Reconvertir les bords de Seine du sud de l’agglomération, actuellement réceptacle d’activités rejetées par la capitale, en site paysager, riche d’activités de pointes et généreux en logements, tel est l’objectif du territoire des Ardoines (Val de Marne), situé entre Ivry et Orly. Un défi qui sera bientôt consigné noir sur blanc dans le cadre des fameux CDT du Grand Paris (Contrats de développement territorial Etat-collectivités locales) destinés à accompagner la construction des nouvelles gares du Grand Paris Express. Le contrat cadre de ce futur CDT a été signé le 31 janvier 2012, en présence de tous les représentants officiels de l’Etat et des collectivités locales concernées*. Retour en détail sur les enjeux et objectifs de ce contrat.
Le territoire des Ardoines comprend trois villes : Vitry sur Seine, Alfortville et Choisy le Roi, et trois stations de la ligne rouge du futur réseau Grand Paris Express: Vitry Centre et Les Ardoines à Vitry, et Le Vert de Maisons (entre Alfortville et Maisons Alfort). En bordure de Paris, ce territoire des bords de Seine abrite encore un certain nombre d’activités malvenues dans Paris intramuros (mais aussi de plus en plus dans le Grand Paris intramuros) comme un dépôt pétrolier ou de lourdes infrastructures EDF. Actuellement desservi par les lignes C et D du RER en provenance de Paris, il manque de connexions internes en dehors de quelques lignes de bus. Ce n’est pas non plus le quartier le plus prospère du département et le taux de chômage de la population y est en moyenne supérieur de 3 points à celui du Val de Marne.
Relier les quartiers
Dans ce contexte, la ligne rouge du Grand paris express facilitera la liaison Est Ouest. Outre le supermétro, de nouveaux TCSP (transport en commun en site propre) et ZAC (Zone d’aménagement concerté) sont en phase d’étude pour transformer ce morceau de vallée de la Seine. C’est cet ensemble de projets et d’objectifs, portés par l’EPA ORSA (Etablissement public d’aménagement Orly Rungis Seine Amont, qui réunit Etat, région, département et douze communes du Val de Marne) que le contrat cadre a posé.
Concernant les grands axes, l’un des objectifs est d’aménager la RD5 (ex N305) ainsi que les voies sur berge pour créer un axe Nord-Sud plus agréable. Au sud des Ardoines, c’est un nouvel axe Est Ouest (RD5-RD6) qui doit voir le jour. Il reliera l’ouest des voies ferrées, la RD5, la gare des Ardoines, puis passera au-dessus d’un nouveau pont de la Seine pour rejoindre la rive droite à Alfortville, la RD 6 et enfin le sud de Créteil. (A terme, cette voie pourrait aussi aller jusqu’à la RD 7 (ex nationale 7) à Villejuif)
En plus de la ligne Grand Paris Express qui viendra s’interconnecter avec la ligne C aux Ardoines et avec la ligne D à Vert de Maisons, de nouvelles lignes de bus et tram sont à l’étude comme le tramway Porte de Choisy-Orly le long de la RD5, qui sera interconnecté au Grand Paris Express à Vitry Centre, le TZEN 5 (Bibliothèque François Mitterrand – gare RER C de Choisy-le-Roi) ou le bus est-ouest qui reliera la RD5 à la RD6 sur la nouvelle voie Est-Ouest. Le contrat cadre insiste sur la nécessité de construire des gares bi-faces, qui s’ouvrent aux quartiers des deux côtés des rails et ne tournent pas le dos à une partie de la ville.
La grande halle des Ardoines réhabilitée
Aux Ardoines, la grande halle ferroviaire accueillera la future station de supermétro, directement reliée à celle du RER C et aux stations de bus et tramway pour constituer le pôle multimodal des Ardoines. Le contrat prévoit aussi que ce site accueille des commerces, services, ainsi qu’un «grand établissement public ou privé de rayonnement métropolitain.»
Où déménager le dépôt pétrolier ?
L’un des enjeux du contrat est aussi d’œuvrer à la reconversion partielle de ce territoire nettement plus intégré dans la capitale qu’il ne l’était il y a cinquante ans. Objectif : déménager quelques activités les plus polluantes ou gourmandes en surface pour laisser la place à du tertiaire et du logement. Dans le viseur bien sûr : le dépôt pétrolier BP classé Sévéso 2 à Vitry sur Seine. Un sujet délicat qui ne date pas d’hier. Implanté sur 3,7 hectares depuis 1921 et propriété de Delek (ex BP), ce dépôt pétrolier peut stocker 100 000 m3 d’hydrocarbure. Le risque : un feu de nappe lié à l’épandage d’hydrocarbures liquides… Las, le déménagement d’un tel mistigri, pourtant nécessaire à l’approvisionnement de la capitale, est loin d’être simple à organiser dans l’agglomération, et la suggestion en 2009 de Didier Gonzalès, député-maire de Villeneuve le Roi, de déménager ce dépôt en même temps que celui qui empoisonne sa propre commune pour les regrouper avec celui d’Athis Mons et constituer un super dépôt à proximité de l’aéroport d’Orly avait suscité à l’époque un refus ferme et définitif de la commune concernée !
