Grand Paris | Val-de-Marne | 14/12/2012
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Le rapport Auzannet atterre les élus locaux

Le rapport Auzannet atterre les élus locaux

Le Grand Paris Express coûtera minimum 30 milliards d’euros et ne s’achèvera pas avant 2040… telles sont les conclusions du rapport Auzannet, en contradiction avec les informations qui avaient été données lors des dizaines de réunions publiques qui se sont déroulées sur ce sujet, mais en phase avec ce que les citoyens avaient compris d’eux-même, comme ces derniers n’avaient pas manqué de le faire savoir, lors de ces mêmes réunions!

En octobre dernier, lors des réunions préalables à l’enquête publique sur la ligne rouge sud (arc sud de ce super métro périphérique autour de la capitale dont le tronçon val de marnais est connu sous le nom d’Orbival), les habitants ne s’étaient ainsi pas privés de questionner et requestionner les protagonistes de la Société du Grand Paris (SGP, maître d’oeuvre du projet, dépendant de l’Etat) sur le réalisme des délais indiqués (le tout bouclé avant 2026), alors que dans le même temps le gouvernement venait de retirer le milliard de dotation prévu initialement pour la SGP dans le budget 2013-2015 afin de pouvoir lever des emprunts, et que d’autre part les usagers sont habitués à voir ce type de grand projet prendre du retard…

Tout va bien, avaient alors répondu en choeur les représentants de la SGP et de la région (la région est partie prenante du projet à travers le STIF, syndicat des transports d’Ile de France), arguant que les financements seraient là et que pour l’instant, toutes les étapes suivaient leur cours. Des arguments qui n’avaient pas totalement convaincu, tout comme en 2010, lorsque région et Etat présentaient chacun leur projet de réseau concurrent en soutenant qu’ils verraient tous deux le jour, et que les mêmes participants leur faisaient remarquer le non-sens d’un tel doublon ! Ils avaient eu raison en janvier 2011, lorsqu’enfin Etat et région avaient signé un accord pour travailler à une synthèse, rebaptisée Grand Paris Express.

Le budget réévalué de 17% à 30 milliards d’euros

Ce jeudi 13 décembre, le rapport Auzannet, dont les fuites avaient déjà alarmé les élus locaux depuis plusieurs semaines, a mis une nouvelle fois fin aux promesses de quadrature du cercle. En termes d’évaluation financière d’une part, plusieurs postes non budgétés (des adaptations du réseau existant notamment) ont trouvé leurs chiffres, et de nombreux coûts ont été évalués plus précisément (le prolongement de la ligne 14 et la ligne orange ont notamment pris du poids). Au total, le projet qui était évalué à 22,266 milliards d’euros, passe ainsi à  29,929 (autant dire 30) milliards d’euros, soit une variation de 17%.  Voir ci-dessous le détail des variations.

En conséquence, il convient de trouver plus de financements ou de rééchelonner le projet.

Trois hypothèses

Dans son rapport remis officiellement à Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires hier, Pascal Auzannet propose trois hypothèses de séquencement du projet. La première maintient le cap sur 2026 mais le rapporteur en souligne aussitôt l’impossibilité: “Dans ces conditions (…), le niveau de la dotation en capital de l’Etat et des subventions des Collectivités territoriales doivent être portées à 12 milliards d’euros (au lieu de 4,9 initialement envisagé), ce qui dans le contexte budgétaire actuel n’est, de toutes évidences, pas envisageable.” Le deuxième scénario prévoit un achèvement en 2030 avec un respect du calendrier financier initial, notamment de la contribution de 4,9 milliards d’euros des collectivités, jusqu’en 2026. “Au-delà sur la période allant jusqu’en 2030 la dépense maximum pouvant être supportée par la SGP ne peut excéder 23 MM€. Deux options sont alors possibles : soit obtenir des financements nouveaux soit décaler le calendrier“, suggère le rapport.

Prolongement vers Orly et ligne orange sud entre 2030 et 2037

La troisième hypothèse, présentée comme la plus réaliste sur le plan de la faisabilité financière, prévoit un service totalement opérationnel en 2040.  La première étape, opérationnelle en 2020 ne comprndrait que les arcs sud et nord, avec des ruptures à l’Est et l’Ouest, et le prolongement de la ligne 14 au nord. Au sud, ce début de ligne rouge irait de Pont de Sèvres à Champigny sur Marne. La prolongation de la ligne bleue (ligne 14) jusqu’à Orly ne verrait le jour qu’entre 2030 et 2037. La prolongation sud de la ligne rouge (périphérique) à partir de Champigny vers Noisy Champs et la portion de ligne orange entre Champigny et Rosny seraient mises en balance, l’une des deux étant opérationnelle en 2030 et l’autre en 2037, ceci restant à définir.

Pour comprendre en détail le rééchelonnement proposé, voir le rapport Auzannet (très synthétique, clair et illustré!)

Les élus du Val de Marne atterrés

Président de l’association Orbival, qui réunit les élus locaux du Val de Marne, toutes tendances confondues, autour de ce projet de métro dans sa partie départementale, Christian Favier (également président du Conseil général et sénateur) a réagi en déclarant que ce rapport était une déclaration de guerre à Orbival : “En s’appuyant sur un constat financier qui demande à être vérifié, il propose ni plus ni moins au gouvernement de détricoter totalement le projet validé il y a deux ans par l’Etat, la Région et les 8 départements d’Ile-de-France. Plus grave, sous des atours pseudo-sérieux, ce rapport si, il était suivi par le gouvernement, générerait une remise en cause totale des étapes franchies ces deux dernières années. Ainsi, en Val-de-Marne, il renvoie aux calendes grecques à la fois la ligne bleue qui relie Paris à Orly, la ligne Orange qui relie Champigny centre à Rosny et enlise pour de longues années la ligne rouge, le tracé que nous appelons ici Orbival, qui pourtant était prêt à faire l’objet d’une enquête publique. En préconisant de repousser de plus de 15 ans le démarrage des travaux entre Noisy-Champ et Champigny-centre et d’abandonner la réalisation de l’atelier garage et du poste de commandement centralisé au niveau du secteur Champigny-Bry-Villiers, Pascal Auzannet propose de fait un arrêt brutal du projet. Aucune ligne de métro ne peut en effet fonctionner sans ce type d’équipement. Ces éléments qu’il ne peut ignorer, lui avaient été communiqués. Il n’en a pas tenu compte preuve si besoin en était, au mieux de l’absence de sérieux de ce travail, au pire de caractère à charge de celui-ci. Au bout du compte et à court terme il ne reste rien pour le Val-de-Marne alors que les travaux sur la ligne rouge devaient démarrer dans deux ans. C’est totalement inacceptable !

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