Alors que l’avocat général a requis hier dix à douze ans de prison pour Antonio Ferrara, ses avocats ont dénoncé ce matin devant la cour d’assises de Paris une enquête bâclée et des charges selon eux insuffisantes pour condamner leur client pour le braquage du bureau de poste de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) le 28 juillet 1999.
“Les charges qui pèsent sur lui ne permettent pas d’entrer en voie de condamnation et ce doute doit lui profiter“, a martelé Me Lionel Moroni, avant de critiquer l’enquête: “pas d’album photo, pas de reconstitution, pas d’analyse balistique: l’instruction a été néant“.
Dans la foulée, Me Eric Dupond-Moretti a attaqué “une méthodologie policière invraisemblable“, avant de pilonner une à une les charges soulevées par l’accusation: la téléphonie, la reconnaissance d’Antonio Ferrara par deux policiers sept ans après les faits et la présence de son ADN sur un gant de moto retrouvé dans l’une des voitures ayant servi à la course-poursuite.
L’ADN, “avant, tout le monde s’inclinait, c’était la reine des preuves”, a plaidé Me Dupond-Moretti en s’attaquant à la charge la plus gênante. Mais “on ne peut pas dire quand cet ADN a été laissé sur le gant”, peut-être l’a-t-il prêté à un ami braqueur… Car a-t-il rappelé, “dans sa vie, Antonio Ferrara n’a pas fréquenté que des archevêques et des avocats généraux, il a fréquenté des gens qui avaient le même profil que lui.”
“Vous savez, c’est pas extraordinaire d’acquitter Ferrara dans un dossier comme celui-là“, a-t-il rassuré les jurés.
“Ce n’est pas une faveur que je vous demande“, mais “c‘est pour moi la moindre des choses, une évidence absolue“, car “ce dossier, c’est des reconnaissances qui ne valent rien, un ADN qui n’est pas daté et une téléphonie qui n’a pas été exploitée“.
“Bien sûr, vous pouvez vous dire, il y a quand même 80 chances sur 100 que ce soit lui: au café du commerce, vous avez le droit de faire ça, mais pas ici! (…) C’est dans votre serment: le doute profite à l’accusé et ce serment il vous engage.”
Verdict attendu dans la soirée.
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