C’est à l’initiative de la section du Perreux sur Marne, et de son responsable, Jean-Pierre Dusseaulx, que le premier débat entre représentants des candidats aux primaires socialistes dans le Val de Marne s’est tenu hier soir, salle Charles de Gaulle. Devant une quarantaine de personnes et après tirage au sort de leur ordre de passage, les huit représentants (tous des hommes) ont développé durant un quart d’heure chacun les spécificités des candidats tout en rappelant le socle commun du programme PS – le livre de leur favori sous le coude. La rencontre s’est achevée à 23h au terme de 2h30 de discussion dans une atmosphère franchement cordiale.
Parmi les propositions faisant consensus : le regroupement de l’impôt sur le revenu avec la CSG, la création d’une banque d’investissement et encore des mesures d’incitation fiscale pour développer l’innovation, l’entrepreneuriat et l’écologie, en bref une reprise en main du politique sur l’économique. Les questions de société (légalisation du cannabis, mariage homosexuel, sécurité…) divisent davantage. Les positions sur les emplois aidés ou la retraite diffèrent aussi d’un candidat à l’autre.
François Hollande : fiscalité et jeunesse
Représentant François Hollande, Mounir El Beiyad, secrétaire de section de Saint Maurice et secrétaire fédéral de l’université du parti, a insisté sur deux priorités : la fiscalité et la jeunesse. Parmi les propositions : le rééquilibrage du budget, la constitution d’un impôt citoyen regroupant impôt sur le revenu et CSG, la TVA éco-modulable en fonction des produits qui respectent l’environnement, le contrat de génération (proposition consistant à inciter financièrement les entreprises à embaucher des jeunes et les former avec des seniors), l’incitation à l’innovation, l’éducation (fin de redoublement, remise en place d’une formation à part entière des enseignants alternant théorie et pratique « pas forcément sur le modèle des IUFM », la petite enfance (création de 400 000 places d’accueil pour les moins de 3 ans) et encore la « présidence normale » (pas d’ingérence dans les nominations, respect de la séparation des pouvoirs…). Sur le nucléaire : il est proposé le même effort que l’Allemagne c’est-à-dire -25% en dix ans, pour passer de 75 % à 50%.
Jean-Michel Baylet : un gouvernement économique européen
Représentant Jean-François Baylet, le candidat du Parti radical de gauche (PRG), Patrick Mouge, conseiller municipal du Perreux, a mis l’accent sur l’Europe et le parler vrai même si certaines propositions sont impopulaires. Parmi les suggestions : la constitution d’un gouvernement économique européen décidant du budget de chaque Etat -capable de racheter les dettes souveraines et d’insuffler une politique de relance, la séparation des banques de dépôt et d’investissement spéculatif, l’interdiction de spéculer sur les matières premières agricoles, la fusion de l’impôt sur le revenu, la CSG et les cotisations sociales, le calcul de l’impôt des sociétés sur leur bénéfice mondial, le transfert d’une partie des cotisations salariales vers la CSG et la TVA, la suppression de l’exonération des stock-options, pas de retour à la retraite à 60 ans mais un aménagement avec une retraite à points, la légalisation du mariage homosexuel, de l’adoption par les homosexuels, le droit à mourir dans la dignité, la reprise des essais sur la recherche des embryons avec encadrement bioéthique, la légalisation du cannabis et encore le rétablissement de la police de proximité et du juge d’instruction. Sur le nucléaire : pas de sortie définitive, position considérée comme démagogique, mais mise en œuvre d’une politique énergétique de la France.
Manuel Valls : sécurité, éducation, rigueur, redistribution
Philippe Franck, ancien secrétaire de section de Champigny mais membre de la section de Bry sur Marne, a pour sa part défendu le programme de Manuel Valls. Au programme : le déploiement généralisé de la police municipale, l’arrêt de la suppression d’un poste d’enseignant sur deux, l’augmentation de la présence horaire des enseignants dans leur établissement, l’adaptation des techniques éducatives en fonction des lieux, l’autonomie accrue des établissements scolaires, la suppression massive des niches fiscales pour les ménages les plus aisés, la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG avec prélèvement à la source, pas de retour de la retraite à 60 ans (un «mal nécessaire»), un regard prudent sur les propositions d’emplois jeunes, la révision du programme à l’aune du nouveau contexte économique qui a évolué ces derniers mois, le renforcement des moyens de la justice, la régularisation des sans-papiers à partir de critères lisibles. Sur le nucléaire : pas de sortie à court terme car l’intensification du thermique qui en découlerait aurait aussi des conséquences écologiques, développement des énergies renouvelables et des filières biotechnologiques.
Martine Aubry : emploi, pouvoir d’achat, éducation, sécurité
Pour évoquer le programme de Martine Aubry : Jérôme Impellizzieri, conseiller régional et secrétaire fédéral à la vie des sections. Ce dernier a commencé par rappeler le socle commun « fort » entre les propositions de chacun et le nom du véritable opposant du PS : la droite, taclant au passage le concept de règle d’or, considérée comme «une coupe drastique non crédible». Il a ensuite résumé les quatre priorités de son candidat : l’emploi, le pouvoir d’achat, l’éducation et la sécurité. Parmi les suggestions : une réduction d’impôt pour les entreprises qui réinvestissent, la diminution des niches fiscales, la création d’une banque d’investissement pour les entreprises, une police territoriale mutualisée entre plusieurs communes pour éviter qu’elle ne soit sous la coupe d’un seul maire, la tolérance zéro avec sanction juste et proportionnée, une réforme de l’école primaire – des temps de travail à la formation des enseignants, la mobilisation contre l’échec au collège, une conférence salariale annuelle, des rayons à « prix citoyens » dans les grandes surfaces, l’encadrement des loyers dans certains cas, une taxe sur les superprofits pétroliers, une loi sur l’égalité salariale homme-femme. Sur le nucléaire : réduction progressive mais “réaliste”.
