Alors que les courses du Quinté + devaient démarrer à 13h50 ce lundi 7 novembre, une soixantaine de salariés du Cheval Français ont occupé la piste dès 13 heures pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une dégradation du climat social.
«Tout le monde a été solidaire, les gens du terrain comme de l’administration, et il y a même des personnes qui sont venus d’autres hippodromes. Il s’agit d’une grève exceptionnelle, ce n’était pas arrivé depuis 33 ans!», pointe Emmanuel Sécher, délégué CGT. Après à peine deux heures de mouvement et de nouvelles discussions, les négociations ont néanmoins abouti et à 15h10, tout le monde était en piste. On ne plaisante pas avec le Quinté + !
Position des grévistes
La grève avait été décidée par l’intersyndicale CGC-CFDT-CGT et les représentants du personnel non syndiqués il y a une dizaine de jours, confirmée malgré plusieurs réunions préalables avec la direction. Pour les grévistes, il s’agissait d’abord de dénoncer un malaise croissant. «Lorsque notre nouvel interlocuteur de la direction financière est arrivé il y a quelques années, le marché des jeux en ligne commençait et nous avons tous été solidaires pour faire face à ce nouveau contexte. Et puis nous avons vu les résultats, le chiffre d’affaires, et avons réalisé que le Cheval Français se portait très bien. Mais malgré ces bons résultats, nous n’avons pas eu petit geste de reconnaissance et la direction a voulu fusionner les comités d’entreprise des différents hippodromes, ce qui a irrité tout le monde», indique un gréviste, non syndiqué.
«Nous n’avons plus le même vocabulaire. On nous parle désormais d’usine ou de centre de production alors que nous sommes sur un hippodrome, c’est faire totalement abstraction de la singularité de ce lieu, avec ses chevaux, s’indigne Emmanuel Sécher. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est l’annonce il y a quinze jours qu’on ne pourrait plus partager la cantine avec les professionnels du cheval. Nous faisons partie d’une grande famille et nous nous sommes sentis exclus par cette décision. C’est ce qui a déclenché notre mouvement. Nous avons du coup demandé une prime de 1000 € pour tout le personnel car les augmentations sont rares et au compte-goutte. Nous ne sommes que 240 salariés pour un chiffre d’affaires de 5 milliards € alors nous estimons qu’il y a un peu de marge !», reprend le syndicaliste. «Nous avons également réclamé que les délégués du personnel ne soient plus systématiquement bloqués dans leur progression salariale mais bénéficient du même plan de progression que les autres, car sinon, plus personne n’ose se présenter. Au sein de mon collège d’employés, il y avait quatre postes et j’étais le seul candidat», indique Olivier Lafaurie, délégué CFDT.
Position de la direction
De son côté, François Laurans, directeur administratif et financier du Cheval français, reconnaît le besoin de reconnaissance des salariés tout en apportant son propre éclairage sur la situation : «Il convient d’abord de rappeler que nous avons bientôt des élections au siège et nous sommes donc dans un contexte électoral, même si cela ne concerne pas l’hippodrome de Vincennes. Il faut aussi rappeler que les négociations avaient été entamées largement avant la grève, et que nous nous étions mis d’accord sur le parcours salarial des délégués du personnel, même si il est faux de dire que tous les délégués n’avancent pas dans leur carrière, ainsi que sur la prise en charge de la mutuelle par l’entreprise. Le seul point sur lequel nous n’avions pas d’accord concernait la prime exceptionnelle de 1000 €. Concernant le chiffre d’affaires de l’association du Cheval Français, il faut préciser que le principal des recettes revient aux parieurs, à l’Etat et aux organisateurs de paris. Concrètement, il reste 350 millions € de budget dont 250 millions € pour les prix de course et 100 millions € pour les frais d’exploitation. Pour ce qui est de la restauration. Il y a deux dispositifs à l’hippodrome, le premier est réservé aux sociétés qui interviennent à l’hippodrome comme le Cheval Français. Le second aux socio-professionnels (ndlr : propriétaires, les éleveurs, les entraîneurs et les jockeys ou drivers). Ayant investi dans la réfection du libre-service destiné aux prestataires, nous avons demandé à nos salariés d’y aller, ce qui n’a pas du tout été accepté par ceux qui avaient l’habitude de déjeuner avec les socio-professionnels. Nous avons trouvé un compromis en leur laissant la possibilité de choisir entre les deux durant tout le meeting d’hiver.» Un compromis que les personnels de terrain du Cheval Français entendent bien faire durer.
Le Cheval Français : l’un des principaux organisateurs de courses
Constituée en association loi 1901, le Cheval Français a pour objet le développement des courses au trot en France (elle fait partie des deux entités qui réglementent et dotent les courses avec France Galop, spécialisée dans les courses de plat et d’obstacle) ainsi que la protection du Trotteur Français dans sa spécificité. Cette association est sous la tutelle administrative du ministère de l’Agriculture, du ministère de l’Économie et des Finances et du ministère de l’Intérieur. Le Cheval Français et (France Galop possèdent ensemble 87% des droits de vote à l’assemblée générale du GIE du Pari Mutuel Urbain (PMU), en charge de la prise et le traitement des paris.
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