Arrivé illégalement en France en octobre 2008 avec son père Nura, Fahim Alam a été pris en charge par France Terre d’Asile dans son centre de Créteil entre février 2009 et août 2010. Agé de onze ans, le garçon scolarisé en sixième à Créteil est un prodige du jeu d’échec. Alors qu’il vient de remporter le championnat de France des moins de douze ans à Nîmes en avril dernier, sa menace d’expulsion a suscité une forte mobilisation.
Son père, Nura Alam, s’est en effet vu refuser l’asile politique fin 2008 ainsi que son titre de séjour en 2010. Depuis cette décision, confirmée par le tribunal administratif de Melun en octobre 2010, il fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
“C’est un garçon qui travaille extrêmement bien. Il est bien intégré, il parle extrêmement bien Français“, plaide Isabelle Charfi, présidente de la fédération de parents d’élèves FCPE du collège Clément-Guyard.
A la Fédération française d’échecs, on affiche également son soutien au garçon. “Son titre de champion de France devrait lui ouvrir automatiquement les portes de l’équipe de France puisque la condition, c’est d’être scolarisé en France“, explique Jordi Lopez, directeur technique national adjoint des sélections de jeunes. Mais, comme les tournois nécessitent des déplacements à l’étranger et donc des papiers, Fahim n’a pas été inclus dans les sélections: “Nous lui avons dit, ainsi qu’à son père, que si sa situation était régularisée avant le Championnat d’Europe en août ou du monde en novembre, il serait immédiatement intégré. C’est un joueur très fort. Il a beaucoup de talent “, reprend Jordi Lopez. Initialement affilié à la fédération du Bangladesh, Fahim Alam s’était installé à Créteil car il y a l’un des meilleurs clubs formateurs d’Ile-de-France. “Il était déjà très bon déjà au Bangladesh et participait à des tournois dès l’âge de cinq ans”, relève la présidente du club de Créteil, Hélène Gelin. Son père, qui occupe une chambre à Paris, “vient manger tous les soirs au club qu’on a aménagé pour cela“, ajoute la responsable. Fahim Alam, lui, est hébergé à tour de rôle dans des familles du club. La mère, le frère et la soeur de Fahim vivent quant à eux au Bangladesh.
La mobilisation autour du jeune champion a porté ses fruits. “Naturellement, ce jeune homme, s’il est un champion d’échec, mérite que son cas soit regardé avec la plus grande attention et donc on ne va pas attendre l’élection présidentielle pour le faire, on va le faire dès aujourd’hui“, a ainsi déclaré François Fillon ce vendredi matin sur France Inter. Ce même jour, la préfecture du Val de Marne, saisie par les services du Premier ministre, a donné un rendez-vous au père, Nura Alam, vendredi 11 mai à 9h30. Une décision lui sera communiquée à l’issue de cette rencontre. “L’enfant, lui-même, n’est pas en situation irrégulière. La difficulté est liée à la situation de son père”, a expliqué la préfecture.
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