Quel est l’état de la santé et de l’organisation des soins en Ile de France ? Comment l’améliorer ? Tel est l’objet du Projet régional de santé d’Ile de France, concocté par l’ARS (Agence régionale de santé). Une somme de plusieurs milliers de pages qui analysent, synthétisent, préconisent, optimisent, planifient… et qui fait depuis sa publication début octobre l’objet d’une consultation auprès des collectivités territoriales de la région avant son approbation définitive fin 2012.
Dédié à la région parisienne, le PRS de l’Ile de France doit composer avec ses spécificités. Comme l’ensemble de la France, ce territoire de 12 millions d’habitants connaît à la fois un vieillissement de la population (des patients… et des soignants qui peinent à être remplacés) et une croissance maladies chroniques comme le cancer, le diabète ou les maladies cardio-vasculaires. La région se distingue par sa population globalement plus jeune et plus riche, mais aussi par une proportion plus importante de porteurs de certaines maladies comme le VIH ou la tuberculose. Elle est aussi traversée d’inégalités profondes, à la fois entre l’Est et l’Ouest (les trois départements de l’Est parisien, le Val de Marne, la Seine Saint Denis et la Seine et Marne ont par exemple un taux plus important de cancer), et entre le centre et la périphérie.
Prévention : vaccination, dépistage
Pour améliorer l’organisation de la santé dans la région, le PRS préconise tout d’abord de mettre davantage l’accent sur la prévention, soulignant que les dépenses en la matière ne représentent actuellement qu’1% du budget de la santé en Ile de France. Le PRS programme notamment de développer la vaccination (tuberculose, rougeole), d’améliorer le dépistage organisé du cancer du sein et du côlon, ainsi que du VIH, et souhaite travailler au repérage des troubles susceptibles de constituer un handicap dès la petite enfance.
Inciter les jeunes à s’installer dans les banlieues en carence
Pour rééquilibrer l’offre de soin sur l’ensemble de la région, le PRS veut aider matériellement l’aide à l’installation de professionnels libéraux sur les territoires en carence, en proposant par exemple des Contrats d’Engagement de Service Public (CESP) à internes en médecine pour les fidéliser dans des spécialités et des lieux, et développer des centres de santé afin d’éviter que le seul exutoire ne soit les urgences.
Rationaliser, mutualiser, décloisonner
Concernant les soins très spécifiques et nécessitant d’importants plateaux techniques, le PRS préconise en revanche de poursuivre la rationalisation des services hospitaliers en privilégiant la taille critique et le volume d’activité.
En termes d’organisation, le PRS insiste également sur la coopération et le décloisonnement entre les différents acteurs de la santé.
1 plan stratégique, 3 schémas, 4 programmes
Ce projet fait suite au Plan stratégique régional de santé (PSRS) arrêté par l’ARS Ile-de-France en octobre 2011. Il est concrètement composé d’un plan stratégique, de trois schémas opérationnels pour organiser la prévention, l’offre de soins (médecine de ville, hôpitaux…) et l’offre médico-sociale (maisons de retraite, établissements pour handicapés, hébergement pour personnes fragiles…), et de quatre programmes thématiques (l’accès à la santé pour les plus démunis, la télémédecine, la gestion du risque et la perte d’autonomie).
Des réactions réservées de la part des collectivités
Actuellement en phase de consultation par les collectivités territoriales de la région, ce projet régional de santé suscite des réserves, ces dernières reprochant principalement un manque de concertation dans son élaboration et une prise en compte insuffisante de leur rôle dans la politique de santé du territoire. Dans le Val de Marne, le Conseil général a ainsi décidé lors de sa commission permanente du 12 novembre de ne pas donner d’avis favorable au projet, motivant sa position d’une quinzaine de points, et ne cachant pas à demi-mots son inquiétude concernant le devenir du service de chirurgie cardiaque d’Henri Mondor (Voir article détaillé). De son côté, le Conseil de Paris a émis le même jour un avis réservé. «Le PRS est pris dans une triple problématique : une situation fortement contrainte au niveau national avec la crise de la démographie médicale et des finances restreintes, une conception de la santé dépendante de la loi HPST (Hôpital Patient Santé Territoire) et la volonté de réduire les inégalités territoriales, le tout avant la fin de l’année. Au lieu de partir des problèmes des territoires, comme ils avaient été évoqués lors des Assises régionales et départementales de la santé, le projet consiste donc surtout en propositions d’ordre bureaucratique, faîtes par des experts qui raisonnent en experts», regrette Fabien Cohen, responsable de la coordination Mondor.
Décision fin 2012
A l’issue de la phase de consultation actuellement engagée, la CRSA (Conférence régionale de santé et de l’autonomie), une instance de concertation qui comprend une centaine de membres regroupant à la fois des représentants d’usagers, de collectivités locales, de partenaires sociaux, de santé…) se réunira le 13 décembre pour transmettre son avis à l’ARS. Il reviendra ensuite à l’agence, dirigée par Claude Evin, d’acter du projet.
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