La mobilisation contre l’usine Eiffage de bitume du port de Bonneuil (Val-de-Marne) est entrée dans sa phase juridique. Deux premières audiences en référé, suscitées contre l’arrêté préfectoral d’autorisation d’exploiter de l’usine, à la fois par la ville de Saint Maur et un collectif de riverains mécontents, se sont tenues mercredi 13 et mardi 19 juin au Tribunal administratif de Melun, qui devraient donner lieu à de premières décisions de justice début juillet, en attendant un jugement sur le fond. Lors de l’audience d’hier,
Maître Steve Hercé, avocat du groupe de BTP, a expliqué qu’Eiffage avait recouru à un générateur de fumée pour simuler l’activité de l’usine, ce qui a suscité quelques faux témoignages de la part des riverains. Une pratique dénoncée par les requérants membres du collectif. “Faut-il qu’Eiffage se sente acculé pour tenter de piéger les riverains qui subissent presque quotidiennement les nuisances de son usine et invalider ainsi quelques uns de leurs témoignages ? La centaine de requérants dénonce l’utilisation de cette supercherie grossière et espère qu’elle n’aura aucune prise au regard de la très grande majorité des attestations de nuisances concordantes avec l’activité de l’usine et que celle-ci se retournera contre ce groupe industriel sans scrupule ! Que représentent en effet deux témoignages contestables ainsi suscités quand le Préfet du Val-de-Marne dénombrait déjà 64 attestations concordantes au 31 mai dernier ? Eiffage est prêt à tout pour faire passer les nuisances réellement subies pour des hallucinations collectives!”, s’est indignée réaction le collectif de requérants dans un communiqué publié hier soir.
Petit rappel du conflit
La mise en service par la société Eiffage Travaux Public d’une usine de bitume et gravillons inquiète les habitants en raison notamment du carburant qui sera utilisé dans la fabrication des asphaltes et du bitume : la lignite, un charbon particulièrement polluant qui libère 3,25 tCO2/Tonne équivalent charbon contre 1,50 tCO2/TEC pour le gaz. La lignite libère également des poussières, du NO2 (dioxyde d’Azote) et du SO2 (dioxyde de soufre), à l’origine de pluies acides. L’usine a été rangée dans la catégorie des ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement) qui l’oblige à disposer d’une autorisation préfectorale pour fonctionner. C’est cette autorisation préfectorale, obtenue le 27 juin 2011, qui a été attaquée en justice (le recours juridique devant se faire dans l’année, donc avant le 27 juin 2012).
Concrètement, les habitants des villes voisines de l’usine (Saint Maur, Bonneuil, Sucy…) s’inquiètent de la proximité de l’usine avec les habitations (1000 habitants à 500 mètres et 10 000 à 1 km) et les écoles ( l’école primaire des Noyers à Sucy en Brie se trouve à 700 m).
Au-delà de la pollution de l’air, les inquiétudes visent également le bruit lié au concassage des produits, et l’éventuelle dévaluation des biens immobiliers situés dans le périmètre de l’usine.
De leur côté, les défenseurs de l’usine (Eiffage, préfecture) rappellent que toutes les normes ont été respectées pour disposer de l’arrêté préfectoral et qu’il n’y a donc pas de raison de le remettre en question. Ils défendent également l’intérêt économique du projet.
Volet juridique
Après une pétition qui a recueilli plus de 5000 signatures au niveau local et près de 8000 au niveau national, ainsi qu’une manifestation qui a attiré 500 personnes début juin, les hostilités sont passées sur le terrain juridique. Deux actions sont en cours, pour demander l’annulation de l’arrêté préfectoral permettant à l’usine de fonctionner. Ces actions sont constituées d’une demande sur le fond qui sera examinée dans plusieurs moins, assorties chaque fois d’une demande en référé (le référé vise à suspendre l’autorisation en attendant le jugement de fond et doit être motivé par une urgence à agir de la part des requérants). La première action a été entamée par la ville de Saint Maur des Fossés, la seconde par un collectif de riverains. Suite aux audiences en référé qui se sont tenues les 13 et 19 juin, la décision ou non de suspendre l’autorisation de fonctionnement de l’usine en attendant le jugement sur le fond devrait être connue d’ici le début du mois de juillet.
A lire
Voir les derniers articles sur ce sujet sur 94 Citoyens.
Voir aussi le site du collectif T’Air Eau qui milite contre le projet
Voir aussi le site de la mairie de Saint Maur des Fossés sur ce sujet
Voir les articles sur ce sujet parus sur les sites d’élus municipaux de Saint-Maur :
JF Le Helloco, Sylvain Berrios, le MoDem Saint Maur, les Verts Saint Maur.
Et aussi les articles sur Saint-Maur blog.
Je confirme, j’habite bonneuil-sur-Marne, et une odeur d’oeuf pourri se fait sentir dès le matin, ça brule le nez!
Il n’y à pas d’hallucinations comme pas plus de simulation, c’est bon de voir ces messieurs les industriels remuer terre et ciel….pour garder la face ! l’arnac est dénoncée citoyens à nous de jouer, la mobilisation va continuer, a st Maur nous ne sommes pas près à laisser tomber!!
Non nous ne sommes pas victimes d’hallucinations collectives!
L’usine Eiffage envoie malheureusement des fumées nauséabondes que l’on peut sentir dans Saint-Maur , ville ou je réside depuis 39 ans! Jamais je n’ai ressenti de telles odeurs avant qu’elle ne se soit implantée. Ils mentent et n’ont pas honte d’être nuisible aux riverains tant qu’ils font encore plus de profit. Il ne faut pas baisser les bras, nous ne pouvons tolérer qu’on nuise à notre santé , je suis écœurée par tant de mauvaise foie!
Nous habitons Saint Maur depuis 1971, le quartier des Mûriers.Depuis 2003 les Bords de Marne. Jamais, il n’y a eu pareille odeur. Sauf depuis qu’Eiffage a implanté son usine de bitume.Le Préfet et Eiffage peuvent bien dire ce qu’ils veulent, c’est bien cette usine Eiffage qui nous empeste et nous rend malades. Nous ne sommes pas tous atteints d’hallucinations, y compris la Police !
J’offre une chambre aux premières loges au Préfet, pour qu’il puisse constater par lui-même. Surtout quand le vent dirige la fumée sur St Maur, et que Eiffage n’a pas été prévenu bien sur! Car ils jouent au chat et à la souris !Nous ne sommes pas dupes. Il faut savoir admettre les erreurs que l’on commet, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. On ne peut pas laisser une population de plus de 50000 habitants avec de telles nuisances. Nous nous bâterons jusqu’au bout. Notre santé et celle de nos enfants n’ont pas de prix.
Bonjour,
merci pour cet article.
Nous sommes stupéfaits de la réaction de la préfecture et d’Eiffage. Stratagème, procédures juridiques, mais où sommes nous là? Un groupe de cet ampleur pensait il, en s’implantant dans un bassin d’habitation aussi dense, que nous allions nous laisser faire devant une telle menace: sanitaire, environnementale, économique? A titre personnel, je ne fais partie d’aucun parti politique au autre structure. Je suis simplement un riverain qui ne vous permettra pas de détruire ni ma santé, ni celle de mes enfants, ni la qualité de notre environnement quotidien. Croyez moi si vous lisez, nous ne laisserons pas tomber!
Cordialement, NGU
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.