Environnement | | 20/06/2012
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Usine de bitume : y-a-t-il de la fumée sans feu ?

Usine de bitume : y-a-t-il de la fumée sans feu ?

La mobilisation contre l’usine Eiffage de bitume du port de Bonneuil (Val-de-Marne) est entrée dans sa phase juridique. Deux premières audiences en référé, suscitées contre l’arrêté préfectoral d’autorisation d’exploiter de l’usine, à la fois par la ville de Saint Maur et un collectif de riverains mécontents, se sont tenues mercredi 13 et mardi 19 juin au Tribunal administratif de Melun, qui devraient donner lieu à de premières décisions de justice début juillet, en attendant un jugement sur le fond. Lors de l’audience d’hier, 

Maître Steve Hercé, avocat du groupe de BTP, a expliqué qu’Eiffage avait recouru à un générateur de fumée pour simuler l’activité de l’usine, ce qui a suscité quelques faux témoignages de la part des riverains. Une pratique dénoncée par les requérants membres du collectif. “Faut-il qu’Eiffage se sente acculé pour tenter de piéger les riverains qui subissent presque quotidiennement les nuisances de son usine et invalider ainsi quelques uns de leurs témoignages ? La centaine de requérants dénonce l’utilisation de cette supercherie grossière et espère qu’elle n’aura aucune prise au regard de la très grande majorité des attestations de nuisances concordantes avec l’activité de l’usine et que celle-ci se retournera contre ce groupe industriel sans scrupule ! Que représentent en effet deux témoignages contestables ainsi suscités quand le Préfet du Val-de-Marne dénombrait déjà 64 attestations concordantes au 31 mai dernier ? Eiffage est prêt à tout pour faire passer les nuisances réellement subies pour des hallucinations collectives!”, s’est indignée réaction le collectif de requérants dans un communiqué publié hier soir.

Petit rappel du conflit

La mise en service par la société Eiffage Travaux Public d’une usine de bitume et gravillons  inquiète les habitants en raison notamment du carburant qui sera utilisé dans la fabrication des asphaltes et du bitume  : la lignite, un charbon particulièrement polluant qui libère 3,25 tCO2/Tonne équivalent charbon contre 1,50 tCO2/TEC pour le gaz. La lignite libère également des poussières,  du NO2 (dioxyde d’Azote) et du SO2 (dioxyde de soufre), à l’origine de pluies acides. L’usine a été rangée dans la catégorie des ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement) qui l’oblige à disposer d’une autorisation préfectorale pour fonctionner. C’est cette autorisation préfectorale, obtenue le 27 juin 2011, qui a été attaquée en justice (le recours juridique devant se faire dans l’année, donc avant le 27 juin 2012).

Concrètement, les habitants des villes voisines de l’usine (Saint Maur, Bonneuil, Sucy…) s’inquiètent de la proximité de l’usine avec les habitations (1000 habitants à 500 mètres et 10 000 à 1 km) et les écoles ( l’école primaire des Noyers à Sucy en Brie  se trouve à 700 m).

Au-delà de la pollution de l’air, les inquiétudes visent également le bruit lié au concassage des produits, et l’éventuelle dévaluation des biens immobiliers situés dans le périmètre de l’usine.

De leur côté, les défenseurs de l’usine (Eiffage, préfecture) rappellent que toutes les normes ont été respectées pour disposer de l’arrêté préfectoral et qu’il n’y a donc pas de raison de le remettre en question. Ils défendent également l’intérêt économique du projet.

Volet juridique

Après une pétition qui a recueilli plus de 5000 signatures au niveau local et près de 8000 au niveau national, ainsi qu’une manifestation qui a attiré 500 personnes début juin, les hostilités sont passées sur le terrain juridique. Deux actions sont en cours, pour demander l’annulation de l’arrêté préfectoral permettant à l’usine de fonctionner. Ces actions sont constituées d’une demande sur le fond qui sera examinée dans plusieurs moins, assorties chaque fois d’une demande en référé (le référé vise à suspendre l’autorisation en attendant le jugement de fond et doit être motivé par une urgence à agir de la part des requérants). La première action a été entamée par la ville de Saint Maur des Fossés, la seconde par un collectif de riverains. Suite aux audiences en référé qui se sont tenues les 13 et 19 juin, la décision ou non de suspendre l’autorisation de fonctionnement de l’usine en attendant le jugement sur le fond devrait être connue d’ici le début du mois de juillet.

A lire

Voir les derniers articles sur ce sujet sur 94 Citoyens.
Voir aussi le site du collectif T’Air Eau qui milite contre le projet
Voir aussi le site de la mairie de Saint Maur des Fossés sur ce sujet
Voir les articles sur ce sujet parus sur les sites d’élus municipaux de Saint-Maur :
JF Le HellocoSylvain Berriosle MoDem Saint Maurles Verts Saint Maur.
Et aussi les articles sur Saint-Maur blog.

 

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