D’autres activités pourraient se réorganiser pour tenir moins de place, c’est ce qui doit être négocié avec EDF (avec notamment l’enfouissement des lignes électriques haute tension, préalable pour installer des logements à proximité), RFF (Réseaux ferrés de France) ou la SNCF.
Biotechnologies, éco-activités et pépinière d’entreprises
En termes de développement économique, le contrat cadre mise sur le renforcement de la spécialisation en biotechnologies, profitant de la proximité de Sanofi-Aventis mais aussi d’autres réseaux acteurs du sud francilien (Cancer Campus, Génopôle d’Evry, plateau de Saclay). Pour promouvoir les petites entreprises, il est prévu d’installer un Incubateur Pépinière Hôtel d’Entreprises (IPHE) aux Ardoines. L’activité logistique n’est pas non plus oubliée, étant donné la situation en bordure de la Seine. Dernier axe, plus environnemental : l’installation de la filière « eau-milieux-sols » à Choisy-le-Roi autour du futur « pôle eau 2 » en continuité avec le projet Aqua Futura d’Ivry sur Seine et celle des éco-activités spécialisée dans les matériaux (polymères et Matériaupôle) à Vitry-sur-Seine. Les villes doivent en outre répondre à l’appel à projet Eco-cité lancé par l’État dans le cadre des programmes d’avenir d’ici le 29 février 2012.
1390 logements par an
Les trois communes qui construisent déjà annuellement 900 logements depuis dix ans comptent augmenter la cadence. Elles se sont du reste déjà engagées, dans le cadre du Grand Projet 3 (GP3) du contrat de projet Etat Région, à construire près de 1500 logements annuellement pour la période 2007-2014 et les objectifs du CDT sont de 1390 logements par an sur 15 ans. Ces constructions se répartissent entre 40% de logements conventionnés et 60 % de logements libres.
Un boulevard des arts sur la RD5
Le développement culturel du territoire doit s’appuyer à la fois sur la présence du Mac/Val et du Centre chorégraphique départemental (avec le futur équipement de la Briqueterie) à Vitry, ainsi que sur le développement « d’un boulevard des Arts » le long de la RD5. Le contrat cadre évoque également l’émergence d’un projet culturel spécifique autour de l’eau.
Pour accompagner ce développement, le contrat mentionne la nécessité de compléter l’offre de formation, de la petite école jusqu’à l’enseignement supérieur mais le cadre n’est pas encore précis concernant ces éléments.
Les outils d’urbanisme pour transformer le territoire
Deux ZAC ont déjà été créées depuis avril 2011 à Vitry sur Seine pour développer ce territoire : la ZAC Gare des Ardoines (49 hectares), la ZAC Seine Gare Vitry (40 hectares). Une autre est en cours d’élaboration pour le quartier du Lugo à Choisy le Roi. Alfortville a de son côté développé la zone d’activité Val de Seine et mène une opération de renouvellement urbain dans le cadre de l’ANRU (Agence nationale de rénovation urbaine) dans le quartier Chantereine.
* Maurice Leroy, ministre de la ville en charge du Grand Paris, Daniel Canepa, préfet de la région Ile-de-France, Pierre Dartout, préfet du Val-de-Marne, Christian Favier, président du Conseil général du Val-de-Marne, René Fouquet, député-maire d’Alfortville, Alain Adoubert, maire de Vitry-sur-Seine, Daniel Davisse, maire de Choisy-le-Roi et Jacques Touchefeu, directeur général de l’établissement public d’aménagement Orly-Rungis / Seine-Amont (EPA-ORSA).
Cet activisme immobilier apparaît absolument piteux :
Au lieu de reconnaître le passé industrieux des lieux, les édiles se sont mis en tête de construire une Défense horizontale en faisant mine de ne s’apercevoir que le secteur -tertiaire- va connaître la mutation découlant de la nouveauté technologique ; Le métrautomatique représente 1 modèle obsolète avant même son creusement …
En somme, comme en Corée du Nord, l’UMPCF découvre le capitalisme et l’adopte du moment que la décision leur rapporte de quoi financer leur action politicienne !
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