Ségolène Royal : desserrer l’étau des classes moyennes
Représentant Ségolène Royal, Jean-Jacques UM, membre de la section de Fresnes et secrétaire fédéral à la justice, a rappelé les positions déjà anciennes de sa candidate sur un certain nombre de sujets, autrefois taxées de fantaisistes et qui font aujourd’hui consensus. Il a également insisté sur le fait que toutes ses propositions avaient été testées et validées sur le terrain à l’échelle de sa région. Les axes prioritaires : desserrer l’étau autour des classes moyennes, bloquer 50 prix de produits de première nécessité, bloquer le prix du carburant et de l’énergie, stimuler l’entrepreneuriat, créer une banque d’investissement, donner la priorité à l’éducation, mettre en place l’encadrement des jeunes délinquants par des militaires. Insistant sur la nécessité de rassembler, Jean-Jacques Um n’a pas hésité à faire référence au général de Gaulle ! Sur le nucléaire : développement des filières d’énergie renouvelable comme le solaire en s’appuyant notamment sur des sociétés d’économie mixte. Débat national participatif sur la mutation énergétique.
Arnaud Montebourg : dé-mondialisation et 6ème république
Dernier à intervenir, Frédéric Massot, secrétaire de section de Villiers sur Marne et secrétaire fédéral de l’université des savoirs, a également rappelé l’esprit de camaraderie entre les différents représentants des candidats et la nécessité de se rassembler face à une droite machiavélique, populiste et parfois “proche du fascisme” – terme qu’un des spectateurs a regretté haut et fort, considérant cette sortie comme un dérapage inapproprié. Sur le fond, Frédéric Massot a insisté sur la nécessité de redonner du pouvoir au citoyen, en mettant l’économie au service du politique et non le contraire. Parmi les propositions : une banque d’investissement pour les entreprises, capable de porter notamment l’investissement coopératif, le contrôle des marchés des capitaux, la taxation des transactions financières, un processus de dé-mondialisation pour arrêter les délocalisations en cascade, une taxe sur les produits extérieurs non écologiques et une réforme des institutions pour redonner du pouvoir au parlement et contribuer à un nouveau projet de société dans le cadre d’une sixième république. Sur le nucléaire : diminution progressive de la part actuelle du nucléaire dans l’énergie électrique mais à un rythme moindre que l’Allemagne «qui importe de toutes façons de l’électricité d’origine nucléaire française.» Développement des énergies renouvelables.
Concernant le bien-fondé des primaires, remis en question par l’une des personnes dans la salle, qui aurait préféré un tirage au sort pour désigner l’heureux élu en s’appuyant sur un consensus entre les différentes motions, les représentants des candidats ont tous défendu l’aspect démocratique de la démarche, reconnaissant pour certains qu’il n’y avait pas de candidat naturel qui s’était dégagé et que cela rendait nécessaire cette manière de départager les prétendants. Concernant la guerre des égos, Frédéric Massot l’a acceptée comme faisant partie intégrante du combat politique : «La pugnacité, c’est aussi ce qui fait la différence pour devenir président !»
7 autres débats devraient avoir lieu dans le Val de Marne avant les primaires qui se tiendront les 9 et 16 octobre.
Je suis gênée par l’assertion “les politiques français ne peuvent pas admettre qu’ils sont impuissants…”, curieuse manière de mettre tout le monde dans le même train, comme si une politique de droite ne pouvait se différencier d’une politique de gauche !
Je suis loin de partager votre opinion, qui laisse le champ libre à tous les pessimismes et montées d’extrémismes;
Sinon, je confirme le fond de l’article, le débat fut tout à fait cordial et constructif – le socle commun et bien solide du programme du PS, a permis aux orateurs de dégager les spécificités de chaque candidates et candidats, preuve que nous ne sommes pas en face d’une gauche monolithique.
“Les primaires citoyennes” augurent d’un phénomène démocratique sans précédent en France, gageons que les français sauront y répondre avec conviction.
Martine Lebrun
Membre du Bureau Fédéral du PS 94
La campagne des présidentielles présente pas mal de similitudes avec le Tour de France. Une bonne partie du public applaudit le candidat qui lui dit ce qu’il a envie d’entendre pour la première. Pour le second, ce sont les échantillons jetés sur le public par la caravane qui attirent les spectateurs. Dans les 2 cas, la performance réelle n’est pas prise en compte car faite de faux semblants (dopage pour l’un, promesses contredites par les actes dans l’autre).
Putain de camion !
Face à la gangrène, il est difficile de se résigner à l’amputation si tous les charlatans vous promettent une guérison facile avec de l’aspirine
Au PS, comme à l’UMP, on veut croire que la crise est passagère oubliant ainsi tous les diagnostics et les chiffres
Pourtant les séries longues depuis 30 ans démontrent que la crise est structurelle et que le déclin de l’Europe, amorcé en 1945, se nourrit d’une mondialisation à sens unique
Les quelques mesurettes franco-françaises (telles la taxe sur les sodas ou les parc à thème, ou la fusion IR CSG et les emplois aidés ) n’y suffiront pas
mais les politiques français ne peuvent pas admettre qu’ils sont impuissants et incapables d’inverser les tendances lourdes
à défaut d’avoir un vrai choix sur la politique à suivre, on aura au moins le choix de la tête du président
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