En général plutôt policé et nourri de débats sur le fond, même si le ton monte un peu, le Conseil municipal de Nogent sur Marne s’est terminé hier soir dans l’invective. Le Maire, Jacques JP Martin, a levé la séance au terme d’un peu moins de deux heures de réunion, indiquant qu’il n’avait plus de temps à consacrer aux dernières questions des élus, avant que ne se poursuive, hors séance, un règlement de comptes (verbal) avec son adversaire Marc Arazi.
La tension entre les deux élus était du reste palpable durant toute la séance, depuis la communication préalable de la majorité municipale, lue par Déborah Münzer, et accusant Marc Arazi de malhonnêteté intellectuelle (à écouter à partir de la minute 46).
Cette communication préalable reprochait à l’élu (qui s’est déclaré officiellement dans l’opposition depuis février 2011) de publier une lettre, envoyée à tous les Nogentais, au nom « des » élus de Nogent c’est maintenant, en indiquant, pour justifier le déterminant pluriel, le nom d’Anne Renoux malgré elle. Colistière au premier tour des élections municipales de 2008, Anne Renoux a suivi Marc Arazi sur la liste du maire sortant lors de la fusion entre leurs listes au second tour, mais, contrairement à Marc Arazi, elle est restée dans la majorité municipale au sein de laquelle elle a une délégation concernant le projet RER A.
Déborah Münzer a rappelé dans sa communication que Marc Arazi avait été, qu’il le veuille ou non, élu sur la liste de la majorité et qu’il lui appartenait de démissionner du Conseil municipal s’il était en désaccord, avant de conclure en comparant l’élu incriminé au personnage infatué d’Arrias, des Caractères de La Bruyère (auteur du XVIIème siècle), s’amusant que le nom du personnage soit « quasi l’anagramme » d’Arazi. S’en est suivie une passe d’armes entre l’élu concerné et le maire de la ville, sur la légitimité du mouvement Nogent c’est maintenant avant qu’Anne Renoux ne prenne la parole pour s’exprimer elle-même et confirmer qu’elle faisait bien partie de la majorité depuis le second tour de 2008, priant Marc Arazi d’éviter d’apposer son nom dans ses futures lettres. Entre deux salves des intéressés, chacune couvrant l’autre, Michel Gilles a pour sa part exprimé son désaccord face à une communication préalable s’achevant en attaque personnelle, qu’il a qualifiée de déplacée et inadmissible au sein d’un Conseil municipal.
Plusieurs sujets ont ensuite opposé les deux ex-alliés au cours de la séance, de la vidéosurveillance aux antennes relais, faisant monter le ton toujours un peu plus haut jusqu’aux questions de fin de séance.
A écouter à partir de la minute 46
Rappel historique : la liste de Marc Arazi avait fusionné au second tour avec celle de Jacques JP Martin, apportant ses 5,72 % de voix aux 31,36 % du maire sortant. Marc Arazi avait rejoint la liste majoritaire, Ensemble agissons pour notre ville, avec deux de ses colistiers, Anne Renoux et Laurent Bernat. Les deux têtes de liste avaient également signé un accord précisant les modalités de cette fusion et les attributions des nouveaux colistiers en cas d’élection. Marc Arazi devait ainsi être maire adjoint et s’occuper des questions d’environnement, notamment des dossiers antennes relais et de la décontamination de Marie Curie. Laurent Bernat a pour sa part du démissionner du Conseil quelques temps après pour obligations professionnelles. Après une courte lune de miel, les relations entre Marc Arazi et la majorité municipale se sont rapidement détériorées, la majorité reprochant à l’élu de jouer en solo et ce dernier reprochant au maire de ne pas tenir ses engagements, notamment en termes de transparence et de démocratie locale. La rupture a été consommée en mars 2009, suite à des prises de position divergentes et publiquement exprimées de Marc Arazi concernant le réaménagement du pôle RER A. Ce dernier s’est alors vu destituer de ses délégations et de son titre de maire adjoint en conseil municipal. Exclu définitivement de la majorité quelques temps plus tard puis réintégré, l’élu a finalement choisi de se situer de lui-même dans l’opposition début 2011, suite à l’élection au poste de conseiller à la communauté d’agglomération d’Estelle Debaecker (maire de la ville de 1995 à 2001) et ancienne opposante de Jacques JP Martin. Le leader de Nogent c’est maintenant, son groupe politique local, s’est alors présenté aux élections cantonales contre le maire. Son ex-colistière, Anne Renoux est de son côté restée dans la majorité et avait à l’époque clarifié sa position à ce sujet, interrogée par Nogent Citoyen : « Ma position d’élue se borne en une assistance technique et juridique sur des sujets de ma compétence, en lien avec les autres élus et les services de la mairie. Je ne souhaite pas prendre part à une querelle entre élus pour des raisons politiques sans lien avec les vrais problèmes de la ville. Je ne suis pas liée à « Nogent c’est maintenant » qui n’a, en tout état de cause, aucune existence juridique ou légale. » Elle avait précisé que la Lettre Nogent c’est maintenant mentionnait effectivement son nom sans son accord mais ne souhaitait pas médiatiser l’affaire outre mesure.
