Tractage assidu sur les marchés et dans les gares, Stand-up, permanence mobile, meetings, porte-à-porte et encore relais sur Internet, tous les moyens sont bons pour se rendre visible des citoyens, leur expliquer son programme et justifier sa candidature. Revue de détail de cet arsenal militant et des moyens qui ont eu la préférence des candidats à l’occasion des législatives 2012 dans le Val de Marne.
Dans la rue
1° L’affichage
C’est le service minimum de toute campagne électorale. Même les candidats qui n’ont pas fait campagne, uniquement présents pour financer leur parti politique, ont pris la peine d’aller coller leurs affiches sur les panneaux électoraux. Et ceux qui jouaient pour gagner ont redoublé de zèle pour se glisser toujours au-dessus des concurrents. A ce petit jeu, les habitués ont chacun leur technique. «Lorsque minuit est passé le dernier vendredi avant le scrutin, et que l’on ne peut plus apposer de nouvelle affiche, rien n’empêche de décoller celles des concurrents qui sont encore fraîches, surtout l’hiver quand il fait bien froid !», confesse une militante de la 5e. «Moi, mon petit plaisir, c’est de me pointer à minuit moins cinq devant un panneau d’affichage libre, de le remplir avec nos affiches, et d’attendre ensuite une demi-heure devant jusqu’à ce qu’il soit bien sec. Alors je suis sûr qu’il y aura au moins ce panneau à nos couleurs pendant tout le weekend !», se réjouit d’avance un de ses concurrents.
2° Le tractage
C’est la seconde figure imposée de toute campagne électorale. Un candidat qui se respecte se doit d’avoir hélé un maximum d’habitants venus faire leur marché ou prenant le train pour aller au travail. De l’avis des militants, ce n’est pas forcément le moyen le plus efficace pour engager le dialogue, beaucoup de citoyens prennent les tracts sans conviction et les fourrent dans leur cabas sans vraiment les lire, et lorsque l’opération se déroule en gare, les gens sont encore moins disponibles. Mais cela permet de prendre la température, de constater par exemple la lassitude croissante de la population vis-à-vis de cette campagne qui n’en finit pas. Les rendez-vous de tractage au marché sont aussi l’occasion d’échanger entre militants des camps adverses et sympathisants politiques de tout bord, de s’engueuler parfois ou d’échanger ses trucs.
3° Les stand ups
Plus original, le stand up consiste à s’installer dans un lieu public, improviser une scène avec une affiche à son effigie derrière soi et défendre ses convictions auprès des passants, avec un micro et une sono portative, à la manière des harangueurs de Hyde Park. Une méthode, initiée par Arnaud Montebourg lors des primaires socialistes et particulièrement affectionnée par le dissident socialiste de la 6e, David Dornbusch, lors du premier tour. Ce dernier en a réalisé plus de vingt, réussissant à chaque fois à se faire remarquer de plusieurs centaines de personnes. “C’est une bonne méthode ça prouve qu’il est proche du peuple et aussi qu’il a du cran de descendre dans la rue et prendre un micro comme ça pour faire entendre sa voix!“, témoigne une Vincennoise sous le charme de ce happening.
4e La permanence mobile
Autre moyen original de se rapprocher des habitants, ouvrir une permanence mobile en se déplaçant d’un quartier à l’autre avec une camionnette à ses couleurs et une équipe de tractage, plutôt qu’un onéreux bureau en centre-ville, seulement fréquenté par les militants convaincus. Député UMP sortant de la 7e, Richard Dell’Agnola, maire de Thiais, en est déjà à sa cinquième campagne avec cet équipage. “Cette initiative me permet d’être plus visible pour les habitants et de créer une relation de proximité. Je suis toujours bien accueilli même si je rencontre souvent des électeurs qui ne partagent pas mes convictions politiques. Le dialogue se créée et s’installe, et c’est cela le plus important : montrer aux habitants que le débat démocratique est essentiel à la vie de la circonscription”. La permanence mobile marque l’arrêt dans les supérettes, les marchés ou encore aux alentours des services publics.
Lieux publics
5° Les visites d’associations
Le tour des associations constitue aussi une figure imposée du parcours de campagne, la difficulté de l’exercice étant de tomber le moins possible comme un cheveu sur la soupe, en donnant l’impression de s’intéresser pour la première fois à des bénévoles qui s’échinent depuis des années, à quelques jours d’une élection.
6e Les visites de ministres
L’encouragement d’un candidat par un ministre a le mérite de faire venir du monde ainsi que la presse, mais seul un camp politique peut s’en prévaloir. Dans cette double campagne de 2012, l’équilibre a toutefois été respecté. Après que plusieurs ministres de l’ancienne majorité se soient déplacés durant la campagne présidentielle, de Xavier Bertrand à François Baroin en passant par le premier ministre François Fillon, ce-sont ceux de la nouvelle majorité qui ont fait le voyage pour les législatives. Vincent Peillon, nouveau ministre de l’Education nationale, est ainsi venu avec Jean-Pierre Chevénement apporter son soutien à Jean-Luc Laurent, futur député MRC de la 10e, tandis que Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la famille a fait du porte à porte avec Caroline Adomo, candidate socialiste de la 5e. Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, est ensuite venu encourager tous les candidats de gauche de second tour.
