Emploi | | 31/10/2013
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200 des 320 salariés Européenne Food sur le carreau : comment en est-on arrivé là ?

200 des 320 salariés Européenne Food sur le carreau : comment en est-on arrivé là ?

Europeenne FoodC’est fini pour la centrale de logistique alimentaire Européenne Food sise à Villeneuve-Saint-Georges et qui employait 300 personnes dont la moitié dans le Val-de-Marne. Alors que la société, créée en 1980, était en redressement judiciaire, le Tribunal de Commerce a tranché ce mercredi 30 octobre en faveur de la solution la moins pire pour l’emploi, celle de la reprise par Pomona, un autre groupe de logistique alimentaire qui emploie près de 9000 personnes dans toute la France.

Concrètement, Pomona propose de reprendre 54 personnes qui resteront sur le site de Villeneuve-Saint-Georges et de reclasser au sein des autres sites Pomona 52 autres personnes. “Voilà qui ne vas pas résoudre les problèmes de chômage local alors que l’agence pôle Emploi de Villeneuve-Saint-Georges et Valenton a déjà vu le nombre de demandeurs d’emploi progresser de 16% sur l’année!“, regrette Serge Vinet, secrétaire général CGT du bassin villeneuvois.

Comment en est-on arrivé là ?

Pour l’instant, des suspicions de malversations pèsent quant à la gestion de l’entreprise ces dernières années et une procédure judiciaire pénale est en cours. Environ 25 millions d’euros de factures frauduleuses, avec par exemple des bons de commande de camions entiers de boissons au nom d’employés de l’entreprise, seraient à l’étude, selon les sources syndicales.

L’entreprise, créée par Jean Fouquet au début des années 1980, avait pourtant fait un beau parcours. Au début des années 2000, le groupe avait racheté six sites en province pour se positionner au niveau national, tout en diversifiant ses activités, souhaitant ne plus être un simple logisticien mais développer un service à valeur ajoutée plus stratégique auprès de ses clients (distribution automatique, grossistes, chaînes de restauration, bars, cinémas…). De 2002 à 2011, le chiffre d’affaires passe ainsi de 133 millions d’euros  à 238 millions d’euros. En avril 2011, le groupe passe sous le contrôle majoritaire d’un fonds d’investissement TCR Capital, et de deux autres investisseurs, IDIA et de Synergie Finance, à l’occasion d’une nouvelle opération de LBO (Leverage Buyout), un montage financier qui repose en partie sur l’endettement. (Voir le communiqué publié à l’époque de ce LBO et l’interview du directeur général quelques mois après). Objectif : consolider et poursuivre la croissance de l’entreprise et sa diversification.

Mais en 2012, la situation se dégrade. A l’été 2013, les actionnaires remercient l’équipe de direction qu’ils avaient mise en place et installent un manager de transition pour tenter de redresser la situation. Trop tard. Crise économique ? Faute de gestion ? Malversations ? Les causes de cette fin désastreuse pour l’emploi, avec plus de 200 salariés qui vont se retrouver sans travail, restent à élucider. La procédure pénale en cours éclairera peut-être en partie la situation.

Une Scop est-elle possible ?

Serge Vinet, lui, veut croire à la possibilité d’une Scop (société coopérative de production) sur le site val-de-marnais. “Les équipes sont opérationnelles et le matériel est sur place. La situation de l’établissement en bord de Seine permet même d’envisager un transport fluvial. Quant au financement, nous demandons le séquestre et la récupération des 25 millions d’euros qui ont été volés!“, expose le responsable syndical qui dénonce un acte de piraterie industrielle. Une proposition qui pourrait être soumise à Pomona. La discussion avec le repreneur risque toutefois ne ne pas être des plus simples, alors que d’autres conflits sociaux opposent le syndicat et l’entreprise et que les conditions de reclassement des salariés vont également être suivies de très près par le syndicat.

 

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