Les agents des hôpitaux d’Esquirol de Saint Maurice ont entamé hier une grève illimitée suite pour défendre leur prime de fin d’année. Une manifestation qui a rassemblé entre 200 et 300 personnes s’est tenue hier dans la cour d’honneur de l’hôpital et les agents ont ensuite occupé une partie des bureaux de la direction des ressources humaines.
En cause, le versement d’une partie de la prime de fin d’année correspondant que le direction souhaite verser au mérite (voir précisions dans précédent article) et n’attribuer qu’à une partie du personnel alors qu’elle était jusqu’à présent versée à tous. Reportage et explications.
13h30 mardi 17 janvier, Cour d’honneur de l’hôpital d’Esquirol. “Allez, Allez Fréchou donne nous la prime!” Autour d’un feu et près de la buvette, les manifestants, accompagnés des syndicats CGT et SUD Santé, scandent des refrains de chansons populaires aux paroles modifiées pour l’occasion. Une ambiance bon enfant malgré le froid hivernal. “Il est inadmissible de décréter un changement sans prévenir. On l’a appris avec la fiche de paye de décembre” se plaint une des aides soignante des hôpitaux Saint Maurice.
“Cette prime au mérite, c’est une prime à la tête!” regrette l’un des cadres de santé de l’hôpital. “On vit ensemble, on meurt ensemble, pas de différenciation d’attribution de primes. Et puis, les critères d’attribution de la prime au mérite sont tellement flous. Comment on peut évaluer chaque année une amélioration des compétences si on a qu’une formation tous les quatre ans? Qu’est ce que la contribution au service public? Le jardinier en améliorant l’espace vert de l’hôpital, améliore le moral des patients et donc le service public? Ce n’est pas ce que nous avait promis Nicolas Sarkozy, on était censé avoir des avantages. Or, la direction joue sur des acquis sociaux.” reprend-il.
Comment est-on arrivé là ?
Le changement a commencé à être évoqué au printemps dernier. “La direction a convoqué en juin 2011 le Comité Technique d’étude de l’hôpital avec les syndicats et les représentants du personnel pour discuter du versement de la prime et du principe de méritocratie. Ce que nous avons refusé, explique David François, secrétaire local de la CGT. Le 3 novembre dernier, une seconde réunion aborde la question. La direction expose son projet de prime aux plus méritants en s’appuyant sur une circulaire de 1967 qui ne spécifie pas que la distribution doit être égalitaire.Mais il n’est pas spécifié, non plus, qu’elle ne doit pas l’être. La direction conclut alors qu’il faut organiser un vote. Malgré cela, nous recevons le 9 décembre un communiqué expliquant que les nouvelles mesures d’attribution des primes seront appliquées. Entre temps, nous n’avons pas été consultés, et le vote n’a pas eu lieu, s’indigne le syndicaliste. Ce sont les salariés qui devraient décider comment redistribuer cette prime. Et ce que nous voulons c’est un système égalitaire et non méritocratique. Nous sommes, aujourd’hui, dans un réel rapport de force puisque la direction a demandé plusieurs fois aux différents cadres de donner des noms de personnes “méritantes”. Une réunion a même été organisée hier, lors de laquelle, la direction a indiqué qu’elle choisirait elle-même si aucun nom n’était proposé.”
Pour les agents des hôpitaux Saint Maurice, cette modification d’attribution de la prime arrive aussi dans un contexte un peu sensible d’alignement des salaires entre l’hôpital d’Esquirol et l’hôpital National de Saint Maurice (HNSM) qui ont récemment fusionné.
Premières négociations
Depuis l’annonce de cette modification du calcul et les premières réactions syndicales, la proposition a déjà évolué. Alors qu’il était prévu au départ que cette seconde partie de prime (la première, la plus importante, correspond à 80 à 110 % d’un treizième mois et est calculée en fonction de différents abattements comme les absences) ne concerne plus que 10 à 20 % des agents, soit 200 ou 400 au lieu de 2000, la direction a, selon les syndicats, proposé vendredi 13 janvier que soit attribué environ 150 € à la moitié qui n’ont pas eu d’absences maladie, la somme restante (environ 160 000 €) serait répartie en fonction de critères à redéfinir.
Pas d’issue en vue
Mardi 17 janvier, à l’occasion d’une nouvelle réunion entre les syndicats et la direction, il a été proposé, toujours selon les syndicats car la direction n’a pas souhaité s’exprimer, de majorer ce forfait de 150 euros de prime aux agents n’ayant pris aucun de jours maladie, en fonction de la notation. Des propositions qui n’ont jusqu’à présent pas satisfait les syndicats, attachés à cette prime pour tous. Hier soir, les grévistes ont décidé de poursuivre grève et occupation “La grève est reconduite jusqu’à ce que l’on ait obtenu ce qu’on veut” a ainsi affirmé le sécrétaire général SUD Santé, Pascal Piezanowski.
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