(Mise à jour du 24 août : voir le reportage sur le dernier hommage) Les obsèques d’Allain Leprest, chanteur communiste engagé, se dérouleront mardi 23 août prochain à 16 heures au cimetière Monmousseau d’Ivry-sur-Seine. L’auteur -compositeur, qui devait sortir un nouvel album à la fin de l’année et se produire en concert à La Cigale (Paris) s’est donné la mort le 15 août dernier. Il était âgé de 57 ans.
L’inhumation aura lieu à l’issue d’un hommage public, en présence de personnalités comme les présidents de l’Académie Charles-Cros, de la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique) et de représentants du Parti Communiste. Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a salué en Allain Leprest, “artiste immense et rare”, “l’un des plus représentatifs de cette si riche tradition française d’une chanson aux textes longuement médités”.
Source AFP
En effet, Allain n’est pas “un chanteur communiste engagé”, c’est ce que disent ou écrivent les admirateurs de la “dernière heure”, ceux qui n’ont lu qu’en diagonale son parcours et pour la circonstance…, son coeur certes eut cette couleur… Allain est un oiseau, un génie, un poète écorché vif, un intuitif passionné… Il a choisi sa fraternité et son combat toute sa vie, un partage profond, humain et humaniste, sur les bitumes, les trottoirs, dans les lieux publics, simple, toujours… Adieu mon Frère, et à bientôt, sans doute… Véronique Sauger
Allain n’était pas un “chanteur communiste engagé”.
C’était avant tout un incomparable ciseleur de textes et un interprète bouleversant. C’était aussi un communiste, fidèle et fier, qui savait parler des gens de tous les jours avec humanité, aimant leurs faiblesses et leurs forces, pétri d’amour et de fraternité. Cet idéal, nombre de ses chansons en témoignent. Mais il n’était pas un artiste de commande, le doigt sur la couture du pantalon. La preuve, contrairement à beaucoup, c’est dans les moments les plus difficiles pour son parti, qui est aussi le mien, qu’il rappelait cette fidélité, quand il n’y avait rien à gagner de se déclarer communiste. Pendant que les médias glosent à perte de vue sur le pseudo révolté Depardieu et sa bouteille de pisse, qui, hier encore, crachait sur les manifestants qui défendaient la retraite à 60 ans, un authentique révolté a choisi de se taire. Sa bouteille à lui, il la partageait. Souvent elle lui permettait d’oublier un instant les dérives, les bassesses, la monstruosité d’un monde où plus que jamais le profit est roi.
C’est un frère que nous perdons et, sans aucun doute, un des rares chanteurs qui ait été aussi un authentique poète. Au lieu de nous refiler Johnny et Pagny dans les manifs, qui n’ont jamais aimé les petits et les sans grades, si on écoutait Leprest?
Adieu Allain, je ne serai pas à Ivry, pas cette fois, mais je sais que nombreux seront tes amis, les vrais, pas ceux qui découvrent soudain ton génie, et tes camarades de combat et de fraternité.
Roger Martin
Good bye Monsieur Leprest
La lune éteint son p’tit lampion
Trois petits tours et puis s’en vont
Plus de Pierrot, plus de soucoupe
Le cosmonaut’ fait son plongeon
Comme un cheveu noir sur la soupe
L’été nous donne un foutu scoop
Et ce 15 août est bien funeste
Good bye Monsieur Leprest
Ses deux « L » plantées dans le dos
L’artiste a tiré le rideau
Plus de chansons à bricoler
La poésie aura bon dos
Son oiseau rar’ s’est envolé
Quelques mots pour se consoler
Comme on lâch’rait un peu de lest
Good bye Monsieur Leprest
A plus d’un tour dans votre manche
S’il fallait que le cœur s’épanche
Vos mains ont eu le dernier mot
Lundi s’habillait en dimanche
Et j’ai chialé comme un marmot
Mozart a fermé son piano
En voilà une triste sieste
Good bye Monsieur Leprest
Et si les cœurs trop généreux
A tant vouloir se mettre en deux
Vont jusqu’à se donner la mort
Plus de malic’ dans votre œil bleu
Qu’un point final dans le décor
Le poète n’a pas toujours tort
Mais la vie retourne sa veste
Good bye Monsieur Leprest
Qu’on vous donne de vos nouvelles
Mais le forçat s’est fait la belle
Aux maillons de nos chaîne(s) hifi
Et un coco dans l’eau du ciel
Nous fait un drôl’ de rififi
L’été pleut sous nos parapluies
Les yeux c’est tout ce qu’il nous reste
Good bye Monsieur Leprest
L’été pleut sous nos parapluies
Les yeux c’est tout ce qu’il nous reste
Good bye Monsieur Leprest
Philippe Thivet
(15/08/2011)
La vacuité du quotidien, les petites luttes mesquines, la Beauté sans cesse rendue inaccessible par la bêtise et la petitesse…
Et puis, au creux de la nuit, par hasard, l’on apprend qu’un être d’exception, qui donne, que l’on connait encore trop peu s’en est allé. On se renseigne un peu plus.
Et Shit !
Le poète chanteur, révolté, insoumis, s’en est allé … Son engagement, au côté de notre parti, toujours fidèle, à combattre l’injustice et l’indécence des possédants, face au peuple qui n’en peut plus … C’est au travers de ses textes “vibrants” de vérité et chargés d’émotion et de sensibilité, qu’il transmet, et transmettra, toujours, et toujours … son message … Je pense à Francesca Solleville, à Jean Guidoni, Jacques Higelin, Juliette Gréco … et tous ceux qui l’ont chanté. Romain Didier bien sûr, ses Musiciens … et surtout ses très proches, sa compagne, ses enfants, et Fantine, qui a chanté avec lui … C’est un “Grand” qui a choisi de quitter ce monde, à Entraygues, près de Jean Ferrat, son ami de toujours … lui-même, chanteur engagé… Je salue l’homme, l’artiste, Allain, tout simplement – et reprendre quelques vers “rien n’est jamais acquis à l’homme. Ni sa force / Ni sa faiblesse ni son coeur. Et quand il croit/Ouvrir ses bras, son ombre est celle d’une croix” (Aragon). Que mon message puisse exprimer l’émotion face à ce brutal départ. ANNIE, une militante de BAGNEUX.
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