Société | | 07/04/2011
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L'INA va-t-il quitter l'Est parisien ?

A la fois banque d’archives de toutes les productions audiovisuelles françaises et institut de formation en partenariat avec l’Université de Marne la Vallée, l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) siège à Bry sur Marne depuis le courant des années 1980 et y emploie un millier de personnes. L’établissement public pourrait toutefois quitter le Val de Marne dans le cadre de son nouveau projet immobilier. Trois options restent officiellement en lice : partir à l’ouest ou au nord de Paris, ou bien rester à Bry.

La première hypothèse, historique, est celle du maintien à Bry sur Marne.  Elle prévoit d’une part la rénovation de la partie stockage des archives, qui ne répond plus aux normes de sécurité, d’autre part la constitution d’un pôle universitaire pour constituer une filière d’excellence dans les métiers de l’image et du numérique au sein du pôle “Université Paris Est ” (L’INA dispose déjà d’une filière universitaire avec l’InaSup’).  Ce projet a été budgété à 75 millions € financés pour 55 millions € par l’Etat et pour 20 millions par le Fond de roulement de l’INA. Officiel jusqu’à cet automne, il devait faire l’objet de premières études et consultations avant la fin 2010 pour une livraison de l’immeuble en 2015, sur le site de Bry sur Marne.

Le Val de Marne remis en question

Bien que constituant “historiquement” un site lié au cinéma, avec ses studios de Joinville le Pont, Saint-Maurice, Bry sur Marne où furent tournés des films célèbres, le Val de Marne ne concentre pas aujourd’hui la plus grande proportion d’entreprises audiovisuelles de la région parisienne. Toutes les chaînes de télévision et de radio se trouvent à l’ouest tandis qu’en Seine Saint Denis, le Pôle audiovisuel, cinéma et multimédia du Nord parisien (association créée en 2003 pour contribuer au développement économique de cette industrie en Seine Saint-Denis) a réussi à attirer de plus en plus d’acteurs de ce secteur. Voisine de l’INA à Bry sur Marne, la SFP (Société française de production) réfléchit à son départ tandis que l’Ecole nationale Louis Lumière, déjà dans le 93 mais à proximité de Marne la Vallée, à Noisy le Grand, s’apprête à s’en aller pour rejoindre la Cité du cinéma de Luc Besson, à Saint Denis.


Lors d’une commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale en octobre 2010,  le nouveau président de l’INA, Mathieu Gallet, semblait déjà avoir tiré les conclusions de cette situation, répondant à une question du député-maire (PS) de Noisy le Grand, Michel Pajon, à propos du départ de l’école Louis Lumière : “Les diffuseurs et les producteurs sont à l’ouest, les tournages se font au nord, et hormis la SFP, nous sommes, c’est vrai, un peu isolés à l’est. Nos liens avec le pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) de l’université Paris-Est sont assez ténus et j’ai rencontré récemment son président afin de réfléchir aux moyens de développer des partenariats notamment dans le domaine des sciences humaines et sociales. Si un laboratoire effectue des travaux sur l’image, le PRES est malgré tout tourné vers des problématiques éloignées des nôtres. Un rapprochement avec le Cluster Descartes me semble difficile compte tenu du fait que nous sommes propriétaire de 7,5 hectares à Bry-sur-Marne et que nous n’avons pas les moyens de déménager. L’arrivée à terme d’un métro automatique serait ainsi bien utile, d’autant que nous sommes actuellement très mal desservis par les transports en commun.

Malaise chez les salariés

Depuis, de nouvelles options ont vu le jour, la première consistant à rejoindre l’ouest de Paris pour se rapprocher des grands médias, la seconde, qui semble plus probable, de rejoindre le pôle audiovisuel et multimédia de Seine Saint Denis. L’INA pourrait alors s’installer au carrefour Pleyel, en place d’une ancienne centrale EDF, mais le coût estimé total de l’opération serait alors de 175 millions €. Officiellement, rien n’est toutefois acté. “La décision sera prise en juin“, indique-t-on au siège de l’INA. Les salariés, peu informés des changements de projet, et nombreux à habituer à proximité du site briard, s’inquiètent. “Nous apprenons l’existence de différents projets par la presse et ne sommes pas tenus au courant, déplore François Lamontagne, déléguée CGT. Lors du comité d’entreprise qui s’est tenu hier, on nous a enfin donné un document de 7 pages pour énumérer les différentes pistes : déménagement total, partiel…  mais aucun argument concernant les avantages d’un tel déménagement et notamment les synergies concrètes avec les autres activités audiovisuelles du pôle Saint Denis, aucune information non plus concernant le financement du projet à 175 millions € !  Cette manière de faire n’est pas coutumière de l’INA. Les salariés sont très attachés à leur entreprise et ont l’habitude d’être parties prenantes. Or, aujourd’hui, nous ne comprenons plus la stratégie de l’entreprise.”

Au questionnement lié au déménagement de l’INA, d’autres sources de confrontation entre direction et salariés nourrissent le malaise, comme la négociation de la nouvelle convention collective, en cours depuis des mois. En outre, le parquet de Créteil a ouvert une enquête fin janvier 2011 sur un possible conflit d’intérêt lié à la nomination de Mathieu Gallet, ex-directeur de cabinet adjoint au Ministère de la culture, l’autorité de tutelle de l’INA.

Lire aussi la réaction de Christian Favier, Président du Conseil général du Val de Marne

Liens utiles

Le site Internet de l’INA
Le compte-rendu complet de l’audition du président de l’INA, en Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale.

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