Représentation unique du Misanthrope de Molière lundi 7 mars à 20h30 à la Scène Watteau. “Si j’admire profondément en Molière l’homme et son oeuvre, intimement mêlés, mes premiers souvenirs du « Misanthrope » ne sont pourtant pas bons, se souvient Nicolas Liautard, directeur artistique de la Scène Watteau et metteur en scène de cette représentation du Misanthrope.
Ils remontent au temps où j’étais élève comédien. Il n’était pas rare alors de croiser dans les couloirs de l’école d’art dramatique quelques Alceste, quelques Hamlet, quelques Perdican vêtus de noir et j’avoue qu’il était difficile de les différencier. En ouvrant la porte d’une des salles de répétition, on avait de bonnes chances de tomber sur un nouvel Alceste en chemise romantique, criant sa rage adolescente contre « la société » dans un contre-sens total avec ce qui me semblait et me semble toujours être l’objet du chef-d’oeuvre de Molière, sa comédie, puisqu’il est besoin de préciser. Ce souvenir m’a longtemps éloigné du « Misanthrope ». La quarantaine m’en a rapproché. Alceste n’est pas un héros romantique (bel anachronisme). Ce n’est pas Molière qui hurle avec lui : « société dégueulasse tu ne me vaux pas ». Molière est lui-même trop habile à la cour pour adopter cette position. Alceste n’est pas Dom Juan et, faut-il le rappeler, Molière qui interprétait Alceste jouait également… Sganarelle. Il n’était pas exactement un « jeune premier » et se réservait toujours les rôles des ridicules, ceux pour lesquels son génie d’acteur prédisposé aux caricatures, aux grimaces, faisait merveilleusement office. En 1666, Molière a 44 ans, Armande Béjart sa jeune épouse pour qui il écrit le rôle de Célimène en a vingt de moins. L’histoire nous dit assez clairement le dépit de l’homme de génie devant la légèreté de sa jeune épouse, son cocuage notoire, les quolibets dont il est l’objet de la part des petits marquis qu’il a tant moqués. Mais Molière, qui est autant philosophe que dramaturge, se trouve un antidote à la mélancolie en se moquant lui-même régulièrement : il est hypocondre comme Argan, il aime une femme depuis le berceau comme Arnolphe, il est économe comme Harpagon (comment ne le serait-il pas, lui qui est chef de troupe !), il aime par-dessus tout la jeunesse comme Scapin, il est cocu comme… Bref ! Il est suffisamment imprégné de la doctrine d’Epicure pour se regarder souffrir et en tirer une comédie. On peut donc raisonnablement penser que la radicalité soudaine d’Alceste (car comment serait-il l’ami de Philinte si ce caractère avait toujours été sien ?) est en partie la conséquence de son dépit amoureux. On imagine alors facilement un Alceste, homme raisonnablement sincère et franc, qui radicalise soudainement sa position pour pouvoir épancher une colère dont l’objet véritable est la légèreté de Célimène. Nous voici donc en présence d’un hypocrite malgré lui, qui se fait le chevalier de l’absolue sincérité. Voilà un beau sujet de comédie, et voilà un grand enseignement pris chez les Grecs : une vertu sans mesure est vice risible.”
Durée de la représentation : 2h30 avec entracte
Prix des places : de 7 à 20 €
Mise en scène et distribution
mise en scène Nicolas Liautard
scénographie Damien Caille-Perret
lumières Jérémie Papin
costumes Séverine Thiebault
régie générale Pierre Galais
régie plateau Jürg Häring et Bruno Sollier
habilleuse Marion Lachaud
diffusion Estelle Delorme
réalisation du décor Ateliers Jipanco
administration Magalie Nadaud
Eric Berger Philinte
Jean-Yves Broustail Dubois / Un garde
Anne Cantineau Eliante
Sterenn Guirriec Célimène
Jürg Häring en alternance avec Bruno Sollier Basque
Sava Lolov Alceste
Matila Malliarakis Clitandre
Jean-Christophe Quenon Oronte
Marion Suzanne Arsinoé
Pierre-Benoist Varoclier Acaste
production La Nouvelle Compagnie
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