Les salariés de Sanofi Vitry sur Seine (Val de Marne) n’étaient pas les derniers à manifester au siège de l’entreprise à Chilly Mazarin (Essonne) ce jeudi 12 juillet, aux côtés de leurs collègues de Toulouse. Quelques centaines de personnes, 500 selon les syndicats (CFDT, GCT, CGC et CFTC) étaient au RDV, dont une centaine du site val de marnais.
A l’origine de ce mouvement social : la restructuration du département recherche annoncée la semaine dernière par le président de Sanofi France, Christian Lajoux, en parallèle d’un plan d’économies de 2 milliards € d’ici 2015 officiel depuis le début de l’année. De quoi faire craindre plus d’un millier de nouvelles suppressions de postes aux salariés, alors que le groupe s’est déjà séparé de 4 000 personnes entre 2009 et 2011. Alors que ce se tenait ce 12 juillet un comité central d’entreprise consacré à cette réorganisation de la recherche, les salariés ont donc fait entendre leur colère.
Dès 9h du matin, plusieurs centaines de manifestants s’étaient rassemblées devant l’accès principal du site de Chilly Mazarin, bloqué par les forces de sécurité.
“C’est la première fois que la répression est aussi forte de la part des dirigeants. Il y a deux ans, lorsqu’ils ont cédé le site de Porcheville, le dialogue était plus facile. Ici, c’est plus inquiétant, la sécurité a reçu des directives très claires, ce qui explique que les salariés de Toulouse ont dû forcer l’entrée. Les dirigeants pratiquent la politique du diviser pour mieux régner, ils s’attendaient à ce qu’on se désolidarise du désengagement du site de Toulouse. On sait de source sûre qu’il y aurait plus de 1 000 postes menacés : si l’on compte ceux de Toulouse et de Montpellier, on arrive déjà rapidement à 800 postes. La direction propose certes des transferts sur d’autres sites, mais cela équivaut à un licenciement puisque la majorité des salariés refuseront. In fine, ce ne sont que des plans sociaux déguisés“, explique Stéphane Galiné, délégué central du syndicat CFDT. A Chilly Mazarin, aucun licenciement ne serait pour l’instant prévu.
De nombreux salariés du site Chilly Mazarin se sont aussi retrouvés empêchés d’entrer. “Même si je cautionne leurs manifestation, cela m’embête d’être bloquée. J’ai beaucoup de travail qui m’attend. Je ne pensais pas que la manifestation prendrait cette tournure-là. Je suis de près les communiqués des syndicalistes mais si le licenciement me concernait, j’essaierai d’établir un dialogue posé, témoigne une cadre du groupe, mi-compréhensive, mi-agacée. Si j’étais licenciée, je quitterais la France. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi Sanofi est en décalage avec l’industrie pharmaceutique européenne. Les entreprises recrutent beaucoup ces dernières années, comme aux Etats-unis d’ailleurs, alors qu’ici, on licencie!”.
Au terme de cette mobilisation, des représentants des salariés ont été reçus par le directeur monde de la recherche et développement, Elias Zerhouni. Une rencontre qui ne les a pas tout à fait convaincus. “La direction adopte le même comportement que les politiques, on nous endort avec des belles phrases, ils nous racontent ce qu’ils veulent mais après c’est nous qui subissons”, témoigne un syndicaliste. “M.Zerhouni a eu beau nous répéter cinquante fois qu’il nous écoutait, il n’a fait que parler sans jamais nous laisser la parole. Nous sommes toujours dans les mêmes questionnements, dans l’attente“, a indiqué de son côté Laurence Millet, chercheuse à Toulouse et élue SUD-Chimie. Il est facile de dire que la recherche n’est pas bonne, quand on nous empêche de faire notre travail !”
Ne perdant pas le sourire, les manifestants toulousains, particulièrement remontés (500 emplois qualifiés seraient menacés sur les 640 que compte le site de Toulouse) se sont distingués en esquissant un Haka pour exprimer leur colère.
De son côté, la direction de Sanofi a indiqué que cette rencontre avec les syndicats avait permis d’avoir un dialogue ouvert, franc et constructif sur les réflexions en cours, et précisé avoir déjà engagé le dialogue avec les partenaires sociaux depuis le 5 juillet concernant l’évolution de ses activités en France à l’horizon 2015.
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