”
Didier Gonzales indique pour sa part que même s’il s’agit d’un important pôle économique, le taux d’emploi à l’hectare reste plus faible que dans d’autres zones plus denses et que la reconversion d’Orly en pôle d’entreprises et de logements pourrait s’avérer bénéfique, voire même permettre de financer en partie le transfert de l’aéroport.
Un ballon d’essai
Pour l’instant bien sûr, il ne s’agit que d’une suggestion au détour d’une phrase de la proposition de loi, cette dernière ayant d’abord pour objet de faire de la desserte aérienne un enjeu de réflexion à part entière du Grand Paris. L’instigateur du projet, Didier Gonzales, a lui-même précisé qu’il souhaitait simplement provoquer le débat. Comme pour toutes les propositions iconoclastes, personne au gouvernement ne s’est prononcé sur la question, attendant de voir ce que cela va donner dans le débat public spontané.
Je suis d’accord pour qu’on déplace Orly, à une condition : créer une desserte ferroviaire directe depuis Paris pour le futur aéroport et pour Roissy et ne pas déplacer Roissy.
On ne peut pas nous dire : aujourd’hui on déplace Orly et ensuite faire la même chose avec Roissy et qu’on se retrouve à devoir payer des courses délirantes en Taxi ou loger à l’Hôtel pour pouvoir prendre l’avion. Ca c’est non !
Attention aux réactions… je pense qu’il faut faire attention et bien étudier les choses.
Orly apporte certes de l’emploi… aujourd’hui les chiffres seraient de 28 000 emplois directs ET indirects, ce qui n’est pas non plus un nombre vraiment important.
Je m’explique, Orly fait 1200 hectares, soit la taille de l’agglomération de Nancy ou 10 fois le pôle de la DEFENSE.
Le pôle d’affaires de la DEFENSE représente environs 400 000 salariés… rapporté à la superficie utilisée par Orly actuellement, je vous laisse imaginer ce qu’on pourrait faire…
Nous savons également que la population de la région Ile de France devrait augmenter de 3 millions d’habitants… et passer à 15 Millions d’habitants. Il faudra bien les loger.
Alors oui, la délocalisation d’Orly ne permettra pas de tout absorber, mais permettra d’y répondre en partie.
Le second aspect concerne les risques sanitaires. Aujourd’hui nous savons que le bruit à des impacts énormes sur la santé. L’organisme ne peut s’adapter au bruit! La maladie coûte chère à la société… Ajoutons à cela la pollution de l’air…La pollution émise par minute d’un avion au décollage équivaut à une voiture parcourant 180 000 KM! Sachant qu’il y a 315 décollages en moyenne par jour sur Orly.. je vous laisse imaginer la dose de pollution.
Est ce raisonnable de laisser cela dans un environnement enclavé… Pour rappel, Orly se trouve dans un tissus urbain dense de 3500 habitants au KM2…
Beaucoup pourront sortir l’argument que les personnes riverains ont fait le choix de vivre à proximité de l’aéroport, mais il ne faut pas oublier que Orly est arrivé en 1954, alors que la proche banlieue sud Parisienne était déjà habitée.
N’oublions pas non plus que les nuisances persistent sur une zone assez large (et non pas comme beaucoup pourrait le penser autour de l’aéroport même). Par exemple la ville d’Orly n’est quasiment pas impactée par les nuisances sonores de l’aéroport, alors que des communes à l’Ouest ou à l’EST pouvant être située à 15 km en souffrent énormément.
Les 2 plateformes parisiennes arrivent à saturation. La première Orly est plafonnée et de fait de son enclavement en milieu urbain est limitée dans son exploitation (limite à 200 000 mouvements (230 000 en réels), et couvre feu la nuit de 23h30 à 6h. La seconde arrive également à saturation, et bien qu’ayant été construite initialement autour des champs, se retrouve également confrontée au développement de la région IDF.
Les prévisions d’évolution de traffic, même les plus pessimistes, montre que d’ici 15 ans maximum nous ne pourront pas supporter ces mouvements sur les 2 plateformes actuellement présentes.
La loi sur le grenelle de l’environnement interdit la création d’un nouvel ensemble aéroportuaire, mais n’exclut pas la délocalisation d’un aéroport existant. Il est donc pertinent de réfléchir aujourd’hui à la délocalisation d’Orly.
Un des arguments majeur des réfractaires à ce projet est la distance qu’il y aura entre Paris et ce potentiel futur aéroport. Dans les études menées à l’époque du 3 ème aéroport parisien, il était prévu que dans tout les cas, il y aurait une liaison direct via réseau ferré qui mettrait au maximum 30 minutes! Aujourd’hui pour aller de Paris à Orly en transport c’est le temps moyen nécessaire… donc pas grand changement pour les touristes!
Bonne réflexion à toutes et à tous…
reportage fr3 : http://goo.gl/Scycv
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