Quand le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, rendra-t-il ses arbitrages à propos du Grand Paris Express ? Et quel scénario privilégiera-t-il, entre le rapport Auzannet qui prévoit un retard de dix à quinze dans la réalisation du projet, la recherche de nouvelles ressources préconisées par les élus locaux, ou encore la version allégée de Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires ? Précisions.
Nous sommes le quinze février, et c’est à cette date que le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait indiqué début janvier qu’il rendrait ses arbitrages concernant le Grand Paris Express, suite à l’émotion suscitée par le rapport Auzannet remis en décembre et prévoyant une réalisation complète dix à quinze ans plus tard que prévu.
Mobilisation tous azimuts
Depuis le début de l’année, c’est donc de plus belle que le lobbying se poursuit auprès du gouvernement. Les élus locaux demandent chacun leur tour audience aux ministres concernés, Cécile Duflot et Jean-Marc Ayrault. Les villes mobilisent leurs habitants à coup de rassemblements et pétition (trois dans le Val de Marne en deux semaines à Villiers, Villejuif et Vitry) et les parlementaires locaux reviennent à la charge dès qu’ils croisent un ministre. Il faut faire feu de tout bois et l’appartenance à un même parti est aussi bonne à prendre. Ainsi des députés PS ont-ils été reçus par le Premier ministre lundi 11 février (voir l’article du Parisien) tandis que l’association Orbival (association d’élus de tout bord du Val de Marne qui défend la partie départementale du Grand paris express) attend toujours la date de son audience.
Nouvelles pistes de financement
Au-delà de la communication, les élus ont planché à un financement alternatif, s’appuyant moins sur le budget de l’Etat et davantage sur des ressources propres à la région, en partie liées à une augmentation de certaines taxes, afin de sortir de l’arbitrage Paris-province. (Voir le détail de ces pistes de financement alternatif).
Qui doit gouverner : SGP ou STIF ?
Un financement à plus forte composante régionale qui repose la question de la gouvernance. Faut-il continuer à gérer le projet de Grand Paris Express depuis la Société du Grand Paris (Etablissement public dépendant de l’Etat) ou en transférer la maîtrise d’oeuvre au STIF (Syndicat des transports d’Ile de France, qui dépend de la région et s’occupera de toutes façons de l’exploitation du réseau lorsqu’il sera achevé). C’est ce que proposent une vingtaine d’élus PS dans un courrier sur la gouvernance francilienne adressé par le sénateur-maire d’Alfortville, Luc Carvounas, à Jean-Marc Ayrault. (Voir article sur ce sujet)
Quand le Premier ministre rendra-t-il ses arbitrages ?
Lors du conseil des ministres de rentrée de janvier, Jean-Marc Ayrault a annoncé qu’il rendrait ses arbitrages le 15 février. Depuis, il semble plutôt admis que la décision interviendra plutôt après le 28 février, date à laquelle le Conseil d’Etat se sera prononcé sur la possibilité ou non de modifier la loi sur le Grand Paris.
La version allégée de Cécile Duflot
Lors d’un point presse informel ce jeudi 14 février, l’entourage de Cécile Duflot a porté à connaissance les grandes lignes de la synthèse concoctée par son cabinet, qui permet de diminuer le coût de 30 milliards à 26 milliards d’euros en ne prenant que cinq ans de retard. Comment ? En réduisant la capacité de certains modes de transports, via le passage d’un métro à un tram-train par exemple, et en proposant parfois des alternatives à la création d’un nouveau métro, notamment concernant la ligne orange.
Ligne orange transformée en prolongement de la ligne 11?
Ainsi, la ligne orange, dans son tronçon Rosny-Noisy, pourrait être transformée en prolongement de la ligne de métro 11 qui s’arrête actuellement à Mairie des Lilas mais fait l’objet d’un projet de prolongement jusqu’à Rosny. Voir site dédié à ce prolongement. Mais qu’en sera-t-il alors du tronçon Rosny-Champigny?
Cette version allégée n’est pas encore disponible publiquement, elle devrait être présentée dans les jours qui viennent. Voir les articles sur ce sujet parus dans Les Echos et Métro.
Ras-le-bol des élus
Dans cet imbroglio de propositions, supputations, comptes-rendus d’audience, difficile de savoir exactement à quoi s’en tenir aujourd’hui. De quoi agacer les élus locaux qui multiplient de leur côté les appels solennels à réaliser le projet dans les temps. Dans un communiqué de ce jour, le président du Conseil général du Val de Marne, Christian Favier, exprime sa colère à propos de la tournure insaisissable qu’a pris la concertation. “Chaque jour des rumeurs sur l’état des réflexions des uns et des autres alimentent les discussions de couloir. (…) Il se dit beaucoup de choses sur le sujet : le Premier ministre reçoit les élus socialistes, des élus socialistes lui écrivent sur le devenir de la métropole capitale, des projets farfelus circulent sur le volet francilien du projet de loi sur la décentralisation… Tout cela est bien étroit, ces projets, décisifs pour l’avenir de nos territoires méritent bien mieux que de petits arrangements entre amis…” s’énerve le sénateur Front de gauche, qui s’inquiète aussi du prolongement de la ligne 14 jusqu’à Orly suite à une rumeur “d’abandon pur et simple de la ligne bleue au Sud.”
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