Amené à comparaître mercredi 26 septembre devant le Tribunal des affaires sociales (TASS) de Créteil pour avoir refusé le principe des ordonnances bizones (qui obligent à distinguer les médicaments remboursés à 100 % dans le cadre d’affections de longue durée (ALD) de ceux prescrits pour une maladie passagère), le docteur Didier Poupardin est venu défendre sa vision du métier à l’occasion d’une conférence de presse organisée par la sénatrice du Val de Marne Laurence Cohen (Front de Gauche), en présence de son comité de soutien.
Pour ce médecin généraliste qui a exercé durant trente ans à Vitry sur Seine, les pathologies ne peuvent être segmentées et influent forcément l’une sur l’autre. Le patient ne peut être découpé en maux. Le docteur rappelle aussi le niveau de vie de ses patients “des roms, des sans-papiers…des gens qui de toute façon n’auraient pas pu payer et n’auraient pas été soignés.”
La CPAM94, elle, a évalué le préjudice 2612 euros, additionnés de 2000 euros de frais de justice. Après un début de procès en 2009, le TASS a réclamé une nouvelle expertise médicale pour préciser ce qui devait être imparti aux ALD ou non, et calculer le manque à gagner. Une nouvelle expertise qui va, selon le comité de soutien du médecin, dans le sens de la CPAM94, proposant même de créer une troisième zone de répartition des médicaments.
Plaidant la cause d’un accès aux soins pour tous, le docteur Poupardin est soutenu par de nombreux confrères qui pratiquent les mêmes méthodes (un autre médecin est du reste actuellement dans le même situation, pour un même montant, à Douarnenez). Parmi les soutiens au médecin, le COMEGAS (Comité des médecins généralistes pour l’accès aux soins) et le SMG (Syndicat de la Médecine Générale) militent pour mettre fin à l’ordonnancier bizone mis en place en 1987, au motif que cela pénalise exclusivement les populations les plus exposées aux inégalités de santé, celles qui ne peuvent pas souscrire à une assurance complémentaire. Ces derniers pointent aussi le fait que les sanctions concernent essentiellement les médecins généralistes alors que les médecins hospitaliers ne respectent, eux non plus, quasiment jamais cet ordonnancier bizone.
Au-delà des médecins, élus, partis politiques de gauche, associations et patients ont décidé de venir au chevet de ce médecin des pauvres, reconnaissable entre tous avec sa barbe blanche de patriarche. Son comité de soutien a même envoyé un courrier à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pour lui faire part de la situation. “Juger le docteur Poupardin, c’est juger le serment d’Hippocrate. Nous sommes censés apporter des soins à tous ceux qui en ont besoin“, s’indigne Bernadette Ebode Ondobo, conseillère municipale socialiste à Vitry, qui connaît le médecin depuis vingt ans.
Une mobilisation est prévue mercredi 26 septembre à 12h30 devant le tribunal de Créteil, quelques minutes avant l’audience.
Claude Bernard : « Le physiologiste et le médecin ne doivent donc jamais oublier que l’être vivant forme un organisme et une individualité….. Le physiologiste, se trouvant au contraire placé en dehors de l’organisme animal dont il voit l’ensemble, doit tenir compte de l’harmonie de cet ensemble en même temps qu’il cherche à pénétrer dans son intérieur pour comprendre le mécanisme de chacune de ses parties. …. Il faut donc bien savoir que, si l’on décompose l’organisme vivant en isolant ses diverses parties, ce n’est que pour la facilité de l’analyse expérimentale, et non point pour les concevoir séparément. En effet, quand on veut donner à une propriété physiologique sa valeur et sa véritable signification, il faut toujours la rapporter à l’ensemble et ne tirer de conclusion définitive que rela¬tivement à ses effets dans cet ensemble. C’est sans doute pour avoir senti cette solidarité nécessaire de toutes les parties d’un organisme, que Cuvier a dit que l’expérimentation n’était pas applicable aux êtres vivants, parce qu’elle séparait des parties organisées qui devaient rester réunies….. Ces vues, qui ont un côté juste, sont néanmoins restées fausses dans leurs conclusions générales et elles ont nui considérablement à l’avancement de la science. Il est juste de dire, sans doute, que les parties constituantes de l’organisme sont inséparables physiologique¬ment les unes des autres, et que toutes concourent à un résultat vital commun.
L’attitude de mon confrère POUPARDIN me semble des plus saines. L’Assurance Maladie montre, ici, une fois de plus, son visage insupportable, même si elle est soutenue par le TASS. L’Assurance Maladie, et encore moins les juges, n’ont pas, ni à exercer la médecine, ni la pharmacie. Comment discerner dans 100 % des cas si des médicaments A ou B doivent être prescrits, dans une ordonnance bizone, en bas ou en haut de l’ordonnance ? La plupart des médecins, et les généralistes le savent mieux que les autres médecins, considèrent que l’organisme est un tout indissociable, que la maladie n’est pas l’atteinte d’un seul organe celui qui semble touché mais la manifestation, plus sur un organe que sur les autres, d’une lutte de l’organisme en entier contre une atteinte pathogène. Faire autrement saucissonnerait le corps en ses parties comme s’ils étaient sans rapports entr’eux, tout au contraire de la réalité. Faire autrement, ce serait comme lire un tome d’une encyclopédie sans connaître le contenu des autres. Peu de médecins osent abandonner la prescription bi zonage qui leur est imposée par la force de la LOI. Mais il faut se battre. Le Président de la République parlait, dans l’une de ses allocutions, de la “force injuste de la loi”. Tous les praticiens admettent, avec Claude BERNARD, mais de même en leur for intérieur, qu’il est malsain de découper le corps malade en parties saines et malades et que cela peut conduire à l’aggravation de l’affection. Exemple ? Une angine mal soignée peut, par une néphropathie glomérulaire, aggraver la nephroangiosclérose d’un diabète classé en ALD.
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