7° Les meetings politiques
Les réunions publiques de soutien à un candidat se sont multipliées ces dernières semaines, au public plus ou moins nombreux. Si certains candidats des grands partis ont réussi à faire venir des militants par centaines, parfois transportés directement par car, beaucoup ont eu du mal à dépasser la quinzaine. La principale difficulté étant de faire venir des gens au-delà de son propre cercle de convaincus. «C’est très difficile de mobiliser, personne n’est venu en dehors de nos propres amis», confie un candidat du 1er tour qui a organisé réunion sur réunion. A défaut de recruter de nouveaux adeptes, les candidats expliquent, démontrent, répondent aux questions et confortent leurs propres militants dans leur argumentation afin que ces derniers soient mieux armés et plus motivés pour faire passer les messages autour d’eux. Certaines réunions se veulent du reste davantage des ateliers de réflexion comme les ateliers citoyens thématiques organisés par les candidats EELV.
8°Les débats contradictoires
Plusieurs débats contradictoires locaux se sont tenus à l’occasion de ces deux campagnes électorales. Outre le Forum politique nogentais, association locale non partisane qui met en contradiction les candidats à chaque élection depuis 2002, d’autres acteurs ont organisé le débat, comme la Fédération des associations familiales catholiques ou encore l’un des conseillers municipaux MoDem de Créteil, à l’occasion de la présidentielle. Lors des législatives, Henri Plagnol, candidat UMP de la 1e, a accepté de débattre avec le concurrent PS Akli Mellouli sur la radio BFM tandis que Dominique Adenot (Front de Gauche) a donné la réplique à Gilles Carrez (UMP) dans la 5e, à leur propre initiative.
La campagne chez l’habitant
9° Porte à porte
Fastidieux et fatiguant, le porte à porte a été particulièrement utilisé par le PS pendant toute cette double campagne. Organisé au niveau national avec reporting sur Internet, le porte à porte a été mené de manière systématique dans les cités concentrant à la fois le plus fort taux d’abstentionnistes et de votes à gauche. «C’est l’action la plus efficace. Les bureaux de vote autour des quels nous avons fait du porte à porte ont connu un meilleur taux de participation», indique Simone Abraham Tisse, candidate PS dans la 4e. La méthode était bien rodée, avec des binômes se répartissant dans les plus grandes tours étages pairs et impairs et une entrée en matière directe. “Vous avez choisi de faire confiance à François Hollande. Pour lui permettre d’appliquer sa politique, il faut lui donner une large majorité à l’Assemblée nationale”. Toutes les portes ne s’ouvrent pas et lorsque les visages se montrent sur le perron, beaucoup indiquent ne pas avoir le droit de vote. Certains revendiquent aussi leur abstentionnisme, comme ce Bryard, un brin incrédule de voir la ministre de la famille, Dominique Bertinotti, sur son palier. “Je n’irais pas voter, même si je suis surpris qu’une ministre se déplace jusqu’à chez moi”. Parfois, le dialogue s’engage toutefois, avec des mots d’encouragement, quelques-uns se risquent même à la contradiction, témoignant de leur scepticisme vis-à-vis des deux principaux partis. Pour les militants, cette opération terrain force aussi le regard sur ces cages d’escalier en mal de rafraîchissement.
Discret mais efficace
10° Réunions d’appartement
Les réunions d’appartement ne sont pas médiatisées mais permettent aux candidats de convaincre en petit comité des personnes d’influence, qui pourront à leur tour convertir d’autres citoyens.
11° Le boîtage
Rien de désagréable que ces longues tournées en ville pour boiter les tracts, pour ceux qui aiment la marche à pied, à condition de ne pas tomber sur des chiens trop féroces. Le principal problème : les portes d’immeuble à digicode derrière lesquelles se cachent les boîtes aux lettres.
Sur la toile
12° Internet et les réseaux sociaux
La présence sur Internet est désormais obligatoire et plutôt bien intégrée par les candidats. 19 candidats sur les 20 qui restent en lice au second tour des élections législatives dans le Val de Marne ont au moins une page Internet de campagne ou une page Facebook. Et 5 ont même un compte Twitter. L’usage intensif des réseaux sociaux reste toutefois inégalement utilisé entre ceux qui bombardent d’invitations Facebook pour inviter à leurs différentes réunions publiques, lesquelles sont ensuite twittées en temps réel, et ceux qui se contentent d’une page institutionnelle par obligation. Voir tableau détaillé de la présence virtuelle de chacun des 20 candidats.
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