Le commissaire général au développement de la vallée de la Seine, Antoine Rufenacht, prône la fusion des ports du Havre, de Rouen et de Paris pour qu’ils soient capables de présenter une offre “globale”, dans un rapport commandé par le Premier ministre et rendu public jeudi.
“Le projet nécessite de construire une offre portuaire globale sur la vallée de la Seine“, écrit l’ancien maire UMP du Havre. Il estime en effet insuffisant le Groupement d’intérêt économique (GIE) mis en place en janvier entre ces trois ports, qui doit évoluer selon lui vers la “fusion” pour des raisons “de cohérence de la gouvernance” et “d’optimisation des investissements”.
Cette préconisation est une des propositions qui figurent dans ce rapport qui vise à montrer que la vallée de la Seine peut être “une chance pour l’avenir de la France” en donnant à Paris une véritable façade maritime.
Un projet à 18 milliards
Sur le plan financier, Antoine Rufenacht a chiffré à 18 milliards d’euros le montant des investissements nécessaires pour donner consistance au projet.
Plus de la moitié serait consacrée à la Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) qui doit permettre de réduire les meilleurs temps de parcours avec Paris à environ 45 minutes pour Rouen et 1H15 pour Le Havre et Caen.
Le reste se répartirait entre la construction d’un port fluvial à Achères (Yvelines) au confluent de la Seine et de l’Oise, l’achèvement de la Francilienne, la réalisation du contournement autoroutier de Rouen par l’Est, la définition d’un réseau ferré dédié au fret et l’amélioration de la desserte fluviale du port du Havre.
Ces propositions doivent commencer à être évoquées, dans les prochaines semaines, dans des réunions interministérielles. Pour poursuivre la démarche, Antoine Rufenacht préconise d’adjoindre au commissariat général une conférence qui aurait un rôle de “conception” et qui serait composée d’une quarantaine de membres désignés par l’Etat, les collectivités et les milieux économiques.
Ce rapport a été accueilli avec beaucoup de réserves par les élus socialistes qui critiquent notamment le chiffrage “irréaliste” des projets préconisés. “Chacun connaît les finances de l’Etat. Le commissariat s’est mué en usine à promesses électorales“, écrivent dans un communiqué ces élus, parmi lesquels le président de la communauté d’agglomération de Rouen, Laurent Fabius, et le président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon. Ils estiment que la vallée de la Seine n’a pas besoin d’un commissariat “pour exister” et réclament “un programme d’actions utiles, d’intérêt général, ciblées et financées, ambitieuses et réalistes”.
En 2008, le président Nicolas Sarkozy a plaidé en faveur d’un volet maritime au projet d’aménagement du Grand Paris. Depuis, deux colloques se sont tenus sur le sujet à l’initiative des collectivités locales, l’un au Havre et l’autre à Rouen, et un troisième doit avoir lieu en novembre prochain à Paris.
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