La rationalisation des services de chirurgie cardiaque d’Ile de France ne passera pas par Henri Mondor, et donc le Val de Marne. Depuis le printemps dernier, le service de l’hôpital cristolien était menacé de fermeture dans le cadre du schéma d’organisation régional des soins (SROS)
qui prévoit qu’il n’y ait plus que 10 sites consacrés à ce type de chirurgie dans la région contre 14 actuellement, et plus précisément que le nombre de services de chirurgie cardiaque dépendant de l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) passe de 4 à 3. Or, sur les 4 sites de l’AP-HP, Henri Mondor était celui qui présentait la plus faible activité.
Au début de l’année, la préconisation de fermeture du service de chirurgie cardiaque d’Henri Mondor par l’Agence régionale de santé (ARS), instance dépendant de la région et dirigée par Claude Evin, avait toutefois suscité de très vives réactions au niveau local. Tous ensemble, élus de droite comme de fauche ainsi que personnel de l’hôpital avaient manifesté et lancé une pétition signée par plus de 100 000 personnes.Au printemps, le ministre du travail, de l’emploi et de la santé, Xavier Bertrand, avait donc suspendu la décision de fermeture et commandé une étude à l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) pour statuer définitivement. Cette étude a été remise au ministre mi-octobre et depuis cette date, la mobilisation n’a pas faibli, avec notamment une manifestation de rappel avant même la remise du document au ministre.
Le suspens autour de ce dossier est tombé hier après midi à l’Assemblée nationale. Lors de la séance des questions au gouvernement, Michel Herbillon, député-maire UMP de Maisons Alfort, a en effet interrogé directement le ministre Xavier Bertrand sur cette question, plaidant une nouvelle fois la cause de cet hôpital de l’Est parisien. “Comment accepter la fermeture du seul service de chirurgie cardiaque de l’AP-HP situé en banlieue et dont l’activité a progressé de 20 % en un an, quand dans le même temps on maintient trois services similaires dans Paris intra-muros ? (ndlr : les 3 autres services de chirurgie cardiaque de l’AP-HP sont La Pitié Salpêtrière, Bichat, Georges Pompidou, tous trois situés à Paris) Ce serait accepter l’idée injuste qu’il puisse y avoir deux poids, deux mesures, pour l’accès aux soins, selon que l’on vit d’un côté ou de l’autre du périphérique“, a insisté le député du Val de Marne.Sa réponse prête, Xavier Bertrand a confirmé sans ambiguïté le maintien du service à Henri Mondor, motivant cette décision par les conclusions du rapport de l’IGAS dont il a cité les extraits suivants : “La fermeture de la chirurgie cardiaque à Henri-Mondor serait directement contraire aux orientations de la politique d’enseignement et de recherche en Île-de-France” et encore “Sa fermeture contrarierait le développement des activités de cardiologie interventionnelle, particulièrement dynamique sur le site d’Henri-Mondor.”
Le ministre a néanmoins fait état de problèmes passés au sein de ce service, qui en affecté le fonctionnement : “Quels sont les critères que nous devons, Nora Berra (secrétaire d’Etat à la santé) et moi-même, prendre en compte ? Il nous faut nous demander si la qualité et la quantité des actes sont au rendez-vous. Sur ces deux éléments, je le dis très clairement : ce service a connu une succession mal organisée. Pour autant, ce service et l’hôpital Henri-Mondor dans son ensemble ne doivent pas être pénalisés en raison de ces problèmes passés (…) Le service de Henri-Mondor a aujourd’hui repris une activité qui est, en termes de quantité, des plus satisfaisantes et des plus favorables. Il n’est pas question de le sanctionner pour une raison consistant, par exemple, à considérer qu’il est situé de l’autre côté du périphérique. Henri-Mondor a un avenir ; ce service également.”Cette confirmation a réjoui les élus val de marnais comme les personnels de l’hôpital. “Nous sommes satisfaits par cette victoire, qui est une victoire de la raison et de la mobilisation. A partir de la chirurgie cardiaque, c’était un effet domino parce qu’elle est financièrement très rentable. Réduire la chirurgie cardiaque, c’est remettre en cause toute la chirurgie, la formation des universitaires…“, a déclaré à l’AFP le docteur Fabien Cohen, à la tête de la coordination de défense du service. Le président du Conseil général du Val de Marne, Christian Favier, a également fait part de sa satisfaction tout en enjoignant à la vigilance : “Je constate que les arguments validés par l’IGAS sont ceux mis en avant depuis le départ par le Comité de Défense, et notamment les représentants du Conseil général arguant du fait que fermer la chirurgie cardiaque c’était remettre en cause « les activités de recherche en Ile-de-France » et la qualité des soins de la « cardiologie interventionnelle » particulièrement développée à Mondor et constituant une offre de soins de qualité pour les Val-de-Marnais et leurs proches voisins. A l’annonce de cette bonne nouvelle, je voudrais féliciter les 100 000 signataires de la pétition de défense, les syndicalistes, les universitaires, les chercheurs, les étudiants, les salariés et tous les élus qui se sont mobilisés dans cette bataille. La victoire est à mettre à leur crédit. J’appelle toutefois à la vigilance. Cet acquis ne doit pas être remis en question à l’occasion d’autres plans de rationnement de santé qui frappent régulièrement les hôpitaux publics au nom de la réduction des déficits”, a-t-il déclaré dans un communiqué.Reste bien sûr un problème entier à résoudre : par où passera la rationalisation des services de chirurgie cardiaque franciliens ? Le sujet a été esquissé par Xavier Bertrand dans sa réponse à Michel Herbillon : “le directeur général de l’Agence régionale de santé avait demandé à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris de proposer un choix ; il s’agissait de passer de quatre services à trois. Il a reçu lui aussi la position que je viens de vous donner. Pour autant, je le dis tout aussi clairement : sur les conditions d’organisation de ces quatre services – car Henri-Mondor n’est pas le seul concerné –, on doit aller plus loin.”De son côté, la direction de l’Agence régionale de santé a rappelé que les conclusions de l’Igas “confirment le schéma régional dorganisation des soins qui prévoit de réduire le nombre de centres de chirurgie cardiaque de 14 à 10 en Ile-de-France (et de 4 à 3 pour l’AP-HP), pour constituer des plate-formes chirurgicales disposant d’une taille optimale et tirer conséquence de la diminution globale tendancielle de cette activité dans la région” et précisé que “l’AP-HP a désormais jusqu’à septembre 2012 pour présenter un nouveau programme de restructuration global concernant la chirurgie cardiaque et la cardiologie médicale conforme au SROS.” La balle est donc à nouveau dans le camp de l’AP-HP.
Visionner l’échange entre Michel Herbillon et Xavier Bertrand à l’Assemblée nationale.
Le rapport de l’IGAS n’est pas encore en ligne. (voir le site de l’IGAS)
Voir les précédents articles concernant ce dossier.
Comme le confirme donc Bertrand, le service de chirurgie cardio-thoracique doit et va fermer. Au bénéfice de tous.