Alors que le pôle d’Orly, au sud du Val de Marne, a perdu dans la dernière manche son duel avec l’Essonne pour accueillir le futur grand stade de rugby de la Fédération française de rugby, le voilà qui repart au combat pour attirer la future Cité de la gastronomie. Face à Chevilly Larue, désormais officiellement candidate, cinq cités au rayonnement international : Lyon, Versailles, Beaune, Dijon et Tours.
Rappel du contexte
Le projet de Cité de la gastronomie fait suite à l’inscription par l’Unesco en novembre 2010 du “Repas gastronomique des Français” sur la liste du patrimoine culturel immatériel mondial. Une reconnaissance du savoir manger à la Française dont l’initiative a germé à l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA) de Tours et qui a donné lieu à la création en 2008 d’une Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires (MFPCA). Alors que le repas français du dimanche (apéro, entrée, plat de viande ou/et de poisson, dessert, café et pousse-café, le tout sur une table nappée et décorée et sans oublier le vin) fait désormais partie du patrimoine mondial de l’Unesco, cette mission doit contribuer à sa sauvegarde. Parmi ses projets, la MFPCA compte ainsi créer un Festival des cultures culinaires du monde, un label et une Cité de la gastronomie.
Déguster, découvrir, se former…
A la fois culturelle et touristique, cette Cité de la gastronomie sera constituée de pavillons présentant les spécialités de toutes les régions. On y trouvera des produits à emporter mais aussi à déguster sur place dans des restaurants. Le site développera également une dimension professionnelle avec des organismes de formation.
Chevilly relève le défi
Reste à trouver le lieu et les financements. Le montage pourrait passer par un partenariat public-privé (ppp) et l’investissement s’appuiera sur le soutien foncier de la collectivité locale d’accueil. A deux pas du MIN (Marché de gros international de Rungis), Chevilly Larue a présenté sa candidature, soutenue par l’EPA ORSA (Etablissement public associant l’Etat, le Conseil régional, le Conseil général et les communes riveraines), la préfecture de région, la Semmaris (société gestionnaire du MIN), l’Ador (Association pour le développement économique d’Orly-Rungis), la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Val-de-Marne et le Comité départemental du tourisme. L’étude de faisabilité a été confiée au groupement d’architectes urbanistes F8 Architecture et Arképolis.
Comme l’avait fait Thiais-Orly pour le stade de rugby, Chevilly Larue pourra mettre en avant la qualité de sa desserte, combinant transports publics de proximité (plusieurs lignes étant actuellement en projet pour rallier plus directement et rapidement ce site au reste de la banlieue et à Paris), transports publics longue distance (future gare de TGV et aéroport d’Orly) et autoroutes. Surtout, le site sud est parisien peut s’appuyer sur le MIN de Rungis, cet exceptionnel marché du gros qui attire jusqu’aux grands chefs britanniques.
Mais Chevilly Larue n’est pas toute seule en lice…
Lyon : la capitale de la gastronomie
Première rivale, Lyon, qui s’impose comme un monument de la gastronomie avec ses petits bouchons à tous les coins de rue et ses centaines de grands chefs dont Paul Bocuse. La métropole de Rhône Alpes a du reste dans ses cartons un projet de Palais du goût depuis plus de dix ans, que la Cité de la gastronomie viendrait à point nommé concrétiser. Le site d’accueil envisagé, l’Hôtel Dieu, ne manque pas non plus d’attrait, et la reconversion en cité gastronomique de cet ancien hospice pour indigents susciterait moins la controverse que le projet de centre de commerces et d’affaires avec hôtel de luxe.
Lutte bourguignonne entre Dijon et Beaune
En Bourgogne, région des crus d’excellence, qui a du reste porté sa candidature à l’Unesco pour que son terroir viticole (“les climats du vignoble de Bourgogne”) soit aussi classé au patrimoine mondial, deux villes se disputent l’accueil de la future Cité de la gastronomie. Beaune, d’une part, qui mise sur un projet rural très ancré dans son territoire et mettant l’accent sur le produire français, et Dijon qui souhaite l’implanter sur le site de l’Hôpital général, en plein centre-ville. La cité des ducs, dont les spécialités gastronomiques ne s’arrêtent pas à la moutarde et la crème de cassis, souhaite s’appuyer sur sa filière industrielle et de formation dans ce domaine, avec notamment le pôle de compétitivité Vitagora, l’Institut universitaire de la vigne et du vin ou encore le Centre des sciences du goût et de l’alimentation (CSGA).
Tours joue la légitimité
Egalement candidate, Tours tire sa légitimité de son antériorité sur le sujet. Car c’est l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA) basé à Tours qui a le premier eu l’initiative de proposer le repas gastronomique français au patrimoine de l’Unesco. Le projet tourangeau serait implanté en centre-ville et proposerait un espace pédagogique avec un jardin des sens, une pépinière d’entreprises avec un incubateur, et un espace d’échanges.
Festin de roi à Versailles
Aux portes de Paris, Versailles, enfin, apporte son prestige, capable d’organiser des festins dignes du temps de Louis XIV, comme ce fut le cas en avril 2011 dans la galerie des batailles du palais où pas moins de 60 chefs étoilés ont servi à dîner 650 convives moyennant 890 euros par tête, de quoi reverser quelques bénéfices à la Croix rouge japonaise (le souper se tenait peu de temps après le tsunami) mais aussi à la MFPCA pour participer au financement de la future Cité de la gastronomie…
Les six concurrentes ont trois mois pour se préparer. Elles seront auditionnées le lundi 15 octobre et devront particulièrement argumenter la faisabilité économique du projet.
Aah, le plat de côte c’est encore culte !… Dans le genre alimentation et toujours d’actualité, il y a aussi le passage de la grève dans “un idiot à Paris” http://www.youtube.com/watch?v=7shLsnrtKT4
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