Grand Paris | Val-de-Marne | 12/11/2012
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Grand Paris Express : rien n’est jamais gagné!

Grand Paris Express : rien n’est jamais gagné!

Depuis sa naissance, le projet de Grand Paris Express, ce supermétro périphérique accompagné de plusieurs prolongements de lignes, doit résoudre la quadrature du cercle en termes de financement, et si le fameux milliard manquant stresse particulièrement les élus locaux depuis un mois, certaines parties du tracé n’ont jamais été totalement garanties. D’autant que ce projet doit aussi composer avec la modernisation du réseau existant, notamment des lignes archi-saturées de RER A, B, C et D.

C’est le cas par exemple de la ligne orange dans l’Est parisien. Ce tracé en fourche qui vient en parallèle du tracé périphérique rouge traversant la banlieue plus éloigné, est depuis sa naissance considéré comme un peu gourmand, qui constitue pas moins de trois lignes en parallèle sur une partie de la banlieue Est. (voir ci-dessous). Cette fourche du tracé orange avait permis de mettre d’accord les tenants de chaque branche,  le Val de Marne d’un côté, la Seine Saint Denis de l’autre, mais les responsables du projet avaient déjà pointé l’impossible défi financier. « Le budget de la double boucle à l’Est est de 2 milliards €. Cela ne permet pas d’envisager trois branches à l’Est. L’axe Grand Est va passer par des communes qui ne sont actuellement pas du tout desservies et ont un besoin urgent de transport. L’axe intermédiaire devra être négocié mais ne pourra vraisemblablement pas être dédoublé. Restons honnêtes intellectuellement et démarrons des études sérieuses et affinées pour chiffrer ces projets», avait du reste pointé Christian Garcia, actuel directeur des relations institutionnelles de la SGP (Société du Grand Paris), lors du premier débat public organisé après l’acte de naissance du Grand Paris Express, en janvier 2011.

Ce tronçon orange, délégué au Stif (Syndicat des transports d’Ile de France, qui dépend de la région), alors que le reste du Grand Paris Express est porté par la SGP (Etat), semblait pourtant être acté, avec l’approbation mi-octobre 2012 de son DOCP (Dossier d’Objectifs et de Caractéristiques Principales) par le Conseil du Stif, étape préalable à la concertation publique.

De même, le prolongement de la ligne 14, destiné à désaturer la ligne 13, ne semblait plus qu’une formalité début octobre 2012, lorsque les préfectures de Seine-Saint Denis, de Paris et des Hauts-de-Seine l’avaient déclaré d’utilité publique.

Le milliard manquant et le franc-parler de Pierre Serne

Depuis la rentrée 2012 pourtant, des vents contraires ont aussi soufflé sur le projet. Début octobre, l’absence du milliard d’euros de dotation au capital de la SGP, destiné à lui permettre de faire levier pour emprunter, dans le projet de loi de finances 2013-2015, a suscité un fort émoi parmi les élus locaux de la banlieue, interpellés au quotidien par des citoyens englués dans des transports lents et saturés. La réponse, “le projet se fera et le financement s’effectuera en son temps”, distillée par la ministre de l’Egalité des territoires, Cécile Duflot, aux élus, ou par les porte-paroles de la SGP lors des débats publics dédiés au tracé de la ligne rouge Sud, n’a pas totalement rassuré.

De l’autre côté de l’Atlantique, c’est le conseiller régional EELV d’Ile de France Pierre Serne, invité Congrès de l’Apta (American Public Transportation Association), qui a, sciemment ou non, fait une boulette en exposant un séquençage du projet reléguant le prolongement de la ligne 14 (dont les travaux étaient sensés démarrer fin 2013 pour une mise en service 2017) et la création de la ligne orange en troisième position, derrière la ligne rouge sud et nord, à un horizon 2025,  renvoyant au-delà de cette date la perspective d’une ligne verte (plateau de Saclay). Voir l’article de la revue Mobilettres qui a rendu compte de cette conférence.

Nouvelles mobilisations

De quoi susciter un regain d’ardeur dans la mobilisation des élus, associant lobbying dans les coulisses et coups de gueule. Ainsi n’est-il pas une réunion publique sur le tracé de la ligne rouge sans que les habitants et élus ne reviennent à la charge sur le financement et le réalisme du projet, incrédules face aux explications rassurantes qui leur sont proposées.

Dans le Val de Marne, l’association Orbival, qui rassemble les élus de tous bords autour du projet de métro-périphérique et en avait concocté le tracé est parisien avant même l’Etat et la région ne se penchent sur la question, a repris son bâton de pèlerin, enchaînant communiqués et demandes d’audience auprès de la ministre. Dernière action en date, une lettre ouverte au gouvernement (à télécharger ici) pour défendre le prolongement de la ligne 14 jusqu’au pôle économique de l’aéroport d’Orly et du MIN du Rungis, insistant sur la nécessité d’accompagner par cette liaison des projets stratégiques de développement comme le Cancer Campus et l’Opération d’intérêt national Seine Amont.

En parallèle, le projet de Grand Paris Express poursuit pour l’instant son cours, conformément au planning prévu, avec l’achèvement cette semaine des réunions publiques dédiées à la ligne rouge Sud. Mais il semble bien que rien ne soit gagné tant que les tunneliers ne seront pas en vue…

Très attendu, le second rapport de Pascal Auzannet (le premier, en 2011, visait à faire la synthèse entre les ex projets Arc Express et Réseau de transport de la SGP suite à la fusion des deux projets en janvier 2011), devrait faire le point sur le budget réel du projet Grand Paris Express d’ici la mi-fin novembre.

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