Voir les billets précédents à ce sujet
Voir aussi article sur les alliances actuelles au sein du Conseil municipal
La mise en scène de cette soirée est consternante et démontre la fragilité grandissante d’un maire qui va d’échecs en échecs :
-une réélection aux cantonales qui confirme son recul
-une éviction de la présidence de son groupe au Conseil Général (voulue par ses pairs plus jeunes)
-la non présence sur la liste ump des sénatoriales au profit de Jacques Leroy (désormais Mr Martin ne siège plus au bureau politique de l’ump départemental)
-certains dossiers majeurs de la Ville sont en rade : la cession du parc des HLM de Nogent, l’aménagement du Pôle RER A, la décontamination de l’ancien site Marie Curie, les fameux contentieux dont celui du parking saint Germain, la maison de la cuture juive kidnappée par le consistoire etc.etc.
-le contexte morose de l’ump au niveau national et la défaite annoncée aux présidentielle
Mr Martin pense aux législatives de 2012 ! Ben voyons ! Ne l’oublions pas, Nogent est désormais rattaché à la 6è du Val de Marne dont Gilles Carrez sera, à n’en pas douter, le candidat UMP. Martin cherchera sans doute à en être le suppléant (peut il encore avoir d’autres ambitions ?). L’objectif est de bénéficier d’une nouvelle investiture en 2014, aux municipales, mais Carrez (qui lui passe la main au Perreux) n’est pas partisan de cette investiture, et s’il assure sa propre réélection aux législatives, sera peut être enclin à soutenir…M Montchamp (si celle-ci est intéressée bien sûr)à Nogent sur Marne ?
Maintenant, une liste d’intérêt général (centre gauche/centre droit, société civile)peut avoir ses chances. Pour ma part, j’y suis favorable…
On peut comprendre que Mr Martin soit de plus en plus nerveux…
Ce conseil municipal c’etait ca :
En beaucoup moins drole et sans le talent
les echanges relatifs a lettre diffusee par marc arazi sont en effet consternants
Je pense que marc arazi a trop longtemps entretenu le doute et ce nest pas la premiere fois que ce manque de transparence – pourtant largement revendiquee – lui est reproche
Fallait il pour autant se livrer a cette mascarade theatralisee ?
je ne pense pas que l’humiliation publique soit acceptable et elle sera probablement contre productive a terme
Anne Renoux a ete digne et cela detonnait lors de ce conseil
@Gilles
Encore mieux qu’interdire l’opposition, puisque c’est le maire qui décide qui est élu de l’opposition et qui est “opposant au sein de la majorité”, transformer les élus de l’opposition en opposants à l’unanimité au sein du conseil municipal et donc opposants au bien commun incarné par M. le Maire.
IL y avait aussi un petit coté novlangue dans ce conseil municipal :-).
