Le temps pluvieux qui a sévi tout le mois de juillet pourrait laisser croire qu’il n’y a plus de problème de sécheresse. Il n’en est pourtant rien. «La nappe phréatique souterraine de Champigny (qui s’étend sur trois départements : Val de Marne, Essonne et Seine et Marne) est en déficit structurel depuis 2005. Pour la remettre à niveau, il faudrait un niveau de pluie supérieur à la normale durant plusieurs années », explique Michel Boissonnat, directeur des affaires générales et de l’environnement de la préfecture du Val de Marne.
Et il ne faut pas n’importe quelle pluie ! L’idéal serait un crachin régulier plutôt que des grosses pluies qui ne prennent pas le temps de pénétrer le sol et se déversent dans les rivières. La pluie d’été n’est pas non plus la plus efficace car le soleil rayonne plus longtemps dans la journée, ce qui favorise l’évaporation. En moyenne sur une année, un peu plus de 60 % de la quantité de pluie est consommée par la végétation ou évaporée, un peu moins de 20 % rejoint les rivières et environ 20 % s’infiltre dans le sol pour alimenter la nappe. A noter que ce déficit chronique de pluie a été aggravé cette année par l’épisode de sécheresse du mois d’avril.
Face à cette situation, le préfet du Val de Marne a récemment pris un arrêté pour faire passer la nappe de Champigny ainsi que les rivières de l’Yerres, du Réveillon et du Morbras, en niveau de crise, et rappelé les mesures de limitation de l’utilisation de l’eau prélevée directement dans les cours d’eau et les nappes dans treize villes du département : Boissy saint Léger, Chennevières sur Marne, Limeil Brévannes, Mandres les Roses, Marolles en Brie, Noiseau, Ormesson sur Marne, Le Plessis Trévise, La Queue en Brie, Santeny, Sucy en Brie, Villecresnes, et Périgny sur Yerres. Concrètement, il y est interdit d’arroser les pelouses et espaces verts entre 08h et 20h, de laver son véhicule en dehors des stations professionnelles (sauf pour les véhicules ayant une obligation réglementaire et pour les organismes liés à la sécurité), de nettoyer des terrasses et façades ne faisant pas l’objet de travaux et de remplir, maintenir et vidanger en eau des plans d’eau.
La préservation de la nappe de Champigny est d’autant plus cruciale que celle-ci, très profonde, est protégée des pollutions. Le coût du traitement pour la transformer en eau potable revient donc entre deux et trois fois moins cher que pour les eaux de la Seine ou de la Marne. Les usines d’eau potable de la région ont dû néanmoins fortement limiter leur approvisionnement dans cette nappe ces dernières années et n’en prélèvent plus que quelques pourcents. L’eau potable de l’Est parisien provient donc essentiellement de la Seine et de la Marne. Mais même les fleuves et rivières sont touchés par la sécheresse et pour la première fois cette année et le seuil d’alerte a été déclenché fin mai en Seine et Marne.
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