Roms | | 16/05/2012
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Les Roms de l’Echat se préparent à plier bagages

Les Roms de l’Echat se préparent à plier bagages

Dans l’expectative d’une expulsion, la quarantaine de Roms installés du côté de Créteil l’Echat, près de l’A86, espère un nouveau sursis, aidée par l’avocat Jérôme Karsenti, qui défend également les Roms de Sucy-en-Brie. Leur histoire est à la fois singulière et semblable à celle des autres Roms installés ici et là dans le département. Témoignage.

«Ma famille est arrivée en plusieurs fois. Mon père est parti de notre village qui se trouve à quelques kilomètres de Timisoara, depuis maintenant 20 ans. Mes frères et moi avons suivi après. Ensuite nous avons eu des enfants. Mon père a tenté d’obtenir des papiers. Il est allé au tribunal mais sa demande n’a pas eu de réponse positive», raconte Christi, 24 ans, père de deux enfants.

Christi à gauche avec son père à droite de la photo

L’école gratuite

L’école gratuite française est l’une de leurs motivations pour rester ici. Sur les 43 personnes qui ont élu domiciles dans ce terrain désaffecté, les 6 enfants (de 4 à 9 ans) vont à l’école. 5 frères y sont issus de la même famille. «En Roumanie, les études sont payantes. Nous sommes là pour donner la chance à nos enfants d’aller à l’école. Bien sûr que les enfants sentent le décalage avec leurs camarades qui vivent dans des appartements, mais ils savent aussi qu’ils n’ont pas le choix. Mon petit frère qui est au lycée Victor Hugo est premier de la classe alors que cela ne fait que 2 ans qu’il est en France. Il veut être avocat. Je ne sais pas s’il pourra y arriver, je l’espère.»

A Maria et Cassandra, 10 et 11 ans, qui ont quitté leur pays il y a seulement un an, la Roumanie manque, même si elles disent aussi aimer la France. Mona, 38 ans semble perdue. Elle est arrivée en France il y a deux semaines, ne connait que quelques mots de Français et n’a pas de travail. Marish, 60 ans,  en a marre: “C’est la vie qui m’a vieillie prématurément. J’ai quitté la Roumanie il y a dix ans, parce que c’était la crise. Regardez où nous vivons… Est-ce-que vous trouvez ces conditions décentes ? J’ai passé ma vie à faire la manche et j’ai enchainé des dizaines de camps… Je me sens fatiguée de cette vie d’errance!”

 

 

Cela fait plus d’un an que la famille s’est installée là. Avant, ils étaient près du carrefour de Créteil, dans la zone industrielle. En octobre, ils ont déjà reçu un avis d’expulsion mais il a été ajourné. Ils n’ont reçu un nouvel avis que ce mardi 15 mai.  «Au tribunal, il y a un homme qui a dit qu’il nous voyait sauter du mur pour aller à l’entrepôt qui est à côté. Ça m’a fait rire. Nous ne sommes pas des Ninjas !  Oui, il y a des gens qui font la manche, mais on fait ce qu’on peut. Vu qu’on n’a pas de papiers, il faut travailler au noir. La plupart des hommes travaillent à la ferraille, quelques uns sont musiciens de rue. Les femmes font parfois le ménage chez des gens, parfois la manche. Il y a deux semaines, quatre d’entre elles  sont reparties en Roumanie, elles mendiaient souvent avec leurs enfants. On n’aime pas ça mais c’est comme ça», reprend Christi.

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