La liste MODEM dont je faisais partie a resiste aux appels du pied des finalistes. NOus etions bien conscients du jeu de dupes …
Monsieur Martin avait a cette epoque cruciale de l’entre deux tours a l’instar des autres finalistes de nous accorder un espace d’expression dans Nogent le magazine et d’acceder facilement aux elements relatifs a la gestion de la ville.
La promesse signee de ces blanches mains a eu tot fait d’etre
denoncee : pouvait il en etre autrement ?
Morale de l’histoire : les promesses ne sont pas des garanties.
L’independance est un combat : je ne regrette pas une minute de ne pas m’etre accoquine avec un parjure.
Je pense que ce tour de piste sera le dernier pour notre maire.
Si le maire voulait être cohérent dans sa distinction entre élus de la majorité (dont M Arazi) et élus de l’opposition,
il devrait refuser le ralliement des élus des listes d’opposition
au contraire, il a tout fait pour absorber les élus d’opposition afin de les faire taire
et en échange il leur attribue quelques petites récompenses (un poste de conseiller délégué fictif, un siège à la communauté d’agglomération)
pour être honnête vis à vis des électeurs, le maire aurait du exiger que ces élus démissionnent
et leur proposer de faire alliance lors de la prochaine échéance électorale
.
Au lieu de cela, il se félicite de cette “coopération (collaboration serait un terme plus approprié) constructive” qui fait que “l’opposition intelligente” (les autres étant des imbéciles !) soutient aveuglement sa politique
.
Une seule solution : un arrêté du maire interdisant l’opposition
Animal Farm, excellent bouquin ! “All animals are equal, but some animals are more equal than others.”
Ce conseil était pitoyable dans sa forme, on aurait cru une pub pour le front national ou JL Mélanchon.
M. Arazi récolte certainement ce qu’il a semé, il reste que l’attitude du Maire, qui présidait la séance était déplorable.
Entendre des discours à charge, suivi d’applaudissements en groupe (on aurait cru les moutons de la ferme des animaux de George Orwell) … (c’est juste avant min 49 et la minute 58 ..)
Il y a eu à plusieurs reprises de la part d’élus de la majorité et de M. le Maire un refus d’accepter que M. Arazi pouvait librement choisir de se définir comme élu de la minorité au conseil municipal, et à plusieurs reprises un appel à sa démission. “si vous étiez vraiment en opposition avec notre façon de travailler, alors vous démissionneriez” D. Muntzer.
“j’essaie d’etre quelqu’un d’assez loyal, je me soumets ou je me démets (…) je crois que la moindre des choses quand on est élu sur une liste c’est soit on porte haut ses couleurs, soit si ca vous convient pas on arrête” Anne Renoux
Or, certes la loi Française rend le Maire irresponsable de sa gestion devant le conseil : une fois élu il n’est pas révocable par ce dernier.
Il n’en demeure pas moins que les conseillers municipaux ont la liberté de vote. Il y a de très nombreux cas de Maire mis en minorité au sein de leur propre conseil municipal en France.
Si un Maire peut être mis en minorité, je vois mal pourquoi un conseiller municipal ne le pourrait pas.
En tout état de cause, rien ne saurait retirer à un conseiller municipal élu sur une liste de la majorité sa liberté de vote et le contraindre à voter comme ses collègues de liste ou comme le Maire le lui demande.
Je ne connais pas la législation sur l’attribution des moyens aux élus minoritaires et M.le Maire peut être pinailler sur ce point pour refuser à M. Arazi sa tribune à lui tout seul, si ça lui fait plaisir (ce jeu les passionne manifestement), mais l’appel à la démission d’un conseiller municipal parce qu’il refuse de voter comme la liste majoritaire est clairement abusif.
La partie amusante, surréaliste du conseil a porté sur les très nombreux échanges complexes autour des notions d’opposant vs élu de l’opposition ou élu de la minorité :
“que cela vous plaise ou non,vous vous avez été élu sur cette liste, vous vous comportez comme un opposant sur cette liste, mais ce n’est pas pour autant que vous êtes un élu d’opposition puisque pour faire parti de l’opposition il faut ne pas avoir été élu sur sur une liste de la majorité.”
M. Le Maire : “vous faites partie de la majorité de la majorité municipale et vous vous êtes mis en situation d’opposant au sein de cette majorité.” Vous n’êtes pas élu minoritaire” répété plusieurs fois.
Arazi : ce n’est pas a vous de dire si je fais partie de la majorité ou non
M; le Maire : bien sur que si
Arazi : mais non
J’espère que tout le monde a suivi … on peut être un opposant sans être dans l’opposition, minoritaire dans tous ses votes, sans être dans élu de la minorité.
M. Arazi est un opposant à la majorité dans la majorité, mais il n’est ni dans l’opposition, ni un élu de la minorité… En tout cas c’est la position du Maire …
Si je peux me permettre une opinion en la matière, M. Arazi est un élu de la minorité, mais un élu de la minorité privé des droits spécifiques liés à l’appartenance à une liste officielle.
C’est comme s’il était un parlementaire sans groupe. Pour obtenir une tribune il faudrait qu’il soit accepté par les deux seuls groupes minoritaires ayant de telles prérogatives de part le code électoral : la liste socialiste et la liste montchamp debaecker.
En l’état il est dans la minorité, mais sans droit faute de remplir les conditions afférentes.
sur la forme il y aeu tous les :
M. le Maire “arrêtez de dire n’importe quoi” “la ficelle est un peu grosse”
“utilisez des méthodes un peu plus normales”
Arazi “vous aussi”
on se serait cru en cours de récré.
Et le bouquet final
M. le maire “Votre collègue (Deborah Muntzer) avait demandé à s’exprimer, je ne peut pas l’empêcher de s’exprimer, surtout lorsque “c’est le hasard” elle a à dire des choses que je partage.
Certes Deborah Muntzer était parfaite en Brille Babil. (Porte flingues en langage de journaliste.)
Donc pour résumer :
M. le Maire donne des conseils en matière de presse à éviter (libération ça n’est pas bien), il demande (ou fait demander par ceux avec lesquels il est d’accord) à tous ceux qui ont été élu sur sa liste et qui voudrait ne pas voter comme il leur demande, de bien vouloir démissionner, il arme la police municipale, il en est le responsable hiérarchique, il installe la vidéo surveillance. Mais … tout va bien. On peut lui faire confiance pour respecter la liberté de pensée et d’expression de chacun.
Voila exactement le genre de conseil municipal qui donne confiance et foi dans la démocratie locale…
Marc Arazi a eu le tort de s’allier avec celui qui allait être élu, l’avenir était écrit, embrasser pour étouffer. Puis, aux yeux des “démocrates” de la majorité, de ne pas s’être rangé comme Anne Renoux aux côtés des “godillots”, de s’être opposé quand les décisions étaient contraires à ses convictions, de ne pas avoir voté, par exemple, la destruction de l’ancienne gare de la place Sémart dont le maire avait déclaré qu’elle serait conservée.
Sans doute pense-t-il qu’il n’a pas été élu sur sa liste “Nogent Maintenant” pour participer au « Système Martin » et aider à la détérioration du cadre de vie. Il faut lire la réponse de M. Gilles Michel au TA au mémoire en défense de JP Martin pour comprendre le fonctionnement de politicien du maire.
Le prochain conseil municipal verra-t-il un conseiller municipal déclamer un poème sur le thème de la pétanque et les offrandes faîtes à QUARTERBACK ?
En qualité de citoyen Nogentais , je suis navré de constater ces reglements de compte lamentables qui ne devrait pas se produire lors de reunions municipales . J’adhere totalement à l’intervention de Mr Gilles a ce titre.
Ces futiles invectives ne servent pas à notre democratie , alors que nous traversons une periode de crise sans precedent ou la solidarité politique, sociale devrait être un leif motif.
Cette joute ne sert pas la democratie locale qui n’adresse pas les problemes de fond de notre chere commune.
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